Farines Lamouroux, moulin grand cru classé.


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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 20/09/2010 PAR Olivier Darrioumerle

Aujourd’hui, il n’y a plus de lavandières, et plus guère qu’un filet d’eau dans la Saye, mais à soixante quinze ans, Monsieur Lamouroux continue de faire tourner son moulin. C’est son père qui modifia les bases du premier moulin à eau. Maintenant, c’est une petite usine qui ronronne au fond du jardin. De la mécanique, de l’électronique et de l’air qui souffle. Au sous-sol, il nous montre les traces laissées en 1982 par la grande crue de la Saye. Les machines sont surélevées d’un bon mètre, perchées hors de portée des inondations. Sur un panneau de contrôle, des boutons rouges clignotent. C’est le tableau complexe, comme une toile d’araignée, de la chaîne de fabrication. Monsieur Lamouroux presse un interrupteur, tire sur une poignée et nous entraîne à petits pas au premier étage. Les machines concassent à grand bruit la graine de blé pour en extraire l’amande. Aspirées dans des tuyaux, filtrées et désagrégées en semoule, les particules retombent en pluie dans une énorme cheminée en bois de pins. Dans ses mains, monsieur Lamouroux, caresse la farine à la manière d’un tisserand. Comme si c’était un tissu fin, il examine la texture et la granulation. Il pense à voix haute : « Ce sont des vieilles machines et pourtant la farine est de plus en plus fine… » A 17 ans c’était la mécanique qui le passionnait. Aujourd’hui, avec l’âge, ce sont les odeurs, les goûts et la valeur d’un bon pain. La transmission du savoir-faire. Il se souvient de  » ce grand diable  » qui était arrivé avec son formulaire et qui s’était accroché. Aujourd’hui il est passé aux grands moulins de Dakar. « Mon moulin à côté c’est une maquette », s’amuse-t-il avec une pointe de fierté.

« Le principal c’est que le moulin ne s’arrête pas. » 

Monsieur José, boulanger à Créon, se fournit chez Monsieur Lamouroux depuis plusieurs années. Il tord le cou aux idées reçues et témoigne de sa fildélité.  » L’artisanat ne coûte pas plus cher, c’est la qualité qui change ! Il fait des mélanges de spéciaux et écoute ce que je veux. S’il faut renforcer une farine, il le fait. » Pour le meunier, un bon artisan boulanger doit savoir ce qu’il veut. « Je peaufine suivant leurs souhaits. C’est jamais fini, on cherche toujours à faire mieux. »  Son épouse s’en plaint parfois, mais son employé, le regard brillant, nous confie sa joie de travailler avec un passionné. Un seule fois le moulin faillit s’arrêter.  » Il était malade et il pleuvait et il fallait qu’il reste chez lui. Mais de sa voiture, le chauffage à fond et la vitre ouverte, il continuait de me donner des instructions pour faire tourner le moulin ! » Il le suivra jusqu’à la fin quoi qu’il arrive. Mais le meunier avoue, qu’aujourd’hui, il n’a plus  tout à fait la niaque pour démarcher les clients et qu’il aimerait passer la main quitte à faire le boy, l’entretien et la bricole. Non pas que le moulin va à vau-l’eau, mais le meunier de Laruscade voudrait qu’après lui, son moulin ne s’arrête pas.


Olivier Darrioumerle
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