A la maison d’arrêt de Gradignan, les détenus ont accès à Internet pour préparer leur réinsertion


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 08/06/2009 PAR Nicolas César

« Avec cet outil, nous voulons lutter contre la fracture numérique, l’illettrisme et bien préparer la sortie des détenus, afin de limiter la récidive », avance Claude d’Harcourt, directeur de l’administration pénitentiaire. Si les détenus de la maison d’arrêt de Gradignan ont désormais accès à Internet, cet accès est bien évidemment limité à une liste de 200 sites parmi lesquels Légifrance, le barreau d’avocats de Bordeaux, la préfecture de Gironde, Le Louvre, l’encyclopédie Universalis, Doctissimo, des agences d’intérim, un site sur le sommeil, l’actualité ou encore sur la recherche d’appartements et même la cuisine.

Les détenus se forment, apprennent à lire sur Internet

Bien plus qu’un simple accès au Web, ce projet propose avant tout aux détenus plusieurs activités de formation, d’enseignement et d’aide à la réinsertion socioprofessionnelle. Ainsi, grâce à ces ateliers, Yoann, 20 ans, qui prépare actuellement en prison un équivalent CAP pour devenir nettoyeur industriel, bénéficie d’une formation pour rechercher un poste sur le site Internet du pôle Emploi. Sa responsable pédagogique, Maria Christina Gongora de l’Insup, l’accompagne dans toutes ses démarches. « Je l’aide à sélectionner les offres d’emploi sur le site, à réaliser son CV en ligne pour préparer au mieux sa sortie », explique-t-elle. « Cela nous permet de maintenir le contact avec la société et nous donne envie de nous lever tous les matins », se réjouit Yoann. Dans certains cas, il est même possible de postuler à des offres d’emploi et d’obtenir une permission de sortie pour aller à un entretien d’embauche.

Parmi les autres activités, l’espace cyber-base propose également  aux détenus de se former à la bureautique (Word, Excel…) et des  « exercices en ligne » notamment pour savoir lire et écrire. Grâce à ce dispositif, Isidor, qui a été condamné à deux reprises pour conduite sans permis, apprend à lire en ligne depuis trois semaines avec un formateur. « Cela va me permettre de passer mon permis et me servira aussi pour mon métier, de maçon, à ma sortie le 17 juin », explique ce jeune de 24 ans qui a quitté l’école en CE1.

Des activités de formation bien encadrées

Chaque activité est encadrée. « Les détenus ne sont pas laissés à eux-mêmes face à l’ordinateur. Ils sont toujours accompagnés (par des animateurs du Club local informatique pénitentiaire, des membres de l’Insup, du Pôle emploi, ndlr) », rappelle Corinne Peltier, coordinatrice de la cyber-base. Pour l’administration pénitentiaire, il s’agit de préparer au mieux la sortie des détenus, qui, pour la plupart, ont peu de connaissances informatiques. « Sur la trentaine de détenus qui a bénéficié de cette formation, plus de la moitié ne maîtrisait pas l’outil Internet », précise-t-elle. Or, « aujourd’hui, il est devenu difficile d’accéder à un emploi si l’on n’a pas un minimum d’aptitudes à utiliser un ordinateur », souligne Philippe Audouard, le directeur de l’établissement.

D’autres prisons vont ouvrir une cyber-base 

Après presque deux mois d’essai, les résultats semblent prometteurs. Grâce à cette formation, sept détenus ont déjà trouvé du travail. L’expérience fait des émules. Trente personnes sont déjà sur la liste d’attente de la cyber-base. Cette expérience pilote doit être généralisée à une dizaine de prisons d’ici l’année prochaine, dont la maison d’arrêt d’Amiens, le centre pénitentiaire de Metz. Elle est co-financée par la caisse des dépôts et consignations. Une deuxième cyber-base a déjà été installée au centre pénitentiaire des femmes de Marseille. « Ce projet est emblématique. Pour nous, la prison est dans la cité. Elle ne doit pas être privée de lien avec l’extérieur », conclut Claude d’Harcourt.

Nicolas César

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