L’étudiant bordelais inquiet face à l’urgence écologique


Dans le cadre de sa série "Présidentielle, mes attentes, mes espoirs," Aqui a rencontré Robin Weissmann-Farbos, étudiant girondin à l’Ecole Normale Supérieure.

Robin, étudiant en biologie, dans la forêt pour un projet personnel.Robin Weissmann-Farbos
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 06/04/2022 PAR Nolwenn Tournoux

Robin Weissmann-Farbos, 21 ans, est étudiant à l’Ecole Normale Supérieure (ENS). Après 3 ans de biologie dont deux ans à l’université de Bordeaux et un an à l’ENS, à Paris, le jeune homme a entamé une année de césure afin d’étudier des matières ne faisant pas partie de sa formation. Il a composé lui-même son année avec des cours de différents départements de l’ENS, notamment le droit, les sciences sociales, ou encore l’écologie politique.

Robin a grandi à la campagne, près de Bordeaux, avec des parents créateurs de l’association Habitat Santé Environnement (HSEN). « Ma mère a fait de la biologie, mon père a fait de la biologie, ma grand-mère avait un grand jardin, raconte Robin. J’avais un lien, je pense, beaucoup plus profond avec la nature que certaines personnes qui ont toujours vécu en ville. J’ai eu cette chance, et je trouve ce lien important dans la construction de quelqu’un. »

Quand il a quitté le lycée, la biologie était pour lui un choix d’évidence. Le choix d’une année de césure, lui aussi, est empreint de sens. « Je voulais compléter ma formation pour avoir, en plus du regard scientifique que j’ai sur la crise environnementale, un regard plus propre aux sciences sociales et qui me permette d’analyser des enjeux socio-économiques. J’acquiers des compétences pour pouvoir faire avancer les choses, développer différentes mesures environnementales, tout en prenant compte du contexte social et économique. » Robin aimerait agir à sa façon, peut-être en travaillant dans le gouvernement, dans des cabinets de conseils, ou pour des ONG.

Avertir et agir

Robin participe à la saison 2 de la série de podcasts Dès demain. Dans ce cadre, des étudiants de l’ENS interviewent des chercheurs autour d’une thématique afin de développer plusieurs axes sur le sujet au cours des épisodes. « Le thème de la saison 2, c’est la crise environnementale, c’est-à-dire non seulement le climat, mais aussi l’érosion de la biodiversité, l’impact social et économique de la crise climatique, » énumère Robin. Le podcast s’adresse principalement à un audimat jeune. « On présume que si aujourd’hui il y a un manque d’action, c’est qu’il y a un manque de compréhension chez les gens, que c’est vraiment une barrière importante », expose le jeune homme. « Souvent, certains sont un peu sceptiques ou prennent la situation à la légère. J’ai l’impression que beaucoup de gens savent qu’il y a « un problème » mais ne comprennent pas en quoi c’en est un. Par exemple, avoir deux degrés de plus sur la planète c’est un problème. Certains disent « il va faire plus chaud » mais ne comprennent pas que ça remet en cause les services écosystémiques. »

Participer au podcast a permis à Robin de réaliser à quel point l’environnement est « une chose transversale, » qui s’applique à tous les sujets. « Rien ne peut se faire sans un socle stable sur lequel nous avons une sécurité alimentaire, » explique Robin. Pour lui, nous devrions aller vers un monde dans lequel il y aura une dimension écologique dans tous les ministères plutôt qu’un ministère de la transition écologique, bien qu’il soit utile en temps de transition.

Dans sa vie quotidienne, le jeune homme a adopté des habitudes responsables. Pour se nourrir, il achète majoritairement des légumes de saison et est vigilant sur sa consommation de viande, qu’il limite. Quant aux vêtements, il essaie de ne pas trop en acheter et privilégie la réparation. Selon lui, aller voter est un devoir. « Il faut s’assurer de mettre l’avenir du pays dans les mains de quelqu’un qui porte une idée du monde futur assez saine et juste, et c’est important que les mesures soient adaptées. Même si on sait qu’on vote pour un candidat qui ne sera pas élu, voter peut permettre à un parti de se sentir plus légitime pour la prochaine fois, et faire émerger des sujets différents et importants sur la place publique. »

« Notre maison brûle toujours »

En ce qui concerne le traitement de la question de l’environnement dans la campagne présidentielle, l’étudiant se montre inquiet. « Malheureusement, les débats se sont cristallisés autour de certains sujets, ce qui donnait l’impression que les autres n’étaient pas importants. Pourtant, nous savons depuis longtemps que la situation est préoccupante. En 2002, Jacques Chirac disait « Notre maison brûle. »  Elle brûle toujours, et il n’y a pas eu d’avancée. Aujourd’hui, nous savons qu’il y a une érosion de la biodiversité, des taux d’extinction énormes, une augmentation de la température qui va remettre en cause la sécurité alimentaire… Nous arrivons à un scénario assez catastrophique. Même à ce stade, on n’arrive pas à avoir la conversation de l’écologie dans les arènes politiques. Cela m’inspire de l’incompréhension. »

Pour Robin, c’est clair, il est temps d’agir. Selon lui, les deux axes importants sont le plan social, notamment la précarité des jeunes, l’égalité homme-femme et les retraites, et le plan écologique. « C’est important de mettre en place un plan environnemental massif, augmenter les financements. De toute façon, agir nous coûtera moins cher que subir. » Le jeune homme souhaiterait voir le gouvernement investir dans les énergies renouvelables, la recherche, la formation, notamment pour rendre l’agriculture plus durable. « Toutes ces mesures environnementales doivent s’accompagner de mesures sociales. On ne peut pas pénaliser les plus pauvres, sinon, la transition écologique serait synonyme d’augmentation des inégalités. Il faut que les mesures convergent vers une même cause, » conclut l’étudiant.

Ça vous intéresse ?
Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
On en parle ! Gironde
À lire ! POLITIQUE > Nos derniers articles