A Bournos, le kiwi grignote (un peu) les surfaces en maïs


L'alliance entre Euralis et la Scaap Kiwi pour développer la culture du kiwi dans le Sud-Ouest, se concrétise sur le terrain, et notamment chez Anne-Laure et Gilles Arramon à Bournos.

A Bournos, Cédric Brana d'Euralis (à gauche) a accompagné Anne-Laure et Gilles Arramon dans leur projet de plantation d'un verger de kiwis, dans le cadre d'un partenariat entre Euralis et la Scaap KiwidefranceAqui.fr
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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 15/04/2022 PAR Solène MÉRIC

Le kiwi, cela fait deux ans qu’Anne-Laure et Gilles Arramon, installés à Bournos dans les Pyrénées-Atlantiques, y pensaient. C’est en apprenant l’existence d’un accompagnement, mis en place par leur coopérative Euralis et la Scaap Kiwi de France pour se lancer dans la culture, qu’ils ont décidé de sauter le pas pour diversifier leur exploitation, jusque-là basée sur le maïs et l’élevage allaitant. Un sacré pas, puisqu’Anne-Laure s’est à cette occasion installée agricultrice au côté de son mari. S’ils démarrent leur nouvelle culture avec un projet de 2 ha, l’ambition de la convention passée entre Euralis et la Scaap kiwi est de produire quant à elle, au minimum 200 ha de kiwis d’ici à 3 ans sur l’ensemble du maillage territorial d’Euralis.

« La consommation de kiwis est en progression constante en France », témoigne Cédric Brana, responsable développement de la filière Kiwi pour Euralis. « 50 000 t de kiwis sont produits chaque année pour une consommation d’environ 90 000 t. En 7 ans, la consommation de kiwis a augmenté de 10 000 t », précise-t-il.

Un enjeu de filière et de résilience des exploitations agricoles
Autrement dit le marché est là, avec des consommateurs friands de ce fruit volontiers qualifié d' »alicament » (aliment-médicament, ndlr) qui plus est « très peu voire pas traité, car peu soumis aux ravageurs ». A cela s’ajoute un réel enjeu de filière. Alors que la consommation va croissante, la production elle, est à la baisse pour cause entre autres, de vieillissement du verger national: moins 12.000 tonnes en moyenne depuis 2016, selon la Scaap Kiwi. Passé les trente ans, l’arbre est moins généreux. Le renouvellement engagé doit permettre d’éviter une fuite de la filière à l’étranger.

Autant d’éléments qui résonnent avec les orientations de la nouvelle stratégie d’Euralis de développer « des productions pérennes, de qualité, et à forte valeur ajoutée » auprès de ses adhérents. Objectif : permettre la diversification économique des exploitations pour contribuer à leur résilience. Sur le kiwi, il serait dommage de s’en priver : il se plaît dans le Sud-Ouest depuis son implantation au milieu des années 1960. 75 à 80% de la production française en déjà est originaire.

Un accompagnement pour néophytes
Concrètement, cet accompagnement des agriculteurs, côté Euralis, «va de l’idée du projet jusqu’au prêt à planter ». Une aide sur le dimensionnement du projet _filet de protection, palissage, irrigation_ , sur la réalisation d’un plan de financement, des demandes de subvention… C’est ensuite la Scaap Kiwi qui prend le relais de l’accompagnement sur le démarrage de la plantation avec une expertise technique et la commercialisation des fruits.  « Le maître-mot c’est la sécurisation tout au long du projet », insiste Cédric Brana. Et via les coopératives et leurs partenaires bancaires, les adhérents peuvent accéder à des prêts à 0% de 7000 €/ha, remboursables au bout de 5 ans.

Une sécurisation et un conseil bienvenus pour des exploitants, néophytes en arboriculture, qui se lancent sur une surface comprise entre 1 et 3 ha. Concernant le projet d’Anne-Laure et Gilles Arramon, l’accompagnement a particulièrement été apprécié sur la question de l’eau, nécessaire à la fois pour la protection de la culture contre le gel et pour l’aspersion en été. « Il y avait un réseau d’irrigation pour le maïs irrigué sur les 2 parcelles. Mais nous avons rencontré des problèmes techniques qui nous imposaient de tout refaire, » pointe Gilles Arramon qui reconnaît que les besoins en eau du kiwi sont importants, notamment pour lutter contre le gel. « Ce n’est pas un gros problème dans la mesure où l’eau est disponible en hiver! ».



« Mieux valoriser l’eau »
Un facteur eau décidément central dans le projet du couple, puisque derrière la volonté de diversifier les activités de l’exploitation, « mieux valoriser l’eau faisait partie du projet », reconnaît volontiers Gilles, plutôt satisfait également de travailler sur une culture peu gourmande en intrant : « C’est bien pour le consommateur, mais c’est bien aussi pour ceux qui travaillent au milieu du verger… », rappelle-t-il. Une culture à 99% manuelle.

A Bournos, pour 2 hectares de kiwis, 1 hectare de kiwis verts et 1 hectare de kiwis jaunes, « nous estimons l’investissement à près de 140 000 €, au lieu des 100 000 initialement estimés en raison des hausses des matières premières suite au Covid ».  Un pari qu’il faut assumer ; mais une fois lancée « la production est de 25t/ha à partir de la 7ème ou 8ème année » Cédric Brana. « La production commence vers 3 ou 4 ans, puis elle monte progressivement : 6 t/ha à 4 ans, 8t à 5 ans, 16 t à 6 ans, etc. Ensuite c’est parti pour un verger de 30 ans en pleine production », d’où le caractère pérenne et structurant de la culture à l’échelle d’une exploitation… Si en début de plantation les investissements sont importants, « la marge brute nette avant amortissement est estimée à 20 000 € par ha, en se rémunérant à 14€/h », indique le responsable Euralis.

Un projet pour « une nouvelle vie »
Aujourd’hui les 2 parcelles d’1 hectare chacune sont tout juste plantées, et l’heure est à l’enthousiasme pour Gilles et Anne-Laure, qui voient là, à 45 ans, une forme de « nouvelle vie ». Si le changement est important pour Gilles qui voit partiellement modifier le système de son exploitation, apprenant l’arboriculture, ce projet « à la fois professionnel et personnel » impacte particulièrement Anne-Laure.

Infirmière libérale, elle s’est en effet installée en juillet dernier au côté de son mari pour porter ce projet, sans avoir l’intention d’arrêter son premier métier. « Je jongle sur les deux métiers, mais le but est de pouvoir travailler ensemble sur ce projet kiwi. Il faut voir aussi que le verger ce n’est pas un travail à temps complet : il y a un temps pour la taille, pour le ramassage des fruits, mais pas d’impératif d’immédiateté dans l’exécution des tâches. Si je ne ramasse pas un jour, je peux y aller le lendemain », explique-t-elle. « Contrairement aux fenêtres météo parfois étroites quand il s’agit de semer le maïs par exemple », ponctue son mari rodé à ces impératifs. Et, ajoute-t-elle, « il y a un vrai confort de travail, dans le sens où dans le verger on se sent bien, apaisé ».

Si Gilles et Anne-Laure sont les premiers à mettre en terre des plants de kiwis dans le cadre de ce partenariat entre Euralis et la Scaap Kiwis, Euralis indique que pour l’heure « 120 adhérents se sont dits interessés par cette filière, et 40 exploitants ont déjà signés des projets pour un total de 60 hectares de plantation de kiwis ».

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