15 mars : journée d’actions à Bordeaux


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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 15/03/2018 PAR Romain Béteille

Les retraités en nombre

La Nouvelle Aquitaine n’a pas manqué le rendez-vous fixé ce jeudi 15 mars. À l’appel de neuf syndicats partout en France (UCR-CGT, UCR-FO, UNAR-CFTC, UNIR CFE-CGC, FSU Retraités, Solidaires, FGR, LSR et UNRPA), ils ont défilé pour dénoncer la perte de leur pouvoir d’achat, impacté par l’augmentation du taux plein de la CSG sur les pensions de retraites de 1,7 points en janvier (ce dernier est ainsi passé de 6,6% à 8,3% et concerne environ 60% des retraités selon le gouvernement, ceux possédant un revenu fiscal annuel égal ou supérieur à 14 404 euros pour une personne seule (1200 euros par mois environ) et 22 095 euros pour un couple. Les retraites, elles, ne devraient pas, contrairement au montant du minimum vieillesse, être revalorisées avant janvier 2019 après une augmentation de 0,8% en octobre dernier. Sauf que pour les syndicats, la pension « est tout sauf une allocation sociale », comme nous disait ce matin un manifestant venu rejoindre le cortège. Ce dernier, composé de plusieurs milliers de personnes à Bordeaux s’est réuni aux alentours de 10h place Pey-Berland à Bordeaux pour débuter la manifestation en direction de la préfecture vers 11h00, en passant par la place Gambetta. Dans la région, plusieurs cortèges ont défilé au même moment : Périgueux, Bergerac, Mont-de-Marsan, Agen ou Bayonne notamment, où 1200 manifestants se sont réunis devant la mairie. 

Manifestation Bordeaux

Déjà nombreux, ils étaient loin d’être les seuls à battre le pavé lors de cette journée où les mouvements se sont croisés. À 14h, les salariés des établissements d’hébergement pour personnes âgées (Ehpad), des hôpitaux gériatriques, des maisons de retraites non médicalisées ou encore de l’aide à domicile ont entamé un rassemblement devant le siège de l’Agence Régionale de Santé à Bordeaux, rue Belleville. Même si leurs revendications se rejoignent sur bien des points, c’est pour eux la seconde vague de mobilisation après celle du 30 janvier. « Les conditions de travail et l’insuffisance de personnel ont des conséquences sur la dégradation des soins, des prestations et de la qualité de services aux usagers », dénonçaient notamment ce matin des portes paroles de la Cfdt Retraités dans un communiqué avant la manifestation organisée en début d’après-midi à l’appel de « large » intersyndicale, tout en proposant plusieurs actions concrètes au gouvernement, dont « une indexation des pensions sur les salaires », « la suppression de la cotisation spécifique de 1 % sur les pensions des retraites complémentaires » ou « une amélioration de la prise en charge de la complémentaire santé comme cela avait été promis lorsque les salariés ont obtenu une généralisation de la participation des employeurs au paiement de leurs cotisations », rappelle notamment la CFDT. Plusieurs autres communes de Gironde, dont celles de Saint-André-de-Cubzac ou de Branne, ont aussi eu droit, dans une moindre mesure, à leur rassemblement. La ministre de la santé, Agnès Buzyn, si elle a participé aux récentes Assises Nationales des Ehpad, n’a visiblement pas convaincu par ses annonces censées répondre aux demandes syndicales, favorables au retrait de la réforme de financement des maisons de retraites médicalisées, tandis qu’un récent rapport parlementaire semble, lui, aller davantage dans le sens de leurs revendications. Une première feuille de route devrait être dévoilée fin mars, avec de possibles nouvelles annonces.

Les étudiants en soutien

Manifestation Bordeaux

En déplacement à Tours mercredi, Emmanuel Macron a lancé un « appel à la solidarité entre les générations » lors d’une visite d’un CFA à Tours. Cet appel a visiblement été entendu jusqu’à Bordeaux, où plusieurs centaines d’étudiants ont également rejoint le cortège des retraités en fin de matinée du côté de Mériadeck, ce qui pouvait sembler assez peu quand on compare ce chiffre aux quelques 56 000 d’entre eux évoluant sur le campus bordelais, dont 50% en deuxième et troisième cycle. Le grand cortège rassemblé s’est ensuite séparé en plusieurs groupes, l’un cheminant vers la Victoire et l’autre vers la Préfecture. Tandis que l’amphitéatre Gintrac, à la fac Victoire, est toujours occupé depuis plusieurs jours par 100 à 200 d’entre eux; les jeunes manifestants, dont la tête de cortège était affublée de foulards masquant leurs visages et de lunettes noires, ont rapidement témoigné leur solidarité. Pourtant, leur combat n’est pas le même, à en juger par le slogan de la banderole principale sur laquelle était écrit « Tunon m’a radicalisé », faisant à la fois référence au Président de l’Université de Bordeaux et à une autre banderole, celle des fonctionnaires de Nantes en octobre dernier. Ce qui cristallise leur colère, c’est une autre loi, celle réformant l’accès à l’université baptisé ORE (pour Orientation et Réussite des Étudiants), déjà adoptée depuis le 15 février et accusée par les syndicats étudiants de favoriser une « sélection sociale » à l’entrée de l’Enseignement supérieur. Le discours du gouvernement, lui, soulignait début mars que plus de 19 000 des 22 000 places promises aux étudiants pour la rentrée 2018 avaient déjà été financées, et que d’autres pourraient l’être « si nécessaire », mais ces annonces ne semblent pas vraiment rassurer… 

Ford : une absence remarquée

Manifestation Blanquefort

Le 15 mars devait aussi être une date importante pour les 910 salariés de l’usine Ford à Blanquefort dont l’avenir est menacé suite au souhait des dirigeants de se désengager du site après 2019. Ce matin, vers 10h30, entre 150 et 300 d’entre eux étaient rassemblés devant le site. Ils attendaient la venue des dirigeants de Ford Europe, qui avait annoncé à plusieurs reprises (dont une le 9 mars dans un communiqué après le comité de suivi à la préfecture de Bordeaux) que ce jeudi 15 mars serait pour eux l’occasion de tenir un comité d’entreprise pour « informer de l’agenda à venir ». Le seul problème, c’est que ces derniers manquaient visiblement à l’appel : « nous avons appris mercredi soir que les dirigeants de Ford Europe ne viendront pas à l’usine pour la réunion de CE extraordinaire. Une réunion qu’ils voudraient faire depuis leurs bureaux, loin en Allemagne, par système vidéo. Nous dénonçons la politique de Ford et nous dénonçons aussi une attitude qui relève d’un profond mépris social » a notamment communiqué la CGT, qui affirme également sur son blog que des « barrières anti-émeutes » ont été installées à l’entrée du site pour protéger la tenue de cette conférence vidéo. Du côté de la direction de Ford, on estime que ce renoncement est dû à des craintes sur « la sécurité de ses représentants. Il y a eu la semaine dernière lors de la tenue du comité de suivi à la préfecture un certain nombre d’incidents qui ont été menés par quelques manifestants et qui ont perturbé le départ des véhicules qui transportaient les représentants de Ford Europe ». La préfecture de la Gironde, elle, assure qu’il « y a bien eu une manifestation mais pas d’incident ». « Grossier cinéma » pour la CGT, qui a donc décidé de boycotter la visioconférence envisagée avec la direction, à laquelle n’ont participé que les cadres de la CFE-CGC et des membres du syndicat FO, et appelé au débrayage de ce jeudi matin. Du côté de la mairie de la commune, on annonçait mercredi soir la création d’une édition spéciale du magazine municipal consacrée « à Ford et aux actions menées pour sauver les emplois », après avoir lancée une campagne de communication et une pétition en ligne. Ce numéro spécial sera notamment distribué le vendredi 16 mars de 7h30 à 9h00 en gare de Blanquefort.

La situation semble donc se compliquer pour le gouvernement, alors même que cette mobilisation en annonce déjà une autre : le 22 mars prochain, quatre syndicats de cheminots de la SNCF ont appelé à un mouvement national contre la réforme annonçant notamment la transformation du groupe ferroviaire en société anonyme et la fin du statut des cheminots. Mercredi soir, trois des quatre syndicats de la RATP annonçaient se joindre à ce mouvement. Et ils ne devraient pas être les seuls : les personnels hospitaliers, Ehpad, finances publiques mais aussi retraités et étudiants devraient à nouveau battre le pavé. 

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