La bonne ou mauvaise odeur n’a pas d’importance pour le maître parfumeur de la maison Hermès, Jean Claude Ellena. Les odeurs sont pour lui comme des mots qui permettent de raconter une histoire, comme des notes qui composent une musique. Modestement, il déclare faire plutôt dans le quatuor que dans l’opéra.
La création d’un parfum se passe, pour lui, dans son bureau, le plus neutre possible, loin de tout laboratoire, sans matière première. L’imagination doit être libre, loin de toute odeur. Les premières notes de création olfactives se passent entre la mémoire olfactive, un crayon, une gomme et une feuille blanche. C’est finalement un acte très solitaire pour un plaisir qui doit être partagé
Le plaisir des odeurs
La collection d’un parfumeur regroupe environ 10 000 matières. Au bout de 40 ans de métier, Jean Claude Ellena déclare travailler avec seulement 200 composants.
La formation initiale est de 6 à 7 ans, mais ce n’est qu’au bout de 20 ans d’exercice qu’on devient parfumeur… c’est un peu à la manière de Simone de Beauvoir. L’apprentissage du bonheur, à savoir faire une odeur avec un minimum des molécules est très long et ne s’arrête jamais. On acquiert avec les années des schémas dans sa tête pour composer une odeur comme un illusionniste. Pour lui « l’illusion n’est pas un mensonge, mais une façon de répondre au désir ».
Je pense au plaisir des odeurs que nous avons tous : la mémoire de celles de notre enfance, celle du pain grillé, d’un plat préféré, du bon vin, l’odeur d’une peau… le parfum de l’autre est aussi le notre, quel bonheur !