Trois regards sur le monde arabe contemporain à l’Escale du livre.


Pierre Planchenault
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 06/04/2013 PAR Lise Gallitre

Deux ans après le début des révolutions arabes, la question de la mise en place d’un régime démocratique dans des pays comme la Tunisie, l’Egypte ou la Lybie reste encore sensible. Observateur et acteur très engagé dans les bouleversements dont ses romans faisaient préssentir l’urgence, Alaa El Aswany a ainsi parlé de la révolution qu’a connu son pays début 2011 comme « un phénomène humain qui aurait quelque-chose de volcanique ». Pour reprendre ses mots, « Il est des choses qu’on ne peut pas expliquer à 100% et je suis convaincue que le soulèvement populaire de ces deux dernières années fait partie de celles-la. Le 25 janvier 2011, le peuple a fait le choix de ne pas laisser les intellectuels seuls, c’était plus fort que lui ».

L’importance de DIRE ce qu’il se passeA ses côtés, Gilles Kepel évoque son regard à lui sur une révolution qui » ne pouvait pas ne pas être ». Dans son dernier ouvrage paru chez Gallimard, Passion arabe, il raconte comment, de mars 2011 à février 2013, il est allé à la source, au plus près de ce qui se passait. Raconter, vérifier, écrire. A ce sujet, les trois interlocuteurs sont arrivés sans peine à s’accorder sur l’importance de l’écrit, du verbe, de la précision, afin que « ce qui a été fait ou dit soit rendu comme tel et que ceci, dans les livres ou ailleurs, serve de leçon, ou non », comme l’a dit A.EL Aswani dont les Chroniques de la révolution egyptienne (Actes Sud, 2011) s’attachent à rendre compte de ce qui a été, sans le transformer. Se référant à son ancien poste de ministre des affaires étrangères, Alain Juppé a reconnu sans peine que le phénomène volcanique dont parlait A. EL Aswani « n’avait pas été considéré à sa mesure ». Pour reprendre ici ses mots, « c’est un épisode qu’on n’a pas vu venir ou qu’on n’a pas voulu voir venir ». L’auteur égyptien et le politologue ont alors confirmé la chose, le second rappelant non sans malice les tribulations de Michèle Alliot-Marie en Tunisie… 

Une Syrie prise en otageLe débat n’a bien sûr pas manqué d’évoquer la situation en Syrie. Pour Gilles Kepel, « il y a plusieurs mondes arabes: un premier où des pays comme la Tunisie, l’Egypte ou la Lybie ont, non sans mal, réussi à faire entendre leurs voix et où les révolutions ont changé les choses et un second, où des pays comme le Yémen ou, plus frappant encore, la Syrie sont complètement pris en otages par des enjeux qui les dépassent complètement ». Et Alain Juppé de confirmer, « c’est exactement ça oui, les Syriens sont aujourd’hui au coeur d’une épouvantable tuerie, dépassés par une révolution qui a été complètement étouffée par Bachar el Assad ». Le mot, sage, de la fin, revenant alors à Alaa El Aswani pour qui « les révolutions doivent êtres accompagnées pour ne pas que les bains de sang noient les principes et les valeurs. »

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