Quand le ballet de Bordeaux danse avec Thierry Malandain venu de Biarritz


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 18/07/2008 PAR Joël AUBERT


Un collant académique noir et un tee-shirt gris. Parmi les danseurs, Thierry Malandain ne dépareille pas. Les lunettes peut-être. Car pour le reste, il n’est pas avare de mouvement. Il danse, accompagne, remplace, montre l’exemple. D’une voix douce, il donne ses indications, détaille une attitude, puis recommence encore et encore. « Il est très gentil, mais il sait ce qu’il veut », sourit Juliane Bubl, soliste du ballet de l’Opéra de Bordeaux.
En juillet, la troupe travaille avec le chorégraphe biarrot pour un spectacle qui sera donné en novembre prochain au Grand Théâtre : « Quatre tendances ». Quatre grands noms de la chorégraphie livreront leur vision de la danse : William Forsythe, Jiri Kilian et Claude Brumachon accompagneront Thierry Malandain.
Ce dernier avait déjà collaboré, il y a quelques années avec Charles Jude pour la reprise d’un ballet. Mais, cette fois-ci, l’enjeu était différent, puisque le directeur du ballet bordelais lui avait demandé une création personnelle d’environ 30 minutes. « Je n’avais pas d’autre critère que celui-ci, explique Thierry Malandain. Depuis longtemps, j’avais envie de travailler sur un morceau de Ravel, intitulé Valse. Pour Bordeaux, j’ai trouvé une idée ».

Maurice Ravel et Théophile Gauthier
C’est un livret de Théophile Gauthier, qui avait rédigé plusieurs livrets pour ballet, qui a inspiré le chorégraphe. « L’histoire d’un homme, Santacroche, qui veut épouser une jeune femme, qui ne veut pas de lui et promise à un autre. Santacroche utilise alors le pouvoir de l’hypnose pour la séduire et la convaincre de l’épouser. Finalement, la jeune femme, Gemma, réalisera son emprise et parvient à s’en détacher. La valse de Ravel est très noire et ce livret, même si je l’ai adapté, s’y prêtait bien ».
Avant de commencer un ballet, l’ancien danseur des ballets de Nancy s’imprègne de la musique et imagine des dessins. Pas de mouvements précis, simplement des figures géométriques que le ballet pourrait réaliser. « C’est avec les danseurs, chaque jour, que je crée la chorégraphie. Le matin, je sais juste à quelle figure je voudrais arriver. Ensuite, au fur et à mesure, j’invente les pas ». Une technique de création qui n’a pas eu l’air de perturber les danseurs de Bordeaux. « C’est vraiment agréable et toujours intéressant de travailler avec un autre chorégraphe, reprend Juliane Bubl. Et puis, c’est une autre danse, alors, notre corps doit s’habituer, et ces derniers jours, j’étais pleine de courbatures ! Pourtant, nous dansons tous les jours, mais quand on change de style, nos muscles ne sont pas sollicités de la même manière ».

Un retour au classique
Le chorégraphe aussi doit s’adapter à ces nouveaux danseurs. « Les miens connaissent bien ma danse, explique-t-il, alors certaines explications sont plus rapides.
Mais les danseurs de Bordeaux sont vraiment d’excellents danseurs classiques, l’une des rares troupes françaises à faire des pointes. Alors, je me suis demandé si ça n’était pas l’occasion pour moi de revenir à une danse plus classique. J’adore la danse classique, c’est mon histoire, et j’aimerais vraiment participer à sa rénovation, à sa survie aussi, car c’est un art en perdition. »
Finalement, le biarrot n’a pas osé franchir le pas. Pas encore. Car Thierry Malandain est en perpétuel questionnement, en perpétuelle recherche d’une nouvelle danse. « J’aurais besoin de temps pour expérimenter de nouveaux possibles, pour voir si on peut revenir à une danse classique sans faire ce que d’autres ont déjà fait très bien avant moi. »
Bordeaux accueillera en novembre cette dernière création de Thierry Malandain pour cinq représentations. Le chorégraphe partira, alors, vers d’autres réflexions, vers d’autres ballets, d’autres questionnements.

Sophie-Alice Lansalot


Nota : Vous pouvez aussi retrouver la critique de la dernière création du ballet Biarritz dans votre guide de l’été.

Quatre tendances au Grand Théâtre, les 31 octobre, 3, 4, 5 et 6 novembre 2008.
Renseignements au 05 56 00 85 95

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