A Beynac, les pro-déviation soufflent le vent de la colère


Claude-Hélène Yvard
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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 04/07/2020 PAR Claude-Hélène Yvard

Pour les pro-déviation du Beynac, ce 4 juillet aurait du être un jour de fête célébrant l’inauguration d’un contournement  espéré et attendu par bon nombre habitants et entreprises de vallée de la Dordogne. Mais le lundi 29 juin, la plus haute juridiction en a décidé autrement : le conseil d »état a mis  fin à plus de 25 ans d’un combat politico-judiciaire entre les défenseurs d’une déviation qui aurait permis selon eux, de sécuriser l’accès à ce plus beau village de France et de développer l’activité économique dans ce secteur où beaucoup d’entreprises ont disparu ces dernières années, et les « anti déviation, qui estiment que ce projet n’est qu’une bétonisation nocive pour l’environnement et le paysage et qu’il appartient désormais au passé. 
Entre 250 et 300 personens étaient réunies ce samedi matin, pour défendre le projet de déviation et faire entendre leur colère. Parmi les participants, on notait la présence des quatre communes concernées, soient Saint-Vincent-de-Cosse, Castelnaud-la-Chapelle et Beynac-et-Cazenac), Fabrice Berbessou, le président de l’association J’aime Beynac et sa vallée, et Germinal Peiro, le président du Conseil départemental, maître d’oeuvre du dossier, soutenus par de nombreux habitants de la vallée de la Dordogne et plusieurs élus, dont certains étaient venus du Bergeracois. 
Si la voie judiciaire semble désormais totalement épuisée, le préfet de la Dordogne ayant signé l’arrêté encadrant les travaux de démolition des ouvrages déjà réalisés dès le 1er juillet, les défenseurs de la déviaition veulent poursuivre leurs actions sur le terrain politique, même si on ne sait pas encore sous quelle forme, ces actions seront menées dans les prochaines semaines.  En tout cas, ni les membres de le département de la Dordogne, ni les membres de l’association Jaime Beynac et ma vallée ne veulent croire en ce début d’été à la fin du projet. « Nous disons publiquement que c’est un scandale que nous devons dénoncer. Dans ce dossier, l’Etat a abandonné le Déoartement de la Dordogne en le privant d’un jugement sur le fond; la sécurité n’est pas assurée dans la traverse du bourg.  Il y a de nombreux embouteillages tout au long de l’année, représentant des nuisances importantes, nuisances sonores, pollution de l’eau, vibrations dans un secteur où les falaises sont classées en zone rouge. Le plus beau village de France de Beynac n’a plus une bonne image. Nous devons continuer à nous mobiliser pour que le contournement se réalise et pour empêcher aujourd’hui la démolition des travaux déjà réalisés, indique Fabrice Berbessou.  Les travaux de démolition  se chiffreraient, eux aussi, en millions (entre 10 et 12), alors que le conseil départemental dit avoir déboursé  plusieurs millions. 

Un appel à la désobéissance civile

Les élus en faveur du projet dont le nouveau maire de Beynac ont pris la parole

Le nouveau maire de Beynac, Serge Parre, élu très largement dès le premier tour des municipales avec 88 % de participation, dénonce une situation dramatique pour son village. Inquiet pour la sécurité des Beynacois, il indique avoir rencontré ces derniers jours, certains opposants, dont la députée de la circonscription Jacqueline Dubois, et  qu’ils n’ont aucune solution concrète  à proposer. Il en appelle  aujourd’hui au chef de l’Etat, et l’invite à se rendre sur place, « afin que l’Etat retrouve la voie du bon sens et qu’il permette l’achèvement du chantier. » Germinal Peiro, le président du Conseil départemental, fut le dernier à prendre la parole. Il ne baissera pas les bras.  « C’est un scandale environnemental », car « on nous empêche de faire une voie douce dans la vallée. La pollution va rester dans le village« , reprend l’ancien maire de Castelnaud-la-Chapelle, un des villages concernés directement par ce contournement. Germinal Peiro a aussi rappelé que les élus locaux, les habitants, trois parlementaires (mais pas Jacqueline Dubois, la députée du Sarladais) et les présidents des trois chambres consulaires soutenaient le projet. Enfin, toujours sur le registre du « scandale », ce sont « 40 millions d’euros jetés à la poubelle ». « L’État a donné son autorisation avant de la retirer onze mois après le début des travaux.  L’État ne tient pas compte de l’argent public. C’est particulièrement choquant dans la période qu’on traverse. » Germinal Peiro précise que le Département suivra à la lettre l’arrêté préfectoral encadrant la démollition des éléments réalisés mais il précise qu’il y a une impossibilité  de réaliser les travaux de remise en état du site dans les délais fixés par la cour administrative d’appel de Bordeaux. Ce dernier a  aussi appelé à la désobéissance civile pour, à défaut de poursuivre le chantier, empêcher la destruction de ce qui avait été fait. « Vous savez, pour empêcher un chantier, il n’y a pas besoin d’être 10 000.  Je connais devant moi au moins une centaine de personnes qui iront faire ce que les zadistes ont fait, c’est à dire se mettre devant les bulldozers. Et vous verrez que ça n’avancera pas si vite que ça… »
Une des principales associations d’opposants,  l’association Défendre l’Intérêt Général en Dordogne vient d’écrire au préfet de la Dordogne : elle s’inquiète  sur les risques que la situation s’envenime et demande au préfet  de rappeler au président du Département le respect de l’État de droit. La hâche de guerre ne semble pas près d’être enterrée et le feuilleton n’est pas terminé. 



 

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