Tribune libre: L’heure du Canfranc après les chimères de la Traversée Centrale des Pyrénées


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 10/06/2010 PAR Joël AUBERT

Michel Rodes, vice-président du Creloc, nous adresse la tribune libre que nous publions comme contribution à la connaissance des enjeux de ce chantier; il nous rappelle, au préalable, que « le président de la région Aquitaine, Alain Rousset a inscrit à son budget 30 millions d’euros pour refaire la section Oloron-Bedous de la ligne en 2011 et que les politiques français, faute de mettre sur la table les 100 à 200 millions nécessaires pour rouvrir la ligne Pau-canfranc se dérobent en disant qu’ils sont pour une Traversée Centrale des Pyrénées qui coûtera 8 à 18 milliards dans trente ans… » 

« Nous avions rarement vu un tel déploiement de propagande, en faveur de la Traversée Centrale des Pyrénées ( TCP), comme celui qui a précédé la réunion des Ministres européens des Transports, qui s’est tenue à Saragosse ce début de semaine,avec des manifestations organisées à Tanger, Lisbonne et Madrid, aussi bien au point de vue institutionnel que médiatique. Et tout aussi rarement vu, un projet pourtant soutenu par le gouvernement Régional Aragonais ( Diputacion General de Aragon / DGA), obtenir un si piètre résultat, pour ne pas dire essuyer un sévère revers. Comme si l’absence du ministre français M. Borloo n’avait pas suffi, la réponse du ministre espagnol de l’Equipement M. Blanco, à l’intervention du président Aragonais M. Iglesias, ne fut que le prologue de l’implacable constat : le projet ne serait arrêté qu’en 2020, sans même que soit fixée la date des travaux du prétendu axe prioritaire 16 entre Sinés/ Algerisas et Paris par Madrid et la Traversée Centrales des Pyrénées !

TCP: Moratoire ou…refus?
La crise économique a mis un coup d’arrêt à la politique de construction d’infrastructures de l’Europe, surtout en Espagne, lancée à fond, depuis des années, dans la construction d’aéroports tout azimut, d’un des plus grands réseaux d’autoroutes et de la plus grande partie des lignes à grande vitesse du continent. Si on examine les prévisions du Plan Stratégique Infrastructure et Transports espagnol 2005- 2020, force est de constater qu’elles sont surdimensionnées. Malgré tout, le développement économique et l’appui des fonds européens avaient permis de lancer, ces dernières années, de nombreux ouvrages de grandes dimensions, avec descoûts énormes. C’est dans ce contexte que la DGA a parié sur la TCP comme unique liaison avec le Nord de l’Europe, oubliant au passage la très logique revendication de réouverture du Canfranc.
Maintenant que le moratoire,ne vaudrait-il pas mieux pas mieux dire le refus ?- de l’Europe au sujet de la TCP est officiel, que le rêve de M. Iglesias d’être à l’origine d’un grand projet aragonais vient de se briser, il faut récupérer les aspects positifs de la coopération entre Aquitains et Aragonais, entre Français du Sud et Espagnols du Nord, pour dynamiser la situation : rouvrir le Canfranc. Le CRELOC ( Comité pour la réouverture de la ligne Oloron- Canfranc) et la CREFCO ( Coordination pour la réouverture du chemin de fer Canfranc- Oloron) ont déjà lancé un appel à toutes les forces politiques, sociales et économiques de chacune des deux Régions pour ouvrir un dialogue sincère, qui conduise le plus rapidement possible à résoudre notre actuel déficit en matière de voies de communications ferroviaires, avec un projet à la fois, respectueux des milieux montagnards des Pyrénées et adapté àla réduction des ressources économiques.

1,5 milions de tonnes pour commencer
Cet accord supposera des renoncements de part et d’autre. Les Aquitains doivent comprendre que les Aragonais ont besoin d’un passage efficace des marchandises vers le Nord de l’Europe. Les Aragonais doivent comprendre que les Aquitains veulent défendre la qualité de vie et le tourisme dans les vallées pyrénéennes. Les deux aspirations sont nullement contradictoires et ont un point commun : que l’Espagne renonce à ce que la route N 330 et le tunnel routier du Somport soient une liaison internationale pour les marchandises, que la France réouvre le chemin de fer entre Oloron et Canfranc.
Déjà en mars 1999 nous avons proposé cette solution dans le « pacte du Somport », souscrit entre les organisations sociales des deux pays et les maires, à l’époque, de Canfranc et de Bedous.
Pour ceux qui douteraient encore de l’utilité de la ligne Pau- Canfranc- Saragosse, le récent rapport du Conseil Economique et Social d’Aragon ( CESA) démontre que la réouverture du Canfranc serait une solution suffisante pour satisfaire la demande dans les deux ou trois prochaines décennies. Il serait possible d’opérer par étapes, en commençant par 1,5 millions de tonnes par an et en traction diesel, pour atteindre 4,47 millions de tonnes en traction électrique. Cet objectif est réalisable en trois ans avec un investissement entre 100 et 200 millions d’euros pour la partie française, selon les options retenues ( traction diésel ou électrique, etc … ) . Le tout sans modifier le tracé, donc en respectant l’environnement.
Décidément l’heure est au Canfranc (1). Il faut s’y mettre.

Alain Cazenave-Piarrot, Président du CRELOC
Benjamin Casanova, Porte-parole de la CREFCO

1. lire dans aqui.fr du 2/06/2008 le dossier sur l’histoire du Canfranc

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