Tribune Libre – Covid : réagir et repenser


Mairie de Bordeaux
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 12/11/2020 PAR Alexandra Siarri - Christophe Adam

Il a surtout révélé les manques de notre offre de soins : de lits hospitaliers en réanimation, de personnels soignants spécialisés, de coordination entre système hospitalier public et privé, entre la médecine de ville et l’hôpital, d’informations et de préparation de la population à affronter une crise sanitaire et peut être même une crise tout court. Nous avons eu la chance en Nouvelle-Aquitaine et à Bordeaux, d’échapper à une vague virale ingérable. Nous avons résisté, ensemble. Tant mieux, mais à quel prix ? D’un retard aux soins pour certains, d’un impact psycho-social lourd pour d’autres, et du chaos économique pour tous.

Sans attendre de nouvelles décisions nationales, nous devons ici, à Bordeaux, nous attaquer aux questions, graves et complexes que soulève cette épidémie au-delà de la mise en place d’un conseil de résilience sanitaire. N’oublions pas que tout acte de santé publique est avant tout un acte politique qui s’appuie sur une conception de la liberté, de la solidarité et de nos biens communs. Trois points essentiels doivent être discutés, avec le plus grand nombre au niveau local.

 
D’abord il nous devons moderniser nos modèles de démocratie sanitaire. On ne peut plus laisser les questions de santé, se discuter uniquement dans des lieux clos et technocratiques. Comment dans la ville ou dans la métropole dès aujourd’hui, sommes-nous en capacité d’informer, d’éduquer, de renforcer les capacités des habitants aux principes de réduction des risques, mais aussi aux choix éthiques que génère l’incertitude médicale ? Une véritable politique de promotion de la santé s’appuie avant tout sur les acteurs de terrain et de proximité (médecin généraliste, infirmier, pharmacien, kinésithérapeute, professionnels du secteur médico-psycho-social). Les patients doivent devenir de véritables acteurs de soins et de prévention, pour limiter le fardeau de protocoles de prise de plus en plus contraignants. Nous devons construire à Bordeaux de véritables approches de santé communautaire.

Ensuite nous devons repenser l’offre de soins de 1er recours au sein de la ville, car elle évolue vite, avec l’arrivée d’une nouvelle génération de soignants qui ne veut pas exercer selon le même modèle que leurs ainés, avec le développement de l’offre de télémédecine, avec la puissance des réseaux sociaux qui élargissent les sources d’informations médicales pas forcément justes. Les cabinets médicaux de demain ne seront pas les mêmes.

Le vieillissement de la population, l’explosion des maladies chroniques, les besoins de coordination entre les différents acteurs impliqués autour d’un patient, nous imposent de faire évoluer ces lieux d’entrée dans le soin, vers des plateformes modernes d’accès à la santé et de coordination de parcours de soins de plus en plus longs et personnalisés. Nous devons favoriser les modalités d’exercices inter-disciplinaires, attirer à Bordeaux, les expertises et les expériences originales. Il faut planifier une offre de soins de 1er recours moderne, dans chaque quartier, particulièrement auprès des populations les plus vulnérables.

Enfin, l’éducation à la santé doit renforcer nos capacités individuelles et collectives, pour faire face aux risques sanitaires ou épidémiques (transmission vectorielle par les moustiques, insalubrité des logements ou précarité de l’hébergement).

La gestion douloureuse de la covid doit être saisie comme une opportunité de mieux faire localement. La santé doit désormais être au cœur des champs de l’urbanisme, de l’éducation et de la démocratie locale, en transcendant les clivages partisans. Nous avons besoin d’une vraie ambition collective.

 


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