Transition économique et écologique, la Région accélère sur le « monde d’après »


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 14/09/2020 PAR Solène MÉRIC

Le sujet était bien sûr incontournable. « J’ai deux préoccupations majeures en cette rentrée. La première est la lutte contre la pandémie, il faut tout faire pour éviter le confinement. Je lance un appel à la responsabilité de chacun sur les éléments de sécurisation collective : les masques, la distanciation physique… mais aussi à réfléchir aux vestiaires sportifs, car le diable est dans les détails… » a-t-il démarré avec une certaine gravité, rappelant qu’en dehors des lycées et des transports, «  nous ne sommes pas à la manœuvre, l’Etat garde la responsabilité de la santé ». Ce qui n’est pas forcément pour lui plaire.

Santé: « notre modèle centralisé n’a pas été parfait »
Sur la gestion de la crise, tout en considérant que « les polémiques ne sont pas forcément les bienvenues », et que « l’heure est à la responsabilité pour tout le monde », le thème de « l’Etat centralisateur » n’a pas manqué une fois encore, d’emporter le discours du président de la Région. « Tous les pays européens, toutes les démocraties ont en la matière une compétence décentralisée (…) Notre modèle centralisé n’a pas été parfait…»
Plus précisément sur la santé, le Président Rousset se porte volontaire pour un transfert sous la responsabilité de la Région des Agences Régionales de la Santé, de la santé publique, autour de la prévention, de la relation entre santé et environnement, et l’accompagnement des personnes âgées avec les Départements. « Il faut aussi un travail collectif au sein des CHU, cliniques et hôpitaux… Avec un modèle centralisé, on parle au sommet dans des tuyaux d’or et pas à son voisin… ». Un souhait d’expérimentation qui pourrait peut-être être exhaussé par le projet de loi 3 D porté par Jacqueline Gourault. A ce compte là Alain Rousset glisse qu’il candidaterait aussi pour un transfert de compétence en matière d’éducation : « enseignement professionnel, agricole et maritime ; ce serait cohérent avec nos compétences sur l’apprentissage ou la formation ».

Sceptique sur le plan du Gouvernement
Si la Région n’a donc pas pu agir sur le plan sanitaire, elle n’a pas lésiné sur les moyens durant la crise. Sur l’axe de la recherche face à la covid-19 un appel à projets de près de 5 millions d’euros a été lancé et a reçu plus de 200 candidatures. Près de 50 lauréats ont été retenus, dont 9 projets innovants portés par des entreprises régionales et 36 projets de recherche. Quant aux aides accordées aux entreprises, « plusieurs dispositifs ont été mis en œuvre: dispositif d’urgence avec l’Etat, mais aussi en autonomie, à travers des prêts mais aussi des subventions qui ont eu beaucoup de succès auprès des artisans, du monde associatif, et de l’économie sociale et solidaire ».
Quant au plan d’urgence massif lancé début septembre par le Gouvernement, hormis « le point positif du chômage partiel qui se poursuit », le Président de la Nouvelle-Aquitaine reste sceptique. « Quel ruissellement aura-t-il sur les PME et sur les territoires ? Est-ce de l’argent « frais » ou la requalification de crédits déjà engagés…? Et surtout par qui va-t-il être opéré ? Dans quelle mesures les Régions vont-elles être associées ? Les fonds propoes ne ruissellent pas sur les TPE PME, or ce sont elles qui feront le redémarrage et la transition écologique… » estime-t-il.  
Un redémarrage de l’emploi et de l’économie qui est bien la deuxième préoccupation du moment du Président Rousset, et dont il souhaite « qu’il ne se fasse pas de la même manière » qu’avant la crise. Un redémarrage en accord avec le fameux « monde d’après » en quelque sorte.

Changer la donne économique et écologique
« Depuis juillet nous travaillons, filière par filière, à des dispositifs qui répondent à un plan de transition et de relance. Il s’agit de permettre un accompagnement à la transition écologique, technologique, territoriale, de mobilité, thermique… C’est primordial pour sauver nos entreprises ». Changer la donne économique et écologique « par un accompagnement en souveraineté de ces entreprises ». Comprendre ici « souveraineté de développement de ceux qui créent et de ceux qui souffrent, une souveraineté qui développent nos territoires… et là, la relation entre la Région, le monde de la recherche et le monde de l’entreprise est une force extraordinaire pour notre région, tout comme son écosystème diversifié ! ».
Autre atout également, la feuille de route Néo terra, qui démontre selon le Président que la crise n’a fait qu’accélérer une stratégie déjà l’oeuvre, « qui va dans le sens de l’emploi, en gardant les compétences grâce à la formation, et le défi de la transition écologique ». Le budget formation va d’ailleurs augmenter « de 14 à 20% dès l’an prochain sur au moins 5 ans », précise-t-il.  
A travers un certain nombre d’actions-phares ou de projets, ce plan, présenté en octobre devant l’assemblée plénière, visera ainsi à relocaliser les chaînes d’approvisionnement et de valeur des filières et à travailler sur les besoins de repositionnement des entreprises. Pour ce faire, la Région prévoit une enveloppe de 140 millions d’euros. « Nous sommes prêts à aller jusqu’à la création de micro-usine pour reconquérir des compétences techniques dans les domaines des médicaments, des bases de médicaments, dans l’électronique, l’instrumentation médicale… », illustre le Président.

Quel demain sur le plan électoral ?
Un président de Région pour qui l’essentiel « c’est à la fois aujourd’hui et comment on prépare demain et après-demain » sur le terrain industriel en tout cas. Car pour l’heure, pour ce qui est du demain et de l’après-demain sur le terrain électoral, Alain Rousset est assez taiseux, même s’il a déjà dit avant l’été son intention de se présenter à sa succession, pour un cinquième mandat. Aux récentes mains tendues de la République en Marche pour les élections régionales de mars 2021, la réponse est laconique : « moi, je reste un homme de gauche, avec ma carte au PS et j’assume ma relation au monde de l’entreprise, et à la transition écologique. Macron a été élu à 70% par la gauche… Le retour au bercail est toujours le bienvenu », commente-t-il un brin mal à l’aise, et d’autant plus sans doute avec l’annonce d’EELV de constituer une liste autonome dès le premier tour. Un souhait de ses « amis verts » qu’Alain Rousset dit regretter: « ils ont voté 98 % des délibérations ».

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