@qui ! « Réinventons-nous ! Pour la France, pour la gauche » : telle était l’ambition affichée par le parti socialiste à La Rochelle pour son université d’été… Est-ce que sur le fond vous avez eu le sentiment que quelque chose de nouveau pouvait naître de ce rendez vous sur fond de tensions extrêmes ?
Roland Cayrol – Le parti socialiste est vraiment dans un stade de réel désarroi; il y a longtemps que le PS est un parti d’élus et il a beaucoup mois d’élus depuis les dernières élections municipales. Il le ressent très vivement. Mais ce qui tient le parti ce n’est pas seulement ses élus qui se sentent affaiblis ; c’est qu’il continue à nourrir une espérance d’égalité, d’humanisme de justice sociale. Et les militants ont le sentiment d’être oubliés au profit du pacte de responsabilité et, maintenant, des bonnes relations avec le Medef. Le PS est donc face à une crise d’identité profonde. Se réinventer pour les socialistes, c’est se demander pourquoi ils sont encore fidèles à leur origine historique, idéologique et en quoi ils se renouvellent et pourquoi. Très clairement cette question n’a pas été réglée au cours de cette université d’été. On a assisté à des confrontations, des débats, un accueil très bon du premier ministre réaffirmant sa ligne actuelle …mais, à l’applaudimètre, un accueil encore meilleur pour Arnaud Montebourg, Benoît Hamon, Christiane Taubira.
Au fond le rêve militant, c’est quoi? Avoir quelqu’un qui ait l’autorité: ils l’ont trouvé en Valls et, en même temps, quelqu’un qui continue avec les camarades pour se rassembler autour d’une fraternité militante
@! – Le premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis, de son côté, n’a quand même pas fait dans la langue de bois. Il y est allé très fort pour mettre à nu l’état de la maison PS.
R.C. – Oui, lui a vraiment le boulot de la boîte à outils interne ; il a dit à la fois les défaites électorales, la désertion militante, la nécessité de tout remettre à plat. D’où ces fameux Etats Généraux mais aussi cette idée qu’au PS on va peut être supprimer l’organisation territoriale habituelle autour des sections et fédérations. Et faire autrement. Lui, Cambadélis, est devant une table quasi rase qu’il faut reconstruire idéologiquement, politiquement et pratiquement. Il a intérêt à le dire puisque cela va être son travail.
@! – Quant à Valls comment juger de sa prestation ?
R.C. – Il était là pour montrer qu’il savait être un homme d’autorité; les socialistes ne veulent pas être trop gouvernés à coups de menton… mais, en même temps, ils en ressentent un peu le besoin. Il vaut donc mieux quelqu’un qui affirme avec force son autorité et énergie -peut être un peu trop- une ligne claire, que d’avoir un Jean-Marc Ayrault qui les entraîne dans des sables presque pas mouvants. A La Rochelle, Manuel Valls n’est pas celui qui est le mieux passé mais … il est passé.