Agnès Buzyn au CHU de Poitiers pour améliorer les services d’urgences


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Publication PUBLIÉ LE 03/09/2019 PAR Julien PRIVAT

Une annonce surprise, ce lundi 2 septembre dans la matinée, au dernier moment, celle de la venue d’Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé. Elle s’est rendue l’après-midi au service des urgences du Centre Hospitalier Universitaire de Poitiers. « Je suis venue ici parce que j’avais besoin de m’inspirer de la situation d’un service d’urgences qui fonctionne. A Poitiers, ils ont eu à faire face à une augmentation des activités ces dernières années, identique à celles des autres services nationaux. Mais ils ont anticipé cette augmentation d’activité, en mettant en place des interactions avec la médecine libérale, avec des EHPAD, en travaillant les filières d’admission dans l’hôpital et ils font preuve d’une inventivité en terme d’organisation, ce qui permet de fluidifier les parcours des patients et de lever un peu les tensions sur les soignants. » Un établissement qui fait office d’exception, puisque les urgences poitevines n’ont connu aucun jour de grève, alors que depuis le printemps, 233 services d’urgences, connaissent un mouvement de grève.. 

« Trouver une solution pérenne »

En réponse à cette situation, le député LREM, Thomas Mesnier et le professeur Pierre Carli (SAMU de Paris) ont été missionnés cet été « pour recueillir les bonnes idées ». Ils ont interrogé  des soignants, des équipes paramédicales et médicales pour voir comment ils pourraient améliorer la situation des urgences en France. Leur rapport devrait être remis en novembre. « C’est un symptôme du dysfonctionnement général de notre organisation, commente la ministre. Nous avons besoin de trouver une solution pérenne pour améliorer la situation Il ne faut pas juste soigner cette fièvre ressentie au niveau de l’activité des urgences, parce qu’en réalité nous serons dans la même situation dans deux ou trois ans. Nous avons besoin de réfléchir à l’ensemble de la chaîne d’organisation des services d’urgences en amont et en aval ». 

Le CHU de Poitiers cité en exemple pour le fonctionnement de son service d'urgences

Agnès Buzyn a donc profité de son déplacement à Poitiers pour effectuer des annonces autour de trois moments :  l’amont des urgences, l’organisation des urgences et l’aval des urgences. 

En ce qui concerne l’amont, la première mesure évoquée par Agnès Buzyn consiste à ne plus accepter ou à réduire au maximum le passage aux urgences des personnes âgées. « Pour cela nous devons faire en sorte que tous les services d’urgences travaillent à une filière d’admission directe des personnes âgées dans les services, afin de leur éviter des passages inutiles aux urgences qui font perdre du temps et qui souvent choquent nos concitoyens. » Pour cette mise en place, la ministre prévoit une incitation financière à tous les hôpitaux qui se doteront de cette filière d’admission directe. La ministre des Solidarités et la Santé a également cité en exemple le SAMU de Poitiers qui est doté d’une assistance vidéo avec les EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). « Je demande également à tous les services d’urgences et notamment le SAMU de mettre en place ce que j’ai vu aujourd’hui dans ce service, c’est-à-dire une vidéo assistance entre les EHPAD et le SAMU de façon à mieux orienter les patients et à éviter des passages aux urgences, lorsqu’il s’agit de pathologies bénignes qui peuvent être prises en charge au sein même de l’EHPAD ».  La deuxième mesure, (toujours en amont des urgences), concerne la médecine libérale. « Je souhaite  la rendre plus attractive, en lui apportant les mêmes avantages que la médecine hospitalière. » Dans le viseur, les avances de frais. « Je veux mettre en place un tiers payant généralisé pour les médecins de garde et que les transports sanitaires soient mieux pris en charge vers les cabinets libéraux ou les maisons de santé, les centres de santé. » Car aujourd’hui, quand on est pris en charge par une ambulance, on se retrouve systématiquement orienté vers les urgences. « Enfin je souhaite mettre en place de la biologie au sein des cabinets libéraux ; parce que souvent un simple examen de biologie permet de lever un doute et d’accélérer un diagnostic, de rassurer. Je vais demander à tous les laboratoires de biologie, d’organiser de la « biologie simple »,pour des analyses courantes, au sein des maisons de santé et des centres de santé, de façon à ce que nos concitoyens trouvent les mêmes avantages à aller voir un médecin libéral qu’à aller aux urgences, lorsqu’il s’agit de pathologie a priori bénignes ».

« Manager » les lits

Concernant l’organisation des urgences, Agnès Buzyn aimerait que « tous les services d’urgences structurent les filières de soin avec leurs partenaires de la médecine de ville et en interne à l’hôpital ». La ministre veut accélérer la prise en charge des malades en permettant à certains personnels paramédicaux de faire des gestes qu’ils ne peuvent pas faire aujourd’hui, parce qu’ils doivent attendre un avis médical. « Je pense par exemple à la prescription d’un examen de radiologie ou à des sutures. Je souhaite que s’accélèrent les protocoles de coopération au sein des services; Cela permettra également de donner à ces paramédicaux la prime de coopération que j’avais annoncée au mois de juillet, qui est de 80 euros net. » Enfin, Agnès Buzyn a annoncé la création dès la rentrée de 2020 d’une filière d’infirmier de pratique avancée en médecine d’urgences. « Ils vont avoir des compétences améliorées et vont pouvoir dégager du temps médical par rapport à des gestes simples notamment », explique-t-elle. 

Enfin la prise en charge en aval. « On sait que beaucoup d’urgentistes ont des difficultés à faire admettre les patients dans les services de l’hôpital. Ils passent beaucoup de temps pour trouver des lits. » Poitiers a opté pour un système nommé « Bed manager ». Il y a des personnes qui sont chargées d’organiser et de trouver des lits au sein de l’hôpital. « Je souhaite que tous les services hospitaliers dans lequel il y a un service d’urgences se dote d’une organisation pour le management des lits, c’est-à-dire identifier chaque jour le nombre de lits nécessaires à la prise en charge des urgences. Je vais demander que cet indicateur du nombre de lits nécessaires en anticipation de façon quotidienne soit disponible pour tous les services d’urgences d’ici la fin de l’année ». 

Voici les premières mesures annoncées par la ministre des Solidarités et de la Santé. Elle en promet d’autres, puisque le lundi 9 septembre, elle rencontre les fédérations hospitalières, les syndicats et le collectif inter-urgences ainsi que les médecins libéraux. « Nous travaillons cette semaine avec eux pour aller plus loin dans les propositions concrètes qui seront faites pour les années qui viennent, puisque je veux impérativement que la situation et la qualité de vie au travail des professionnels s’améliorent. Je crois que nous sommes tous conscients aujourd’hui qu’il y a une urgence aiguëe, un symptôme de dysfonctionnement de la chaîne de prise en charge des malades et qu’il faut travailler sur tous les leviers d’amélioration de cette continuité de prise en charge de l’amont, de la ville, à l’aval, la prise en charge des hôpitaux ». Des mesures risquent  d’être prises également à la suite de la publication d’un rapport de la mission urgences dont le professeur Pierre Carli et le député LREM Thomas Mesnier sont membres.

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