Une grande région du Midi ou de l’Atlantique ?


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 18/07/2014 PAR Jean-Jacques Nicomette

Les « sudistes » persistent et signent. Voici quelque temps, une dizaine de députés de gauche avaient plaidé en faveur d’une fusion entre l’Aquitaine et le Midi-Pyrénées. Cette fois-ci, c’est le sénateur Modem Jean-Jacques Lasserre qui monte au créneau. Cet élu est également l’ancien président du Conseil général des Pyrénées-Atlantiques. Il propose que les parlementaires de son département se retrouvent mardi prochain. Cela, afin de faire cause commune avant que le vote sur  la nouvelle carte des régions ait lieu à l’Assemblée nationale. Et en attendant une seconde lecture du texte cet automne au Sénat.

« Un découpage trop précipité »« Sur le plan de la méthode, le projet de découpage des régions se déroule de façon trop précipitée. Si l’on mesure l’importance des enjeux, cela devient même intolérable » estime Jean-Jacques Lasserre. « Il faut que les citoyens se rendent compte que ce projet s’inscrit dans un contexte d’affaiblissement des départements. Les futures régions vont exercer beaucoup de compétences attribuées jusqu’à présent à ces derniers. C’est par exemple le cas de la voirie, des collèges, de l’aide apportée au développement territorial. Une politique plus élargie sera désormais menée par une région forcément moins homogène. On aura les pires difficultés à s’y retrouver. »

Branle-bas de combat au pied des PyrénéesRaison de plus, dit-il, pour se retrouver « sur des territoires de solidarité, qui sentent les choses de la même façon. Par exemple sur des dossiers comme la LGV, le bassin aéronautique, l’agriculture etc. S’il est un sujet sur lequel les élus doivent se retrouver, toutes tendances confondues, c’est vraiment celui-là ».

Afin de mobiliser ses collègues des Pyrénées-Atlantiques sur la question, Jean-Jacques Lasserre a déjà eu un contact avec le député PS David Habib. « Il est complètement d’accord avec moi » assure-t-il. L’intéressé, qui n’a pas sa langue dans sa poche, a en effet affirmé que la fusion de l’Aquitaine avec le Poitou-Charentes est « une faute et une humiliation ». Parce que l’on réunit des territoires sans histoire et sans culture communes. Mais aussi, une fois encore, parce que l’on ne prend pas la peine d’écouter le sud de l’Aquitaine.

François Bayrou, qui n’est plus parlementaire, mais qui pèse en tant que maire de Pau et président du Modem, a pour sa part résumé en un mot la nouvelle carte de la région : « absurde».

Gilles Savary : «Bordeaux est une ville de l’Atlantique, pas du Midi »

Gilles Savary, député de la Gironde

Gilles Savary est partisan d’une région mettant en valeur la façade atlantique

Un tout autre avis est formulé, « sans arrogance ni mépris », par le député PS girondin Gilles Savary. « La carte nationale a ses faiblesses » reconnaît-il. » Mais ce qui se passe sur le sud de notre pays me paraît cohérent ».

Selon lui, le choix était  clair : créer une grande région du Midi, Languedoc-Roussillon inclus, ou  une autre tournée vers le Sud- Ouest Atlantique. La première hypothèse présentait des cohérences si l’on tenait compte d’éléments comme le bassin Adour-Garonne,  la chaîne des Pyrénées,  la proximité avec l’Espagne etc. « Mais, dans ce cas, Toulouse devenait clairement la capitale régionale. Or Bordeaux a toujours été une ville de l’Atlantique, jamais une ville du Midi. Ni dans le tempérament, ni dans les mœurs ».

« Quel rapport y a-t-il entre Hossegor et Palavas-les-Flots ? »« Je comprends les états d’âme de mes collègues béarnais et lot-et-garonnais » admet l’élu girondin. L’inquiétude et les craintes d’isolement manifestées par les représentants de territoires situés en périphérie d’une région ne datent en effet pas d’hier.  La position, « peut-être plus politique », adoptée par des Landais souvent tournés vers Bordeaux le laisse par contre plus dubitatif.

« Mais quel rapport existe-t-il entre Hossegor et Palavas-les flots ? » demande-t-il .  Alors qu’il lui semble beaucoup plus judicieux de raisonner en tenant compte de la façade atlantique, et de reconnaitre le véritable rôle de capitale régionale joué ici par Bordeaux.  Une cité où, par ailleurs, la présence d’Alain Juppé pèse fortement dans le débat politique.

« L’ordre naturel des choses » « A l’exception de Jean Glavany, qui est Tarbais, je remarque qu’aucune voix ne s’est levée pour défendre dans le Midi-Pyrénées l’idée d’un rapprochement avec l’Aquitaine » ajoute Gilles Savary. « A l’inverse, en Poitou-Charentes et dans le Limousin, la mobilisation est forte. » Une volonté que n’entame guère la préférence affichée par Ségolène Royal de voir le Poitou-Charentes se réunir aux Pays de Loire. « Car ce serait alors Nantes qui deviendrait la capitale régionale. »

« Ce qui se dessine aujourd’hui est en fait dans l’ordre naturel des choses. C’est aussi très cohérent sur le plan socio-économique. Car, si on avait opté pour le Midi-Pyrénées, le Sud-Ouest Atlantique ne serait devenu qu’une sorte de fin de terre au niveau européen. Une façade maritime que la présence d’une capitale régionale située à Toulouse aurait affaiblie. Ce qui s’est fait avec le Poitou-Charentes, l’Aquitaine et le Limousin est en fait le  moins problématique.  Et cela n’empêche pas les liens avec Toulouse. On ne crée aucun rideau de fer ».

Sénat : un temps de retardQuant à l’initiative prise par Jean-Jacques Lasserre, « ce ne sera qu’un morceau de bravoure », prédit Gilles Savary, au-delà du respect qu’il éprouve pour l’élu pyrénéen. « Cette démarche a été affaiblie par le fait que le Sénat se soit dessaisi du dossier en première lecture. De manière paradoxale, cette institution qui représente les collectivités territoriales s’est  mutilée de sa propre vocation. » Difficile de rattraper ensuite.

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