Sur un air de Bordeaux-Lyon


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 10/03/2008 PAR Joël AUBERT


Le silence règne sur la Place Gambetta. Les restaurants et les cafés sont vides. Les rares passants semblent même parfois découvrir l’événement de la soirée, le vrai. Celui qui a été occulté par le match Bordeaux-Lyon. Les seules voix qui s’élèvent sont celles de trois adolescents qui demandent les résultats du match à un homme du trottoir d’en face. Que ce soit de la joie ou de la déception, l’envie de s’exprimer n’est pas toujours au rendez-vous, quelques-uns, sur le pas de courses ne savent pas quoi en penser, d’autres ne veulent pas y penser. Les déçus sont rares, voire inexistants, les indifférents sont étrangement nombreux, comme si maintenant cela n ‘avait plus d’importance. Un mot se retrouve cependant sur toutes les lèvres : attendu. Les quelques heureux ce soir sont loin d’être surpris. Un couple de quinquagénaires confie que ces résultats sont rassurants, surtout en ce qui concerne les taux de participation (61%). Un partisan d’Alain Juppé, trentenaire, se dit juste satisfait, ces résultats étaient trop attendus pour paraître rassurants.: «Je n’ai jamais eu peur pour l’issue de ces élections. J’étais juste inquiet qu’il ne passe qu’au deuxième tour et non au premier, comme c’était annoncé, mais sa victoire je n’en ai jamais douté . C’est vraiment bien qu’il y aie eu autant de participation, ça a accéléré les choses, le résultat est là ». Deux autres femmes sexagénaires, le sourire aux lèvres lancent un « bravo » enthousiaste mais refusent d’en dire davantage. Une joie très timide mais unanime dans le secteur Gambetta,et le cours de l’Intendance.

Victoires et défaites


Il est 20h30, et la place de la Victoire bourdonne d’une joyeuse vie étudiante, comme à son habitude. Les premières estimations viennent de tomber ; au bar Chez Auguste, fief d’Alain Juppé sur la place, c’est l’explosion. Mais ce n’est pas la victoire du maire sortant qui déchaîne les passions des buveurs de bière : Wendel, milieu gauche bordelais, vient de réduire le score contre le leader lyonnais. Ici, comme partout à Bordeaux ce dimanche soir, on porte les couleurs marine et blanche girondines frappées du scapulaire, loin du vert pomme et du bleu ciel, les tons pastel de la campagne juppéenne. Entre une élection municipale et le choc de la Ligue 1, le choix est vite fait : « On ne pouvait pas louper ce Lyon-Bordeaux », déclare Alexandre, 21 ans, étudiant en pharmacie, qui regarde la rencontre avec sa bande de copains. « Et puis, l’élection était courue d’avance à Bordeaux …», poursuit-il, un peu distrait par une action des gones. Il déclare pourtant avoir voté ce matin, pour Alain Rousset. « De ce côté-là, je n’ai plus rien à espérer », fait-il, les yeux rivés sur l’écran géant. Côté football, c’est l’attaquant Kader Keita qui a définitivement anéanti les espoirs bordelais, en inscrivant le quatrième but lyonnais dans les arrêts de jeu. Le titre s’est éloigné pour les Girondins, l’Olympique Lyonnais va très certainement de nouveau être sacré,et Alain Juppé a regagné la mairie.

Du côté de la préf’

L’ambiance n’est guère plus animée, les résultats sont, là aussi, attendus. Une dizaine de jeunes journalistes se rassemblent autour du buffet et du poste de télévision, où le politologue Jean Petaux analyse la situation qui s’ébauche en direct, sur TV7. Les plaisanteries commencent à fuser dans les locaux: « Pas d’inquiétude, on a la chance d’avoir des journalistes patients, on peut tenir jusqu’à plus de minuit comme ça ! » C’est en effet la patience plus qu’une quelconque excitation propre à une élection qui prime dans les locaux de la préfecture ce soir. Les journalistes finissent par s’en tenir aux dernières estimations, persuadés de l’issue de la soirée depuis le début. Le suspens se reporte effectivement sur les résultats du match de football, le présentateur s’interrompt un instant pour les donner, 4-2 pour Lyon, « la soirée de toutes les défaites » diront certains, « On ne peut pas tout gagner ce soir ! » penseront les autres.

Émilie Chaudet et Léo Peresson.
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