Tribune libre – Jean-Michel Arrivé: Crise sanitaire : pour une plus grande solidarité européenne


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 30/03/2020 PAR Jean-Michel Arrivé

Et, le moins que l’on puisse dire, les raisons de s’inquiéter ne manquent pas. La petite musique sur les faiblesses de la  » bureaucratie européenne » et son incapacité à se mobiliser et faire front n’a pas tardé à se faire entendre en effet. Et déjà se tiennent en embuscade ceux qui, sitôt la crise passée et pour de prétendues raisons de souveraineté et de sécurité, ne manqueront pas d’appeler au détricotage des liens européens, à la prorogation de la fermeture des frontières, au retour du chacun pour soi.

Osons affirmer tout d’abord que l’Union européenne (si l’on entend derrière ce vocable les institutions européennes) n’a pas à rougir de son action. La Banque Centrale Européenne en annonçant par la voix de Mme Lagarde l’injection de plus de 1000 milliards d’Euros et sa disponibilité à intervenir « quoiqu’il en coûte» a répondu à la hauteur de l’événement (si l’on excepte les regrettables erreurs de communication initiale). La Présidente de la Commission européenne, Mme Von der Leyen n’a pas été en reste en proposant l’assouplissement immédiat des règles du pacte de stabilité et celles des aides d’Etat ainsi que l’injection de plusieurs dizaines de milliards d’Euros issus des fonds de la politique de cohésion ainsi que le possible recours au Mécanisme Européen de Stabilité.

 

Santé: des compétences négligeables


Sans doute certains crieront-ils encore aux lourdeurs de l’Union européenne et à son incapacité à agir en période agitée. Avançons deux contre-arguments.

Tout d’abord et malheureusement, les compétences de l’Union en matière de santé sont négligeables, relevant encore très largement du ressort des Etats. Dans le même temps, le budget de l’Union européenne (à peine plus de 1% de la richesse communautaire) ne lui permet pas une intervention aussi massive que nécessaire. Dans ces conditions, difficile de faire le reproche à l’Union de ne pas avoir agi avec assez de force dans ce qui est avant tout une crise sanitaire et difficile de lui reprocher de ne pas mettre sur la table des moyens financiers que les Etats s’entêtent à lui refuser.

Mais surtout, si insuffisances il y a, elles sont à rechercher dans le manque plutôt que dans l’excès d’Europe. A quoi a-t-on assisté ces derniers jours en effet ? Au repli sur soi désordonné des Etats, à leur absence totale de concertation dans les décisions de fermeture des frontières, au défaut de soutien des pays les premiers et les plus gravement touchés. Nos voisins italiens qui avaient déjà pu mesurer le manque de soutien au moment de la crise financière et de la crise migratoire sont ainsi en droit de s’interroger sur la réalité de la solidarité européenne. Ce manque de volonté évident des Etats à « jouer collectif » se mesure encore dans la réticence de plusieurs d’entre eux, et pas des moindres, à envisager la mise en place des Eurobonds.

 

Plus d’Europe et non le contraire


Dans ces conditions, qui donc est responsable de la faiblesse européenne sinon les Etats eux-mêmes ? Et quelle leçon en tirer sinon que quand le péril pointe, ce qui est nécessaire pour lui faire face c’est de donner plus de moyens à l’’Europe et non le contraire ? Qui osera dire en effet qu’une plus grande solidarité et plus d’entraide entre Européens est de trop dans de telles circonstances ? Qui osera prétendre qu’une plus grande intégration des services de santé et de sécurité n’est pas indispensable ? Enfin comment imaginer que pour éviter de telles catastrophes dans le futur, une plus grande collaboration entre médecins, chercheurs, administrations de pays qui restent (encore…) parmi les plus avancés de la planète n’est pas cruciale ?,

A la pensée que les nationalistes se saisiront de cette crise sanitaire pour mener un procès anti-européen et préconiser, au péril de la démocratie, des Etats plus forts, nous devons nous mobiliser dès maintenant pour affirmer que la nécessité, plus criante aujourd’hui que jamais, est au contraire de renforcer l’Union européenne.



Jean-Michel Arrivé

Président du Mouvement Européen France Gironde

  

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