Reportage: « Blaye au Comptoir » dans les restaurants et bars à vin de Paris


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 20/10/2014 PAR Fanny Cheyrou

A quelques rues piétonnes de place de la République à Paris, les lumières chaudes du Barav et de sa cave à vin éclairent une foule quasi habituelle, à une personne près. Le vigneron des Côtes de Blaye qui a choisi ce bar ce soir n’a rien d’un maître de chais mystérieux et austère selon l’image un peu fânée que l’on se faisait des Chartrons bordelais. « Une carte de visite? Non, je n’en ai pas. La meilleure carte que j’ai c’est mon vin alors achetez-en une bouteille ». Debout derrière un tonneau d’antan, Nicolas Vergèz, 30 ans, cheveux blonds et regard rieur, s’engloutit une assiette de charcuterie et un verre de rouge.
C’est sa pause. « Je suis la comme beaucoup d’autres producteurs de Blaye, pour casser l’image du vigneron qui est soit dans un costard trois pièces, soit dans ses bottes en caoutchouc prêt à monter sur son tracteur. À Blaye, nous sommes pour la plupart âgés entre 30 et 50 ans. Les vins que je propose, entre 7 et 14 euros la bouteille, montrent qu’il n’y a pas que des grands crus classés à Bordeaux, mais aussi des bons vins accessibles ». Au milieu de ces dizaines de clients habitués, parisiens purs ou d’adoption pour la plupart, Nicolas se rapproche des clients uns ci et là pour présenter son cru. À cet amateur de vin qui regrette de n’avoir rien pour accompagner sa dégustation, il tend un beau morceau de fromage de vache a l’alcool de noix : « goûtez le avec ce fromage et vous verrez que l’âpreté disparaît complètement », indique le jeune homme qui, la veille, était encore dans les cuves de son village de Cars. « Ah oui en effet, on sent qu’il a du corps vot’vin » répond le client.

Et puis Nicolas continue, sa bouteille à la main. Il aborde ces deux filles assises en terrasse, puis ce groupe d’amis accoudés au bar à l’intérieur installés comme chez eux: « Monsieur, mesdemoiselles, bonsoir, le premier verre est offert ». Il a de l’assurance, et pour cause, Nicolas n’en est pas à sa première édition de « Blaye au Comptoir ». Fils d’un viticulteur ancien pilote d’avion, il a baigné dans les grappes de raisin comme d’autres ont baigné dans la potion magique. Ce qui lui a mieux réussi qu’à notre gaulois, puisqu’il a repris à l’âge de 26 ans les 10 hectares de vignes de son père, et a porté le nom du château la Cassagne Boutet, au sud des Côtes de Blaye, sur la carte de dizaines de restaurants français de la Savoie à la Bretagne, en passant par Paris.

Le Barav, ou il est ce soir, en fait partie : « à la cave, les consommateurs qui viennent acheter leur vin sont vraiment heureux d’avoir un contact avec le vigneron. C’est une vente direct éphémère. Les gens sont de manière générale très demandeurs sur des produits aussi complexes que le vin, avec une forte identité culturelle, dont ils ne connaissent finalement pas grand chose », explique Emmanuel Meffre, nouveau responsable de la cave du Barav. « L’intérêt de ce genre d’événement, c’est que tu as un retour direct, reprend Nicolas. Si un reproche est récurrent, tu sens qu’il faut changer d’angle ».
Vers minuit, alors que les vélos déposés par dizaines dans la rue se dispersent et reprennent le chemin de la maison, Nicolas va saluer quelques personnes et s’en va. Il reviendra demain soir, puis l’année prochaine. Pour les quelques clients qui restent, « bar à vin rime avec longue soirée » et, parés d’un pull en laine, ils fument leur cigarette à l’angle de la rue, un verre de rouge à la main. Cette année encore, plus de 60 000 verres ont ainsi été savourés dans toute la capitale*.

*l’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.

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