Pyrénées-Atlantiques : Rousset creuse son sillon, le FN aussi


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 13/12/2015 PAR Jean-Jacques Nicomette et Félix Dufour

En Béarn, terre habituellement ancrée à gauche, la « machine » Rousset a fonctionné sans coup férir à l’issue d’une campagne où le président PS sortant de la région Aquitaine a multiplié ses interventions sur le terrain. Que ce soit par exemple pour mettre l’accent sur la formation des jeunes et sur le soutien apporté aux entreprises locales dans une terre industrieuse. Ou encore pour défendre le dossier du rail et celui de la liaison Pau-Oloron-Canfranc, en passant par une vallée d’Aspe où il a ses habitudes.

Le report des voix : l’arme fatale d’Alain RoussetCette assiduité a porté ses fruits. Alain Rousset a également bénéficié d’un report quasi sans faille des voix de gauche. Les scores obtenus au premier tour par le Front de gauche et les Ecologistes lui permettaient en effet de miser sur une réserve de plus de 10 % des suffrages. Cela, en dépit des tiraillements provoqués chez certains de ses alliés par le dossier de la LGV.

Une telle avance a pris des allures d’arme fatale pour des concurrents qui, eux, semblaient avoir fait le plein de leurs électeurs. Sans parler de la réaction que la montée du Front National a suscitée chez un électorat ayant choisi de s’abstenir au premier tour.

Les frontistes labourent profondCela étant, la victoire du candidat de gauche n’est pas suffisante pour contrer la formation d’extrême droite, qui laboure profondément les zones rurales et les milieux populaires.

Le score de 25,77 % obtenu par le FN dans la ville ouvrière de Mourenx, cité dont le député PS David Habib était le maire voici peu de temps, donne à réfléchir. L’extrême droite y dépasse de plus de 11 % les voix accordées à la droite et au centre. Quant à son résultat départemental, il s’établit à 16,95 %. Jacques Colombier a raison quand il affirme, avec un sourire grand comme ça, que le FN ne s’effrite pas, mais qu’il « se maintient ».

Bayrou soutient, mais Pau ne suit pas Du côté de la droite et du centre, le moins que l’on puisse en dire, c’est que la mayonnaise n’a pas pris.

Le soutien

Il est vrai que quelques couleuvres ont eu du mal à passer. Que ce soit du côté des responsables locaux de l’UDI, sanctionnés par leur formation pour avoir manifesté leur désaccord sur la composition de la liste. Ou encore chez les Républicains, dont le porte-parole, Max Brisson, a été obligé de reculer de quelques places pour s’asseoir à contrecœur sur un siège considéré comme éjectable en cas de défaite. De là à penser que quelques comptes se sont réglés dans les urnes, il n’y a pas loin.

Autre constat : l’appel lancé par Virginie Calmels à l’électorat du FN n’a donné aucun résultat. Tout comme le « soutien indéfectible » apporté par François Bayrou à la candidate girondine ne semble pas avoir produit plus d’effet que cela. Loin s’en faut.

A Pau, ville conquise à la gauche par le patron du Modem, Alain Rousset recueille 50,66 % des suffrages tandis que Virginie Calmels n’obtient que 34,08 % et que le FN totalise 15,25 % des voix. Pour l’édile béarnais, ce n’est peut-être pas un désaveu, mais c’est un loupé.

Le nouveau paysage du Pays BasqueDimanche soir, au Novotel d’Anglet, Michel Veunac, le maire de Biarritz, Max Brisson, le Républicain chef de file de l’opposition de Biarritz, et la Républicaine Sylvie Durruty, adjointe au maire d’un maire de Bayonne UDI très absent, ont pour leur part constaté deux choses.

D’abord, le report sans faille de la gauche qu’ils imaginaient depuis dimanche dernier face à une Virginie Calmels possédant moins de réserves.

Ensuite, l’installation –  c’est vraiment le mot –  du Front national dans une région dite conservatrice. « En fait, c’est Rousset après trois mandats qui est devenu le candidat conservateur », plaisantait cette droite républicaine qui se retrouvait entre elle.
Chacun devra prendre leçon de ce deuxième tour. Ainsi, Virginie Calmels qui possédait une bonne avance devant Alain Rousset à Anglet, a été distancée de 4 points au soir du deuxième tour. Le Modem Michel Veunac et le Républicain Max Brisson, eux, ont eu la satisfaction de voir que leur candidate de coalition a conservé 732 voix d’avance sur le président sortant à Biarritz, comme dans une moindre mesure à Saint-Jean-de-Luz.

Mais, dans le même temps, on remarque qu’avec 14, 11% de suffrages dans la Perle de la Côte basque, le Front national, tout en se tassant légèrement, s’installe dans le paysage. Même constat à Anglet avec 14,55% des suffrages et à Bayonne avec 16,20%. A Hendaye, ville frontalière largement dévouée à la gauche, le Front  affiche un score de 16,59%. Et que dire du Boucau avec 19,25%.
Au Pays basque donc, le président du Conseil régional Alain Rousset en lançant un Hitza Hitze (la parole donnée) dans ses premières déclarations aura été le grand vainqueur de cette élection. Avec une majorité absolue de 50,61% des suffrages à Bayonne et un pic de 59,54% à Hendaye.
Résultat : si l’UDI Barthélemy Aguerre, cinquième sur la liste du 64 de Virginie Calmels sauvera sa tête, il ne devrait y en avoir que cinq dans le département. CQFD: Max Brisson, le Républicain serait hors course.

En vieux briscard de la politique, avant ce deuxième tour, ce dernier a programmé une conférence de presse en ce début de semaine. Assurément pour expliquer le pourquoi du comment…

Les résultats du département :
Inscrits 499 870, votants 280 928 (56,20%), exprimés 265 797
Alain Rousset (Union de la gauche) 127 180 (47,85%)
Virginie Calmels (Union de la droite et du centre) 93 559 (35,20%)
Jacques Colombier (Front National) 45 058 (16,95%)

Les résultats par commune :
http://elections.interieur.gouv.fr/regionales-2015/75/7564/index.html

Les élus des Pyrénées-Atlantiques :

Bernard Uthurry (PS), Sandrine Derville (PS), Pierre Chéret (PS), Frédérique Espagnac (PS) , Mathieu Bergé (PS), Alice Leiciagueçahar (EELV), Michel Minvielle (PS), Nathalie Francq (PS), Andde Sainte-Marie (PS), Emilie Dutoya (PS), Jean-François Blanco (EELV), Charline Claveau-Abadie (PS), Patrice Laurent (PS), Monique Semavoine (Modem), Marc Oxibar (LR), Sylvie Durruty (DVD), Michel Veunac (Modem), Denise Saint-Pé (Modem), Barthélémy Aguerre (UDI) , Jean-Michel Iratchet (FN), Claudie Cheyroux (FN) , Gilles Hustaix (FN).


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