Tribune Libre : Gérard Boulanger « Refuser le populisme »


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 08/07/2011 PAR Joël AUBERT

Cet acharnement à chercher des coupables partout a son versant judiciaire : plus un décès accidentel sans plainte pénale contre maires, fonctionnaires, médecins, enseignants, gendarmes, constructeurs, etc. Il a surtout son versant télévisuel : les grand-messes des « 20 heures », qui tiennent plus des tribunaux de la Sainte-Inquisition à Séville vers 1550 que de la chronique du monde tel qu’il va. Et ce n’est pas ce chef-d’oeuvre de lynchage médiatique que fut l’affaire DSK (jusqu’à présent, sur les seules indications de la police de New York…) qui risque de nous démentir.

Le plus inquiétant est le poujadisme anti-élus, digne héritier de l’antiparlementarisme d’extrême-droite, acharné, et avec quelle violence, contre la démocratie représentative depuis l’affaire Dreyfus, le 6 février 34, la Cagoule et Vichy. Le « tous pourris ! » du populisme actuel s’en nourrit. Toutes choses qui nous renvoient au « Des fers, des bourreaux, des supplices ! » que préconisait en 1815 l’ultra La Bourdonnaye en guise d’amnistie. Voilà pourquoi, lors de l’assemblée plénière du 27 juin, le Front de gauche a voté contre la motion tendant à priver d’une partie de leur indemnité les élus jugés trop souvent absents. Ce n’est pas le titre de Sud-Ouest « L’étau se resserre sur les absents », lequel ne concerne nullement une chasse à l’homme pour évadés de prison, mais un contrôle de la présence des élus régionaux, qui nous fera changer d’avis.

Inutile auto-flagellation, cette stigmatisation symbolique de TOUS les élus sous prétexte du manque d’assiduité de certains fait le jeu d’un courant que les Républicains rejettent, qui n’est plus représenté à la Région, mais qui semble, hélas, ne même plus en avoir besoin pour qu’insidieusement ses idées déteignent. Tandis que, sans pudeur et sans gloire, pour prix de son ralliement à ce texte, le Modem négociait quelques miettes de représentation en commission, l’UMP orpheline de sa tête de liste, dont l’absentéisme n’est que trop éclatant, se réfugiait prudemment dans le refus de prendre part au vote. Voter contre eût été pourtant loyalement reconnaître que la simple humanité commande d’admettre qu’un homme massacré par son propre camp a droit à un délai de viduité.
Et qui santionnera l’élu ? L’exécutif ? Les bureaux ? La pointeuse ? Sur quel critère incomplet des seules réunions internes, si n’est pas pris en compte le poids des obligations professionnelles, de l’éloignement géographique des élus, et des représentations de la région dans de multiples organismes ou manifestations ? Par exemple, au terme d’une bataille acharnée de quinze mois, j’ai obtenu l’augmentation, quasi-unique dans l’ensemble des régions, du budget de la culture, ce qui permet de sauver environ 70 compagnies du spectacle vivant en Aquitaine. Quelle feuille de présence pourra jamais rendre compte des efforts ainsi déployés ?

Et plutôt que de chercher à punir les élus sitôt qu’il le sont, à les pénaliser au premier manquement supposé, à leur demander pénitence publique au premier lapsus, mieux vaut les motiver en réformant leur travail par les visio-conférences et en les associant à la préparation du budget par la technostructure, comme obtenu lors de la bataille sur le budget culture. Le respect plutôt que le flicage.  

A cet égard, si nous avons refusé de prendre part au vote sur la motion nucléaire, c’est que le consensus du politiquement correct peut prendre des formes inattendues. Ainsi, notre amendement, préconisant le maintien de l’Edf dans la sphère publique et dénonçant la loi Nome qui privatise 25% de la distribution de l’électricité, avait été in fine passé à la trappe. Pour ma part, depuis 1973 et les luttes contre les centrales de Bugey et de Golfech, j’ai toujours refusé le tout-nucléaire. Mais pas au prix de cautionner une bien-pensance facile depuis Fukushima, surtout quand elle s’assortit d’arrière-pensées électorales. Nous n’avons donc aucune leçon à recevoir de quiconque dans notre lutte pour la défense de l’éco-système humain, QUI PASSE FORCEMENT PAR UNE DEFENSE DU SERVICE PUBLIC. Deux objectifs absolument indissociables aux yeux du Front de Gauche.

Gérard Boulanger, conseiller régional Front de Gauche,
délégué à la Culture et à la Citoyenneté
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