Adrien Kempf, le titi parisien devenu artisan brasseur en Dordogne


Claude Hélène Yvard
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 12/09/2018 PAR Claude-Hélène Yvard

Adrien Krempf, 33 ans, après des études de géographie et un master 2 professionnel en gestion sociale de l’environnement et de valorisation des ressources territoriales, a fait le choix de quitter Paris où il est né pour travailler en province. Après un passage au coeur du Pays basque au sein de l’association Euskal Herriko Laborantza Ganbara qui contribue au développement d’une agriculture paysanne et durable ainsi qu’à la préservation du patrimoine rural, le jeune homme est devenu artisan brasseur en Dordogne en janvier 2017. « Je fais partie de ceux qui pensent que l’avenir passe par le retour des jeunes à la ruralité. J’ai découvert le monde agricole par mes études et mes premières expériences professionnelles, mais je ne me voyais pas paysan, mais travailler en milieu rural. Puis je me suis lancé dans une formation de brasseur et j’ai pu tester mes propres recettes avant de m’installer. La bière a quelque chose de sympa et de très convivial. Le milieu est ouvert. »
C’est une rencontre qui va tout changer. Adrien Kempf rencontre Dominique Lecomte, agriculteur qui produit et transforme des céréales à Saint-Martial d’Artenset. Depuis de nombreuses années, l’exploitant investi dans le milieu associatif et professionnel est séduit par la démarche et le projet du jeune homme. C’est ainsi que nait en janvier 2017, la brasserie artisanale « la courte échelle » au coeur de la ferme biologique du Duellas, grâce à la mise à disposition de locaux qui ne servaient plus. Adrien Kempf dispose d’un espace de 70 m2 pour sa brasserie, installée dans un des bâtiments de l’exploitation. Il profite aussi d’un petit magasin où sont commercialisées ses bières ainsi que les huiles et les farines produites sur la ferme. 

Le soutien de la fondation Raoul Follereau
La démarche d’Adrien n’a pas seulement séduite l’agriculteur qui accueille sa petite entreprise sur l’exploitation mais aussi la Fondation Raoul Follereau. « Une de nos missions à travers notre programme emploi et ruralité est justement de promouvoir des projets en milieu rural, surtout s’ils sont créateurs d’emploi. Accompagner Adrien est un réel plaisir : attachant, disponible, compétent, il réunit toutes les conditions pour réussir », explique Rémi Lelong, responsable des projets « ruralité » au sein de la Fondation. L’accompagnement de la Fondation se traduit par des aides financières et un suivi humain : la fondation lui a octroyé un prêt de 4500 euros à taux zéro avec un remboursement différé pour débuter son activité et en ce début d’année, une aide de 5000 euros qui lui a permis d’améliorer son outll de travail, par l’acquisition notamment d’une embouteilleuse.

La production a débuté en mai 2017. Il produit quatre bières classiques : une blonde, blanche, ambrée et brune, complétée par une bière à la framboise en été et une bière au miel. Une bière de Noël est actuellement en préparation. Autre particularité, Adrien Kempf a recours à une technique traditionnelle : il brasse sa bière à la main et la fermentation s’effectue lentement, au rythme naturel des levures. Il n’y a aucune pasteurisation, ni aucun filtrage.

S’approvisionner en local
« Ma volonté est m’approvisionner localement et en bio. Pour l’instant, l’orge que j’utilise est cultivé dans la région d’Albi et le houblon vient Alsace. Dès l’an prochain, je m’approvisionnerai en orge local : il viendra de la région de Saint-Astier. Le houblon, c’est plus difficile, il n’existe plus de filière française : elle a disparu surtout en bio. Certains projets de relancer une filière en houblon sont en train d’émerger.  Le miel et les framboises viennent de producteurs locaux. Les bières sont commercialisées sur un ou deux marchés, dans quelques bars locaux et dans des Bio Coop.

Autre particularité, le packaging de ses bouteiilles ( en 33 cl et en 75 cl) est particulièrement soigné : les dessins des étiquettes sont réalisés par des dessinateurs locaux.  Au terme d’un peu plus d’un an de production, la petite entreprise est en situation d’équilibre et le jeune brasseur espère pouvoir se verser un salaire mensuel entre 500 et 1000 euros d’ici la fin de cette année. Sa priorité est de générer davantage de volumes et atteindre 75 hectolitres d’ici quelques mois. « L’objectif est d’aller à 30 brassins par an. » 

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