Pyrénées-Atlantiques : un département en état de siège


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 02/02/2015 PAR Jean-Jacques Nicomette

Pendant des lustres, le centre droit a joué les patrons au sein du Parlement de Navarre. Pour ne pas remonter trop loin, citons Henri Grenet, le maire UDF de Bayonne, élu président en 1985. Puis son successeur, le béarnais François Bayrou, ministre de l’Education nationale et président de l’UDF, qui a fait construire un hôtel du Département dont, aujourd’hui encore, il ne cesse de vanter l’architecture.

Dans ce pays où la présence du Béarn et du Pays basque nécessite de cultiver l’alternance, Jean-Jacques Lasserre, le maire centriste de Bidache, a pris le relais en 2001. Jusqu’à ce qu’une première secousse fasse vaciller les certitudes.

L’heure de la revancheA la surprise générale, gauche et droite se sont en effet retrouvées sept ans plus tard à égalité parfaite de sièges. Ce qui a amené l’UMP Jean Castaings, à être élu président au bénéfice de l’âge. Sauvée par le gong,  la majorité était toutefois en équilibre instable. En 2011, à un peu plus d’un an d’une présidentielle qui devait voir la victoire de François Hollande, elle a basculé d’un siège à gauche.

Inutile de préciser que, pour les centristes réunis au sein du groupe Forces 64, et leurs alliés UMP, la messe est loin d’être dite. Réunis dimanche à Pau, ces derniers ont présenté les listes d’union qu’ils ont constituées dans 22 des 27 cantons nouvelle formule que le Département comprendra en mars prochain. Tout cela, sous la houlette de Jean-Jacques Lasserre, qui conduira une fois encore les troupes au combat.

 Les candidats du centre et de l'UMP réunis dimanche à Pau

Eric Saubatte : le caillou dans la chaussureL’affaire n’a pas toujours été simple. Premier caillou de taille dans la chaussure : l’UMP Eric Saubatte, qui a joué un rôle important dans la victoire de François Bayrou aux municipales, et qui occupe aujourd’hui le poste d’adjoint aux sports. Celui-ci n’a pas été adoubé pour se présenter sur le canton de Pau 2. Le nouveau maire préfére la candidature d’un autre de ses adjoints, l’ancien préfet Marc Cabane.

« La réconciliation est un plat qui se mange froid » avait coutume de dire avec un sourire cruel Yves Guéna, l’ancien maire de Périgueux, et ex président du Conseil constitutionnel. En dépit du soutien décisif apporté au candidat à la mairie, Eric Saubatte paie-t-il le fait de s’être maintenu en 2012 aux législatives face à François Bayrou, qui avait alors perdu son siège de député ? Ou est-il plutôt victime de la volonté du nouveau maître des lieux de verrouiller l’agglomération paloise au profit du MoDem ?  

Toujours est-il  que le candidat éconduit se dit « blessé », et déplore le non-renvoi de l’ascenseur. Placé dans une position délicate à Biarritz, où il doit se dépêtrer de la présence de listes de droite dissidentes, Max Brisson, le chef de file du groupe UMP, n’a pas pu résoudre le cas Saubatte. Reste toutefois à savoir quelles conséquences tout cela aura à terme sur le plan local.

François Bayrou et Eric Saubatte : un tir de barrage de la part du maire de Pau

Primaires et dissidencesParce que la vie politique n’a rien d’un long fleuve tranquille, plusieurs primaires sont par ailleurs prévues au sein de l’actuelle opposition. L’une d’entre elles oppose le maire MoDem de Cambo, et son collègue du Nouveau Centre, Benat Inchauspé, maire d’Hasparren, tous deux conseillers généraux sortants. Affaire à suivre.

Quant au canton de Morlaàs, il s’offre un casse-tête en voyant l’UDI  Marc Gairin, maire de Momy, et l’UMP Isabelle Bernes-Heuga s’opposer à un tandem similaire, mais officiellement adoubé : Isabelle Lahore et Thierry Carrère, maire de Buros.

La majorité de gauche a, elle aussi, son petit panier bien chargé par endroits. Il faudra ainsi attendre le milieu de semaine pour connaître les candidats qu’elle présente dans certains cantons où beaucoup de doigts se lèvent (Serres-Castet, Orthez et Artix par exemple).

Dans le piémont béarnais, il entend déjà le canon tonner. Jean-Pierre Domecq, conseiller général sortant d’Oloron Est ne décolère pas. Sur le nouveau canton d’Oloron 2, les militants socialistes lui ont préféré son collègue André Berdou, élu de la vallée d’Ossau et influent président du Parc national des Pyrénées. L’offensé répète qu’il n’a pas démérité. Il rappelle aussi que le territoire qu’il représente est beaucoup plus peuplé que celui de son concurrent. Jean-Pierre Domecq a donc décidé de se maintenir. Il fait liste commune avec Florence Obledo, une habitante d’Arudy. On verra ce qu’on verra.

Qui après Georges Labazée ?

Le président Labazée (à g.), aux côtés de Philippe Garcia (Artix) et de Kotte Ecenarro (Hendaye)

Une question taraude également la gauche : qui en sera le porte-drapeau ? Georges Labazée, le président PS du Conseil général, par ailleurs sénateur, a décidé de poser les gants. Du coup, plusieurs noms circulent, dont celui de Marie-Pierre Cabanne, vice-présidente de l’assemblée départementale, et candidate avec Christian Petchot-Bacqué sur le nouveau canton Vallées de l’Ousse et du Lagoin. On parle aussi, entre autres, de Marie-Christine Aragon (Bayonne Est).

Une femme dans un monde d’hommes. L’argument aurait du poids. Georges Labazée, lui, prend son temps pour annoncer la couleur.

Marie-Pierre Cabanne. Un nom parmi d'autres

 Ce FN qui déboule dans les urnesLa solidarité, la transition écologique et les « nouvelles pratiques démocratiques et citoyennes » contituent le socle du programme défendu par les candidats d’Europe Ecologie les Verts et du Front de Gauche, qui viennent de conclure une alliance. En espérant bien que ce qui s’est passé en Grèce trouvera un écho au pied des Pyrénées.

L’inconnue du scrutin demeure toutefois le score que réalisera le Front National. Les compétences attribuées à la future assemblée départementale restant floues, la voie est grande ouverte au vote de rejet, craignent certains. Cela, quelle que soit l’identité des candidats présentés, potiches ou pas, et sans savoir où iront les voix raflées par les Lepénistes.

Lors des européennes, le FN a affiché un résultat de 16,5% sur le département. La règle veut que l’on ne compare pas deux élections différentes. En attendant, le parti d’extrême droite sera présent dans au moins 18 des 27 cantons des Pyrénées-Atlantiques.

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