A Bordeaux, Anne Lauvergeon prône la complémentarité entre le nucléaire et les énergies renouvelables


sophiejazz2009
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 18/11/2011 PAR Aymeric Bourlot
Dirigeante pendant plus de 10 ans, du groupe Cogema, devenu, avec le succès que l’on sait, Areva, Anne Lauvergeon demeure la figure actuelle du nucléaire en France.Seule femme à la tête d’une entreprise cotée au CAC 40 du temps de sa présidence d’Areva, son parcours et sa réussite sont vite devenus un symbole, à tel point que son éviction à l’été 2011 sur décision présidentielle a déclenché une polémique dont elle se serait sans doute bien passé.
« Je suis très écolo à la base et j’aurais du être anti-nucléaire » affirme-t-elle face aux sceptiques, « Mais j’ai voulu aller au bout du sujet pour voir où était la vérité ». Une vérité qu’elle a trouvée dans le choix assumé du nucléaire et dans sa complémentarité avec les énergies renouvelables. « Le nucléaire n’est pas la solution, mais il n’y a pas de solution sans nucléaire » explique Anne Lauvergeon. « On aura besoin de toutes les énergies, mais avec beaucoup moins d’idéologie. D’ici à 2050 il faut doubler la production en électricité, mais produire deux fois moins de CO2. Aujourd’hui, seuls le nucléaire et les énergies renouvelables n’en produisent pas, mais ces dernières sont intermittentes ».

« Le nucléaire a un coût et il faut l’assumer »
Interrogée ensuite sur son bilan à la tête d’Areva, Lauvergeon défend ses choix, notamment celui de ne pas s’être alignée sur le nucléaire « bas de gamme » et d’avoir ainsi perdu le contrat d’Abou Dhabi en 2007. « La sûreté et la sécuritésont mes obsessions. Le nucléaire ne peut pas être bas de gamme. Il a un coût et il faut l’assumer. Après les évènements de Fukushima on s’est rendu compte que je ne m’étais pas trop trompée dans mes analyses » explique-t-elle face aux critiques concernant le coût des EPR (réacteurs nucléaires de 3ème génération). En complément de cette analyse, Anne Lauvergeon note « L’avance » de la France dans le secteur et appelle à la prise de conscience concernant « La fin dutemps de l’énergie facile et pas chère » et le caractère « Sérieux » de l’indépendance énergétique française. « Si on veut garder une industrie solide, il faut réfléchir avant de faire des bêtises dans un des rares secteurs où le pays est en avance, comme celui du retraitement des déchets où nos technologies sont les meilleures du monde».

« L’Europe doit avoir une politique énergétique »

Concernant les orientations politiques à prendre sur le nucléaire et l’ensemble des autres énergies, l’ancienne élève de l’Ecole Normale Supérieure, préfère botter en touche. « Ce n’est pas à moi de décider, c’est un sujet qui doit se prendre au niveau politique. Mais je reste convaincue que s’il y a bien un domaine qui demande de la continuité et qui ne doit pas changer tous les cinq ans, c’est celui de la politique énergétique. Je suis sûre qu’il faut du nucléaire demain, que l’Europe doit avoir une politique énergétique comme la France en a une.Mais ce n’est pas à moi de décider combien de centrales il faut, ni dans quelles proportions il faut combiner le nucléaire et les énergies renouvelables ».
Amenée enfin à s’exprimer sur son intégration dans le milieu politique, Anne Lauvergeon fait preuve d’un certain détachement. Si elle confie son « amitié » pour François Hollande elle réfute un quelconque engagement « Quand on est dans un monde de droite on se sent parfois de gauche et quand on est dans un monde de gauche on se sent parfois de droite » ou une attitude carriériste « Je n’ai jamais eu de grandes ambitions, ni fait des calculs en me disant que ce que je faisais allait me fermer ou m’ouvrir des portes. Mais j’ai toujours eu horreur de l’échec et je me suis dit qu’il fallait se battre pour réussir ».
 
Image : sophiejazz2009
 
Aymeric Bourlot
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