Tribune Libre – Florent Boudié: L’élection régionale sera un choix entre authenticité et artifice


Florent Boudié
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 03/12/2015 PAR Florent Boudié, porte parole d'Alain Rousset

Le FN est de ceux-là dont les dirigeants aiment le désordre parce qu’il fait office d’assurance-vie politique. Avec le parti de la famille Le Pen, les terroristes sont sûrs de gagner. Parce que l’extrême droite a besoin du désordre économique, social, sécuritaire pour affoler plutôt que sécuriser, dénoncer plus qu’agir, exploiter et non résoudre.

Depuis les premiers attentats de janvier et ceux de novembre, les prises de position du FN sont d’ailleurs frappantes : rejet, au parlement européen, du fichier des passagers de l’aviation civile (PNR) ; dénonciation de l’état d’urgence jugé liberticide ; appel à dissoudre Schengen lorsque l’urgence est à son renforcement ; jusqu’au refus des perquisitions et assignations à résidence…

Et pourtant, tout se passe comme si les armes déployées contre le FN finissaient par se retourner contre les partis de gouvernement. La question qui est posée dès ces élections régionales est donc celle-ci : les Français voudront-ils rajouter de l’instabilité politique à un pays attaqué par le terrorisme ?

Simplifications d’une autre nature, certes, mais tout aussi dangereuses pour qui veut restaurer le blason de l’action publique : je veux parler de la campagne menée par la candidate LR, Virginie Calmels. Celle qui assume sa filiation avec le thatchérisme des années 80 en signant ses documents électoraux d’un modeste « Dame de Faire ».

Il est inutile de revenir ici sur son parcours au sein cette industrie de la production audio-visuelle qu’est Endemol. Si ce n’est pour dire qu’il révèle, de façon criante, la mutation d’une classe politique de moins en moins « pensante » et de plus en plus « communicante ». Et lorsque la communication l’emporte sur la pensée, le mensonge n’est jamais très loin.

Deux exemplesLe premier sont les accusations de la candidate LR contre le quotidien Sud Ouest, dans des termes identiques à ceux de Marine Le Pen contre la Voix du Nord. Dans les deux cas, les candidates s’en sont pris à la liberté éditoriale de la presse, suggérant un complot ourdi par des journalistes forcément « achetés » à coup de subventions. Mensonge.

Le second est la dénonciation, sur toutes les estrades, du projet de LGV au sud de Bordeaux, par pur opportunisme électoral. Avec en ligne de mire des voix à gagner dans les Pyrénées-Atlantiques, au sud de la Gironde et dans l’électorat écologiste. Quand bien même son programme, écrit trop tôt, défend, noir sur blanc, le projet de LGV… Mensonge.

Virginie Calmels n’a peut-être pas « froid aux yeux », pour reprendre l’expression d’Alain Rousset, mais sa pratique politique est glaçante. Parce qu’elle traduit un cynisme total, revenu de tout, et d’abord de la noblesse du débat démocratique et de sa concrétisation qu’est le droit de vote.

Dans la Nouvelle République, Alain Rousset est décrit cette semaine comme un homme « libre », « pragmatique », qui « détonne sous les ors de la République où il a ses entrées ». Vrai et terrien, en quelque sorte. Là est le vrai renouvellement des pratiques politiques : dans l’authenticité de la parole publique, pas dans l’artifice de sa dérive quasi-publicitaire.

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