Au Pays basque, l’AOC Porc Kintoa rime avec Oteiza


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 20/08/2016 PAR Felix Dufour

Béret vissé sur la tête, respirant la force basque et un petit sourire au coin des lèvres, l’éleveur et artisan des Aldudes _c’est ainsi qu’il se définit_ Pierre Oteiza marquera d’une pierre blanche (de la Rhûne) cet été 2016. Un soleil éclatant brille depuis ce 17 juillet au-dessus la tête noire de ses chers porcs Kintoa. Quand le Journal officiel a concrétisé son appellation d’origine contrôlée, le fameux sigle AOC qui protège et accélère la notoriété de ses heureux élus.

« Désormais, nous avons donc mis le tracteur patiemment construit sur la route. Mais nous nous étions fixés une feuille de route exigeante et il faut rester dans cette bonne voie. Cette AOC, nous la fêterons plus tard. En octobre. Dès ce lundi, avec douze éleveurs, nous partons pour le Jura et les Alpes pour observer le fonctionnement en appellation contrôlée des fromages de Comté et de Beaufort. Ce sont des références en matière rigueur, mais aussi de rémunération des éleveurs. » commentait le héros des Aldudes dimanche au petit matin.

Menacé de disparition hier, reconnu 33 ans plus tardMais Dieu que la route aura été longue et l’investissement d’Oteiza de tous les instants, auprès de ses porcs de race basque, Pie noire du Pays basque, (euskal Xerria en euskara). Il est vrai que le Kintoa, du nom de l’impôt prélevé par les rois de Navarre sur les pacages du Pays de Quint au XIIe siècle, revient de loin. Les éleveurs de Banca et de la vallée des Aldudes prennent comme une claque, en 1981, la déclaration, par le Ministère de l’agriculture, de la disparition de la race. C’est mal connaître la détermination basque qui a toujours défendu son patrimoine comme sa langue. Pierre Oteiza sera l’animateur, le fer de lance de la résurrection puis de la reconquête. De 1981 à 1986, l’Institut technique recense 25 truies et cinq verrats.

Quatre ans plus tard, avec d’autres éleveurs, il crée l’association « Le Porc basque en Vallée des Aldudes », puis en 2001, l’Association de développement de la filière porc basque et dans la foulée une demande de reconnaissance en Appelation d’Origine Contrôlée auprès de l’Institut national de l’origine et la qualité (INAO). Des 10 éleveurs du début, ils sont aujourd’hui 80 adhérents avec 75 éleveurs, 3 transformateurs artisanaux, l’abattoir de Saint-Jean-Pied-de — Port, et le Séchoir Collectif des Aldudes, soit une centaine de salariés pour une production de 3000 tonnes.

Pierre Oteiza, le VRP des Aldudes a son équipe de chocC’est en 1989 que, fils d’éleveur, Pierre Oteiza prend son bâton de pèlerin pour réhabiliter ce porc patrimonial élevé en liberté et nourri principalement d’herbe et de fruits de saison comme les châtaignes, glands, faînes (de septembre aux premières neiges) et pour préserver un équilibre alimentaire, d’un complément de céréales non OGM amené chaque jour par l’éleveur. Le plus dur est de le faire connaître. Il reçoit l’aide précieuse d’Antton Oçafrain. « Cet éleveur de brebis tête noire dans la vallée a été le premier à acheter mes porcs. Puis son fils Michel, quand il a repris l’exploitation paternelle, m’a accompagné sur cette longue route avant que d’autres éleveurs nous accompagnent dans l’aventure. Il est devenu le président de la filière. Il y a douze ans, un Ardéchois, Claude Carniel, s’est présenté pour un poste qui n’existait pas dans l’entreprise. En dix minutes, j’ai senti le bonhomme et je lui ai dit, je n’ai pas de poste particulier pour vous, mais vous avez votre place chez nous. Aujourd’hui il est directeur général de l’entreprise…. »

Pierre Oteiza

Avec une équipe de confiance, Pierre Oteiza peut partir à la conquête de la capitale et de l’Europe souvent accompagné par Catherine, sa femme. « Elle est infirmière. Un jour elle est venue me soigner, et elle m’accompagne… » Participation à des salons et manifestations agricoles, jusqu’à Montréal. Et ce n’est pas fini. « La porte entrouverte par les États-Unis a été une excellente dynamique », dit-il encore. Puis Il est parti à la conquête du Moyen-Orient, Hong Kong et le Japon… Quand il est dans sa ferme, il assure lui-même les visites de l’élevage des Aldudes. Un bijou. « Je reçois régulièrement des Japonais, ils accrochent vraiment au Kintoa, c’est bon signe ».

À soixante ans, cet hyperactif en parait largement dix de moins —  » Mais je pense que j’ai été inscrit à une mauvaise date sur l’état civil, il a dû se passer quelque chose à la mairie », commente-t-il amusé.

Cet AOC qui délimite à 231 communes le Kintoa est aussi en réalité une étape pour une reconnaissance européenne. Comme chacun sait, dans le cochon tout est bon, et on peut compter sur l’infatigable ambassadeur des Aldudes pour le faire savoir. La force basque a trouvé un de ses disciples indestructibles.

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