Point de Vue: Demain l’Aménagement du Territoire en Aquitaine- Limousin – Poitou – Charentes


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 08/12/2015 PAR Marc Gastambide

Il y aura en effet de quoi faire : avec ses bientôt, 6 millions d’habitants, la nouvelle grande Région sera l’une des plus attractives car l’une des plus prisée par son art de vivre et par la haute qualification de ses emplois, mais aussi l’une des plus contrastées. Ses territoires ne présentent en effet pas tous les mêmes atouts. La ville reste le pôle visible qui attire par son animation, la campagne, qui abrite souvent des urbains, reste souvent sans assez de dynamisme économique, et Bordeaux, qui fait un peu peur aux autres villes, domine par son poids démographique, économique, universitaire, logistique…, sans compter les centres de recherches et les industries de pointe. Dans ce contexte plus urbain que rural, la campagne se voit peu et si ses aménités sont grandes, elle n’est pas souvent vue comme lieu de développement et d’expansion. Nous voici donc avec un territoire régional aussi vaste qu’un petit pays européen, aux contrastes plus marqués encore que dans la seule Aquitaine. La préoccupation d’aménagement n’en sera que plus forte.

La question se pose déjà dans deux domaines.1°/ Vis-à-vis du rapport rural-urbain, que la métropolisation rend plus difficile, des territoires restent très en retrait, parfois « abandonnés », tels que celui du nord de l’Aquitaine, du Médoc au Fumélois en passant par la Haute Saintonge, le Blayais, la Double et le Bergeracois, ou tels que le Plateau de Millevaches, les Plateaux de la Marche en Creuse, le Nontronnais, le Montmorillonnais, ou encore certaines parties du piémont pyrénéen.

2°/ Vis-à-vis de l’équilibre entre les villes, que la métropolisation rend également plus difficile, les objectifs avancés ci-dessus seraient tout autant pertinents. Les efforts seraient à engager avec la même vigueur en faveur des villes moyennes.

En termes d’aménagement du territoire, l’objectif pourrait être de plusieurs ordres :

  • D’abord au plan de l’organisation sociopolitique, il serait double : d’une part intégrer les territoires ruraux dans les politiques urbaines (avec notamment une représentation démocratique territoriale et pas seulement démographique) et, d’autre part, intégrer les contraintes et les spécificités rurales dans les dispositions réglementaires territoriales.

  • Ensuite, il s’agirait de constituer une ou plusieurs polarités, identifiantes et, à terme, attractives, comme la bande dessinée à Angoulême, la domotique appliquée aux séniors à Guéret, la céramique à Limoges, la sous-traitance aéronautique à Pau. C’est l’objet même des pôles de compétitivité mis en place il y a quelques années et dont la pertinence reste entière. Plus généralement les services de pointes, notamment hospitaliers, et les universités, constituent autant de pôles d’attractivité importants. Cet objectif d’identification sur une compétence, sur un champ d’activité, est une absolue nécessité dans l’équilibre harmonieux des villes.

  • Au-delà de ces éléments identitaires essentiels, un autre facteur de poids dans l’organisation régionale porte sur la mobilité, en particulier entre les villes : il ne s’agit pas de reproduire depuis Bordeaux l’étoile de Legrand construite, avec le chemin de fer puis les autoroutes depuis Paris, mais d’assurer les connexions entre toutes les agglomérations, notamment par un axe de Poitiers-Limoges-Périgueux-Bergerac-Marmande-Mont de Marsan: la « banane verte », face à la « banane bleue » du littoral atlantique… et de Saintes à Limoges pour constituer un barreau supplémentaire nécessaire entre les deux « bananes ».

En termes de développement et de qualité de vie, ces objectifs pourraient se traduire par plusieurs actions :

  • la mise en place de services au public sur les territoires fragiles, urbains, périurbains, ruraux, de haut niveau de qualité et d’accessibilité, avec des pôles multiservices, des agences postales communales, des micro-crèches, des transports à la demande, des maisons pluridisciplinaires de santé…

  • la mise en place d’outils économiques : l’installation des réseaux « Très haut débit » dans toutes les communes, l’ingénierie publique locale en zone de faible concentration démographique, le développement en zones rurales d’exploitations agricoles familiales, respectueuses des contraintes environnementales, intégrées dans le marché local et métropolitain, le soutien public spécifique des exploitations en zone difficile (montagne, piémont), l’encouragement à la création et au développement de TPE, la réhabilitation du patrimoine architectural et la vulgarisation des aménités naturelles, à visée touristique, économique et environnementale (puits de carbone, zones de captage d’eau de la ville)

  • la mise en place de politiques spécifiques du logement avec la maîtrise mutualisée du foncier au niveau intercommunal, la réhabilitation des centres-villes et de centres-bourgs souvent vétustes et abandonnés, et un urbanisme maîtrisé et conforme au contexte local.

Cela dit, l’objectif de mieux harmoniser les conditions de vie et de développement entre les territoires, entre les villes, entre urbain et rural, n’altère en rien l’objectif de développement de Bordeaux : le rayonnement de la métropole profite à toute la région, comme celui de Paris profite au pays. Il n’est pas question de déshabiller Pierre pour habiller Paul, mais de trouver à chacun d’eux le costume qui sied le mieux à sa taille et à ses atouts. En ce sens, la métropole bordelaise doit poursuivre un développement profitable à la grande région, en conscience de l’appui que tous les territoires apportent à ce développement, dans un échange de compétences et de services nécessaires à tous.

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