Poitiers : les élections européennes en débat pour ouvrir la campagne


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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 09/04/2019 PAR Julien PRIVAT

Cela fait quelques semaines qu’ils y travaillent. Les Jeunes Européens de Poitiers et le Mouvement européen de la Vienne ont organisé un débat avec quatre candidats aux élections européennes (Parti communiste français, La République En Marche, Parti Socialiste/Place Publique, Rassemblement National) et un représentant local du parti Génération.s (Roxane Lundy, ancienne présidente du Mouvement des Jeunes Socialistes, quatorzième sur la liste de Benoît Hamon, initialement invitée étant bloquée dans un TGV, près de Tours). Une formule qui change des traditionnels meeting d’avant-élections ou encore des débats télévisés souvent ennuyeux. La soirée est animée par Fabien Cazenave, un journaliste de Ouest France, spécialiste de l’Europe. Ce débat est le premier organisé dans la communauté urbaine de Poitiers. « Nous sommes pro-européens, explique Damien Gendron, président des Jeunes Européens de Poitiers. Nous défendons le transpartisanisme. Nous avons organisé ce débat ce soir pour informer les Poitevins sur l’Europe, les inciter à aller voter le 26 mai prochain. » D’ailleurs l’association, qui compte une vingtaine d’adhérents sur Poitiers, a déjà organisé des événements autour des élections européennes, notamment au mois de mars, une conférence participative auprès des étudiants du campus.

À 18h00, la salle commence peu à peu à se remplir. « La moitié de la salle est réservée, soit une centaine de personnes », se rassure Damien Gendron. Finalement ils seront plus de cent cinquante personnes à venir. 18h30, coup d’envoi du débat. L’animateur est aussi le maître du temps. Puisque qui dit débat, dit temps de parole minutieusement chronométré et comptabilisé. « Vous aurez trente seconde en moins » martèle-t-il à un candidat parti dans ses explications. 

Parmi les questions abordées dans ce débat de deux heures : la politique environnementale de l’Europe. Les candidats ont donné beaucoup d’importance au climat et à l’écologie. « Les jeunes se mobilisent aujourd’hui pour le climat », explique Antoine Sureaud, référent départemental pour la Vienne de Génération.s, le mouvement de Benoît Hamon. Il a remplacé au pied levé Roxane Lundy bloquée dans un TGV. Christophe Clergeau, conseiller régional des Pays de la Loire, candidat éligible sur la liste de Raphaël Glucksmann, le rejoint sur ce point. « L’Europe est confrontée à une urgence sociale et climatique. Les politiques d’actions sociales et écologiques doivent être au coeur des discussions de l’Europe », résume-t-il. Arthur Hay, livreur Deliveroo, à l’initiative du premier syndicat de France de coursier à vélo et candidat du Parti communiste Français, partage le même avis. Quant à Jacques Colombier, candidat Rassemblement National, conseiller régional de Nouvelle Aquitaine et eurodéputé sortant, il considère que « l’Europe est aujourd’hui un échec. Les États ont perdu leur souveraineté au profit de la technocratie européenne. Au Rassemblement National nous défendons une Europe des nations ». La Politique Agricole Commune a également été abordée. À gauche, on est plus favorable à une agriculture raisonnée et « propre ». Tous ont d’ailleurs attaqué le trentième candidat sur la liste LREM, Mao Peninou, notamment sur le glyphosate. « La politique environnementale est au coeur des débats. Nous voulons être le premier continent zéro carbone. C’est vrai que la France a négocié le délai sur l’interdiction du glyphosate pour qu’on s’aligne avec tous les pays européens. Nous avons d’ailleurs réduit de trois ans la date butoir de son interdiction », rappelle-t-il. 

Europe sociale : quelles harmonisations ?

L’Europe sociale est l’autre vaste sujet de ce débat. Antoine Sureaud se dit « favorable à un SMIC (Salaire Minimum de Croissance) européen. » Les communistes prônent en faveur d’une harmonisation sociale « en arrêtant la concurrence perpétuelle ». Jacques Colombier du Rassemblement National souhaite que l’on donne la priorité à l’échelle nationale. Il a évoqué le sujet de l’immigration : « On ne peut pas accueillir toute la misère du monde ». Une réflexion qui a suscité de vives réactions dans la salle et quelques échanges de mots entre ses sympathisants et d’autres qui ne partageaient pas la même vision. Mais ce qui ressort également, c’est un côté rassembleur. « Il faut rassembler la gauche, explique Christophe Clergeau, pour qu’elle pèse dans les décisions ». Ce qui lui a valu un tacle de la part de l’ancien socialiste, Mao Peninou : « Comment voulez-vous rassembler la gauche européenne quand elle n’est même pas capable de le faire à l’échelle nationale. ». Les candidats ont aussi abordé la problématique des travailleurs détachés. « Il y a eu une progression à ce sujet, mais nous ne sommes pas encore arrivés au bout », reconnaît Mao Peninou. Il y a donc encore du travail sur planche pour les futurs eurodéputés. « Ils doivent aller au bout de l’égalité salariale », ajoute Christophe Clergeau.

Le troisième et dernier sujet est celui de la réforme institutionnelle de l’Europe. « Il faut avoir envie de faire l’Europe et d’arrêter de la rêver », résume d’entrée Mao Peninou. Du côté de Génération.s, on souhaite la mise en place d’une « Assemblée Constituante européenne », en essayant de développer le sentiment d’appartenance à l’Europe. Pour Christophe Clergeau, « il faut que les règles soient toutes respectées, par tous les États membres ». Mais comme le résume le communiste Arthur Hay, « il y a un manque de confiance dans le Conseil Européen, il faut faire quelque chose contre ça ». Problème qu’on ne se sent pas assez européens mis en avant. Enfin Jacques Colombier résume sa vision de l’Europe : « Je suis pour une Europe des libertés. Elle ne doit pas imposer les sujets aux peuples nationaux et elle doit respecter les votes démocratiques. En revanche, je suis contre l’espace Schengen. » Une question qui serait au coeur de la réforme de l’Europe pour le RN.

Rendez-vous le 26 mai pour les élections

Chaque candidat a ensuite conclu sur sa vision de l’Europe. Génération.s veut « une Europe écologique, égalitaire, pas influencée par les lobbys ». Jacques Colombier (Rassemblement National) a tenté de séduire les agriculteurs avec la PAC et a prôné en faveur d’une « Europe souveraine ». Christophe Clergeau (Parti socialiste et Place Publique) souhaite une « Europe écologique et sociale qui pourrait rassembler la gauche ». Arthur Hay (PCF) promet de poursuivre « le combat contre la domination du capital et pour une société plus juste ». Mao Peninou (LREM) s’est montré favorable à une « civilisation européenne en demande de confiance. » 

En tout cas dans la salle, les cent cinquante personnes ont pu avoir un panorama diversifié sur la vision de l’Europe de chacun des partis présents. A la différence d’un meeting, le public était très hétéroclite. Chacun a pu se forger une propre opinion après ces deux heures et demi de débat. Les organisateurs ont rappelé que les élections européennes ont lieu le dimanche 26 mai. Elles permettront aux Français de désigner leurs représentants au Parlement européen. Jusqu’alors la France disposait de 74 sièges. À la suite du Brexit, elle devrait en avoir cinq de plus, soit 79 eurodéputés. 

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