Tribune libre – Gilles Savary : Dernière cartouche avant dissolution?


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 29/10/2013 PAR Gilles Savary

S’il s’était agi d’un déficit d’orientation à Gauche, il y avait des offres concurrentes prêtes à en capitaliser les déçus. Mais force est de convenir, à l’analyse des résultats, que les diverses composantes de la Gauche de la Gauche, quelles soient internes ou externes au Parti Socialiste n’ont pas profité de la sanction adressée au Gouvernement ! En Aquitaine par exemple, il n’est pas possible d’établir une corrélation catégorique entre le positionnement des candidats sur le curseur de la Gauche et leur fortune électorale. Les déconvenues des socialistes landais, comme celles d’ailleurs des communistes en région parisienne, l’illustrent suffisamment.
Les causes d’un recul d’une telle ampleur, ne sont pas réductibles aux explications simplistes dont s’accommodent évidemment les déçus et les victimes du scrutin. Certes, l’ampleur nationale, homogène sur tout le territoire, du recul des candidats du parti Socialiste exprime une forte composante protestataire du vote. Mais l’interprétation en est rendue malaisée. Certes, on peut penser que l’abstention, importante mais guère plus qu’en 2008, est cette fois le fait de déçus de la Gauche. Cela n’empêche pas de constater qu’elle n’a pas trouvé son compte dans l’offre politique de la Gauche de la Gauche et qu’au total c’est très nettement un coup de barre a Droite et a l’extrême Droite qu’exprime le scrutin.

Tout indique que les Français sont conscients de l’état du pays et des efforts a consentir, mais ces élections ont surtout manifesté leur doute sur la capacité de la Gauche a être a la hauteur de la situation. En particulier, l’amplification de la sanction du premier tour au second, a clairement poussé le Président de la République à changer de Gouvernement. Mais il ne faudrait pas que cette dimension nationale du scrutin occulte la très nette aspiration au renouvellement des mœurs et des comportements politiques exprimée par l’électorat ! Il est très frappant de constater en Gironde que les défaites de la Gauche les moins prévisibles ont sanctionné des failles ou des fragilités, souvent anodines et imperceptibles, de têtes de liste qui n’ont pas lucidement apprécié les évolutions qui affectent la culture et les exigences politiques de l’électorat de Gauche. Cette aspiration à un changement de mœurs politiques s’est, a contrario, manifestée par la facilité paradoxale de candidates féminines, affichées socialistes ou proches, à conserver voire conquérir des Mairies, à Bruges, Le Haillan, Eysines, Parempuyre, Saint André de Cubzac, Cénac, Guillos ou Saint Selve !

Doit on l’interpréter comme une prime au pragmatisme et au désintéressement ? L’étiquette de Gauche n’a pas plus nui à la conquête de certaines mairies par des hommes quand ils incarnaient une fraicheur d’engagement comme a Mios, Origne, Villandraut, Langon, Saint Savin-de-Blaye ou encore Libourne. Jamais, à Gauche, plus qu’à Droite puisque les Balkany, Woerth ou Bechter n’ont visiblement pas souffert de climats d’affaires délétères, une telle aspiration au renouvellement des comportements politiques, et en particulier à la limitation du cumul des mandats, ne s’était aussi clairement exprimée lors d’un scrutin local. Ce serait s’aveugler que ne pas en tirer de fortes leçons pour les prochains scrutins.

Une ligne pragmatique

Au plan national, un message aussi nettement adressé au Gouvernement et au Président de la République en particulier, ne pouvait rester sans réponse politique forte ! Faute de pouvoir renoncer à redresser des comptes publics et une hémorragie industrielle héritées d’années d’aveuglements et de mirages idéologiques ultralibéraux, il n’avait guère comme option que de changer de casting et d’incarner une nouvelle étape de sa mandature. En nommant Manuel Valls à Matignon, il envoie aux français un message de détermination à une ligne pragmatique plus encline à la recherche de résultats qu’aux délices des débats d’école et à l’intellectualisme éthéré qui ont tant détourné le peuple du Parti Socialiste, ces derniers années. En constituant un gouvernement resserré, et en faisant un grand ménage de printemps a l’Elysée et au Parti Socialiste, il ajoute a l’image de fermeté, de professionnalisme et d’énergie du nouveau Premier Ministre la volonté d’exorciser celle d’amateurisme et de procrastination qui lui colle a la peau. Il n’en reste pas moins que le handicap originel de François Hollande est d’être contraint par les defis économiques et financiers exceptionnels auxquels est confrontée la France, de mener une politique à contre emploi du retard intellectuel et idéologique dans lequel, pour des raisons tactiques et carriéristes, la Gauche française a été délibérément entretenue et infantilisée par ses dirigeants.

Le Président est aujourd’hui rudement confronté aux renoncements d’hier du Premier Secrétaire du Parti Socialiste qu’il fut. Cette singularité européenne, pour ne pas dire mondiale, d’une impréparation de la Gauche française aux multiples et formidables bouleversements de notre environnement socio économique, constitue la difficulté majeure de l’exercice du pouvoir de François Hollande et explique largement les prudences qui lui sont reprochées. Le retrait des Verts de la majorité gouvernementale, au moment ou les élections municipales les ont remis en selle, réduit la majorité théorique du nouveau Gouvernement aux 2 voix du Parti Socialiste qui lui donnent la majorité absolue a l’Assemblée Nationale, puisque le Sénat est déjà virtuellement perdu. Mais la Gauche et le Parti Socialiste en particulier sont familiers des contre réflexes qui aggravent leur situation.

Il s’est déjà trouvé 11 socialistes à l’Assemblée pour ne pas voter la confiance au Gouvernement, avec pour conséquence d’ouvrir un pouvoir de négociation démesuré mais aléatoire aux Verts, et aux Radicaux qui,  du coup, imposent 3 des leurs au Gouvernement. Le Gouvernement Valls est d’emblée condamné à cheminer sur une étroite ligne de crête par fort blizzard ! S’il devait perdre pied, alors les subtilités bonapartistes de notre robuste constitution Gaullienne, laisserait encore au Président l’ultime solution de dissoudre l’assemblée, pour solde de l’échec du second souffle qu’il sollicite aujourd’hui d’une majorité peau de chagrin !

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