Alain Bressy, un juge périgourdin résolument citoyen


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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 11/12/2011 PAR Claude-Hélène Yvard

Au printemps dernier, jusqu’à sa plus haute hiérarchie, procureurs de la République compris, la Justice descendait dans la rue pour protester contre l’attitude que lui oppose l’Etat en termes de moyens, de législation. En réponse, un  collectif syndical animé par FO justice, s’est mobilisé en Dordogne, non pas pour défiler ou protester mais pour raconter la justice, l’expliquer. C’est ainsi qu’est né le spectacle conférence « Le Droit se meurt, » interprété par le juge Alain Bressy.

Vice-président du tribunal de grande instance de Bergerac, Alain Bressy s’est toujours voulu pédagogue, auprès du peuple. Aujourd’hui, cette pédagogie a cédé la place à l’inquiétude et à la colère. Dans le « Droit se meurt » présenté le 9 décembre, à Périgueux devant 200 personnes, le droit du citoyen passe une échographie comme le roi du titre détourné de la pièce de théâtre d’Eugène Ionesco : le Roi se meurt.

Transparence
Alain Bressy indique que les juges français ont toujours peiné entre les piles de dossiers, même si le législateur leur ajoute sans cesse de nouvelles attributions en leur supprimant un greffier sur deux au moment du départ à la retraite. Le juge périgourdin prône un discours social, une transparence.

Sa casquette de délégué syndical, son passé de metteur en scène et de comédien, sa réputation d’électron libre lui permettent de dire haut et fort ce qu’il a sur le cœur. Il dénonce, pêle-mêle, les affaires, le fantasme d’une justice à l’Américaine, le contexte sécuritaire actuel, les paradoxes de la justice.  Exemple : les peines plancher multiplient les emprisonnements tandis que des mesures aménagent les peines fermes quand elles sont prononcées pour moins de deux ans. Son diagnostic est sévère mais juste. Ses propos sont sans concession, sans langue de bois. « Les Français n’aiment pas les juges d’une justice trop chère, trop lente, trop froide ou trop laxiste et volontairement incompréhensible. Certes, il y a eu des fautes lourdes comme Outreau, mais les juges ne sont pas responsables de tout. Depuis 2007, il  y a la volonté politique d’amoindrir la justice, de rompre le principe de la séparation des pouvoirs et de s’attaquer aux libertés publiques. »

Le juge syndicaliste, comédien et conteur, revendique « sa colère parce que dit-il  j’ai mal à ma justice. Aujourd’hui, les droits des citoyens sont asséchés. Je suis résolument citoyen. Ma place est de défendre le droit. » Tel un tribun, Alain Bressy le fait sur les planches. Et le public du Palace, composé de nombreux syndicalistes et de magistrats, debout applaudit.  Le « Droit se meurt » sera présenté en janvier à Bordeaux et ensuite en Lot-et-Garonne.
Photo : aqui.fr

Claude-Hélène Yvard

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