A Périgueux, Nicolas Henin partage son expérience sur le djihadisme


Claude -Hélène Yvard
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 18/10/2018 PAR Claude-Hélène Yvard

L’ancien journaliste Nicolas Henin a passé une quinzaine d’années à suivre, à réaliser des reportages et à témoigner sur les crises ou conflits du Moyen-Orient et du monde arabe dont le Soudan, la Somalie et le Yemen. Nicolas Hénin couvre les événements d’Égypte, de Libye, puis de Syrie où il se rend à cinq reprises de 2011 à juin 2013, pour différents médias nationaux. Il finira par être enlevé à Raqqa, le 22 juin 2013 par l’état Islamique et au levant. Il sera détenu dix mois et libéré en avril 2014. La majorité de ces goeliers était des européens, partis comme un millier de Français faire le djihad. 

Aujourd’hui, Nicolas Hénin a changé de métier et veut mettre cette expérience de terrain, au contact de différentes mouvances islamistes et de djihadistes, au service de son pays. Il a créé Action résilience, une société de conseil et de formation, qui intervient principalement auprès des pouvoirs publics sur les questions de radicalisation, de terrorisme. Elle intervient notamment pour l’administration pénitentiaire. 
Les 18 et 19 octobre, il était l’invité de la la préfecture de la Dordogne pour animer un séminair  destiné aux partenaires de l’Etat dans le suivi de la radicalisation dans le département. Des enseignants, des partenaires sociaux, des gendarmes, des policiers y ont participé. En Dordogne, on dénombre 60 personnes fichées S dont 12 sont des détenus. Ce chiffre est stable.
Pour Nicolas Hénin, « il n’existe pas de zone exempte de terrorisme ou de risque de radicalisation, y compris en milieu rural. Il y a eu des attentats dans de petites villes, ne l’oublions pas. On a de la chance de ne pas avoir eu d’attentats significatifs depuis quelques temps, et le rythme a baissé d’intensité. C’est tant mieux. Il ne faut pas baisser la garde pour  autant. C’est dans doute du au fait que le travail des services spécialisés s’est amélioré et qu’on assiste en même temps à un essoufflement de la mouvance djihadiste. L’Etat islamique a perdu une part de sa capacité à organiser des opérations commando complexes. »

Le principal enjeu, c’est l’évaluation 

L’ancien journaliste en appelle la vigilance d’où le principal défi à relever est celui de l’évaluation. « C’est l’enjeu majeur. Si vous avez une personne velléitaire, remontée contre la société, qui vous  lance des griefs à tout bout de champ et que vous le traitez de terroriste en puissance, vous avez un vrai risque d’en faire un terroriste. A l’inverse, si vous passez à côté d’un cas, vous risquez de manquer une occasion de prévenir d’une attaque. »  Le fondateur d’Action Résilience précise le rôle du travailleur social ou de l’enseignant. « Ils n’ont pas vocation à faire le travail de la police ou de la justice. Ils peuvent faire remonter du terrain des éléments qui peuvent s’avérer inquiétants. Ces signalements doivent être pertinents. Ces travailleurs sociaux ont un devoir de contribution à la prévention. » Surtout qu’en matière de terrorisme, on a appris qu’ il n’y a pas de profil type : des jeunes, des vieux, des personnes issues de milieux ruraux, de grandes villes, seulement 20 % sont des convertis. « On doit se débarrasser des clichés, car la stigmatisation est l’un des tous premiers facteurs de radicalisation. » Troisième point essentiel aux yeux de Nicolas Henin, la cohésion sociale. « La cohésion sociale doit être retravaillée à tous les niveaux de la société. Car les terroristes savent très bien identifier les failles de nos sociétés et sont capables de les exploiter jusqu’au chaos. « 

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