Talibé Kébé, un sans papier libéré…, mais toujours sous la menace d’une expulsion


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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 04/12/2007 PAR Nicolas César

Quand Talibé Kébé, responsable juridique du collectif des sans-papiers de Montreuil, a été arrêté en gare de Bordeaux le 31 octobre dernier, son interpellation a suscité une vive colère de la part de nombreuses associations et même d’hommes politiques. Car, « c’est une personne très bien intégrée dans la société française, où il a désormais construit sa vie personnelle, avec une compagne française; c’est, aussi, un militant qui court des risques sérieux de privation de liberté, en cas de retour forcé en Côte d’Ivoire » avait précisé, à l’époque, RESF, dans une pétition, signée par plusieurs centaines de personnes. Mais, l’arrêté de reconduite à la frontière de la préfecture de Gironde avait été validé par le tribunal administratif de Bordeaux. L’avocat de Kébé, Me Landete, avait fait appel, mais sans succès. Les manifestations devant la préfecture de Gironde et le centre de rétention de Bordeaux se sont alors multipliées pour demander sa libération. Ainsi, le 2 décembre, près de 100 personnes étaient mobilisées. Parmi elles, Noël Mamère, qui avait pointé du doigt le fait que l’ « on demande à l’administration de faire du chiffre, on demande à la justice de cautionner ces pratiques ». Des manifestations, qui n’avaient pas infléchi la position de la préfecture, qui avait décidé de prolonger sa détention au centre de rétention.

La Côte d’Ivoire n’a pas donné de laissez-passer pour Kébé

Si aujourd’hui, Kébé est libre, il le doit aux autorités ivoiriennes, qui n’ont pas accepté de délivrer de laissez-passer. Car, sans l’autorisation du pays d’origine du sans-papier, la France ne peut expulser. Pour autant, Kébé est encore sous la menace. La préfecture lui a remis une nouvelle « injonction à quitter le territoire français » sous cinq jours (IQTF). Désormais, deux possibilités s’offrent à lui : soit, il fait preuve de bonne volonté pour répondre à l’injonction et doit donc apporter des preuves, c’est-à-dire écrire des demandes aux consulats d’autres pays, afin qu’ils acceptent de le recevoir sur leurs territoires. Les réponses sont en général toujours négatives. Soit, il fait une demande de dossier d’apatride à l’OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides), en mettant dans la demande la copie de l’IQTF. Problème : cette demande n’est pas suspensive. Pendant ce temps, Kébé peut donc être à nouveau arrêté d’ici cinq jours et remis en rétention jusqu’à 32 jours, en attendant de nouveau que le consulat de Côte d’Ivoire délivre un laissez-passer…

Création d’un collectif pour la régularisation de tous les sans-papiers à Bordeaux

Pour Djabé, un des porte-paroles du collectif des sans-papiers de Montreuil, cette situation relève de « l’acharnement ». « La lutte continue, la situation n’est pas réglée, il est encore sans papiers », précise t-il. « Le seul point positif pour nous, c’est la forte mobilisation qu’il y a eu à Bordeaux, autour de Kébé » poursuit-il. Un collectif pour la régularisation de tous les sans papiers (CRSP) a d’ailleurs été créé hier soir à Bordeaux. « L’objectif est de combattre sur tous les fronts » indique un membre de RESF 33, qui n’a pas voulu révéler son identité. Le comité est composé membres de la Ligue des droits de l’homme de Gironde, de RESF33, de syndicalistes… Des militants actifs, qui entendent montrer que « la volonté du président de la République d’expulser 25 000 étrangers du territoire français d’ici la fin de l’année, n’a pas de sens ».

Nicolas César

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