Après 26 ans d’absence, le Tour de France a fait étape à Poitiers


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Temps de lecture 7 min

Publication PUBLIÉ LE 10/09/2020 PAR Julien PRIVAT

Poitiers enfile le maillot jaune pour accueillir le Tour de France. Le service espace vert de la ville de Poitiers était sur le pied de guerre en cette veille d’arrivée de la 11e étape. Des vélos aux couleurs des différents maillots récompensant les meilleurs coureurs ont été hissés au sommet de la tour de Paris. Mais ce mardi, c’est une quinzaine d’agents qui était mobilisée pour déployer en dix minutes à peine un énorme maillot jaune (40 mètres de long, 33 de large). « Il ne fallait pas être moins. On a eu de la chance qu’il n’y ait pas trop de vent. Il fallait qu’on fasse quelque chose pour le passage du Tour à Poitiers. Ce n’est pas fréquent », explique Fabien Michardière, responsable des « espaces verts », qui a tenu à faire participer la plupart des agents de son service. Pour le contempler, il faut prendre un peu de hauteur (voir la photo ci-dessous). En son centre se dévoile un emblème de la ville, la célèbre Notre-Dame-la-Grande. « J’espère que les caméras de l’hélicoptère le mettront en avant », poursuit-il alors qu’il distribue les agrafes permettant de fixer le maillot au sol. À quelques mètres de là, sous la Pénétrante, un graphe représentant un local (ou presque puisqu’il est né à Châtellerault), l’ancien coureur professionnel, Sylvain Chavanel. L’oeuvre de deux artistes locaux Jean Jam (association Pictav’Art) et Rebeb. 

40 mètres de long et 33 de large. Ce sont les dimensio de ce maillot jaune géant disposé par le service espaces verts de Poitiers au Pré-de-l'Abbesse

40 mètres de long et 33 de large. Ce sont les dimension de ce maillot jaune géant disposé par le service espaces verts de Poitiers au Pré-de-l’Abbesse

 250 à 300 agents de la ville mobilisés

Le jour J arrive. Dans la matinée du 9 septembre, la signalisation débute. Déjà la veille au soir, certaines routes, notamment l’avenue John Kennedy, où se situe la ligne d’arrivée, avaient été interdites à la circulation. C’est ici que sont postés Gérard Léaud et Carole Dulin. Tous deux agents à la ville de Poitiers. Ils ont répondu à un appel de volontaires pour sécuriser le parcours du Tour. Ils se sont levés tôt pour prendre leur garde à 4 heures du matin. Derrière eux s’organise le montage de la ligne. Une véritable usine. Où les bips incessants du chariot élévateur qui positionne les barrières rythment leur matinée. À portée de mains, ils conservent leur carnet de bord et leur fiche de mission. « Nous devons nous occuper des barrières, guider les riverains ou les personnes qui le demandent et laisser passer les véhicules officiels », explique Carole. Elle a tout de suite accepté de se porter volontaire pour aider à l’organisation de cet événement. Comme eux, 250 à 300 agents de la ville de Poitiers sont mobilisés tout au long des un peu plus de huit kilomètres de parcours. « Le compte est bon, sourit Adèle Boudeau, chargée de mission Tour de France à Poitiers. Ils doivent sécuriser le parcours du tour, la fermeture des intersections. Il y en a plus d’une centaine au total ». Ce ne sont que des agents de la ville. « On considérait que c’était comme une journée de travail pour eux et ça leur permet de participer à un événement au coeur de la ville. Ils vont jouer un rôle important », poursuit-elle tout en distribuant les box repas. Elle-même prendra le relais de certains arrivés à 4 heures.
Après le passage du Tour, les rues rouvriront au fur et mesure. Sauf la ligne d’arrivée qui sera coupée jusqu’à 22 heures. Quant à Gérard et Carole, même s’ils se sont levés aux aurores, ils se motivent à rester jusqu’au passage de la caravane puis des coureurs. « Vous voyez, ça se passe bien. Seules quelques personnes ont râlé parce qu’elles ne pouvaient pas passer pour aller travailler, mais la plupart du temps les gens nous demandent des renseignements en toute politesse. Puis nous rencontrons des passionnés, nous discutons et nous voyons l’envers du décor », explique Gérard. D’ailleurs, durant leur discussion, ils sont souvent coupés pour ouvrir les barrières ou guider et aiguiller les Poitevins. En souvenir, les agents de la ville de Poitiers repartiront avec un T-shirt et une casquette avec le logo du Tour et de Poitiers. 

Carole Dulin et Gérard Léaud, agents de la ville de Poitiers, ont sécurisé le parcours du Tour de France.

Carole Dulin et Gérard Léaud, agents de la ville de Poitiers, ont sécurisé le parcours du Tour de France

« Pour une fois qu’il ne passe pas loin… »

Tout autre endroit, un peu plus en amont, à plus de dix kilomètres de la ligne d’arrivée : Vouneuil-sous-Biard et Biard. Sur le bord de la route, les spectateurs s’amassent. Certains sont venus en camping-car, la tonnelle est dépliée et la télévision prête à l’emploi pour suivre l’étape de bout en bout depuis Châtelaillon-Plage. Jocelyne, Jean-Claude et leur fils, Sébastien, sont venus de Fontaine-le-Comte, commune voisine, dès 9h30 ce matin. « Bien sûr quand la caravane passera, on sortira », rigole Jocelyne. Jean-Claude est passionné de vélo. Il était déjà sur le bord de route quand, en 1971, le Français, Jean-Pierre Danguillaume s’était imposé à Poitiers. Un sacré souvenir. Mais aussi plus récemment en 2000, quand le Tour s’était élancé du Futuroscope ou encore quand il était de passage à Montmorillon en 2016 lors de la 4e étape reliant Saumur à Limoges. « Pour une fois qu’il ne passe pas loin, il fallait venir le voir ». Cependant, Jean-Claude ne se risque pas à un pronostic. « L’étape est plate. Ce sera sans doute une arrivée groupée au sprint ».
Effectivement 1 200 mètres de dénivelé, c’est peu sur 167,5 kilomètres. Quant à Sébastien, il s’inquiète sur le passage de la caravane. Il compte bien récupérer et ramener chez lui quelques souvenirs du Tour. À côté d’eux,  Raymonde et Gérald sont arrivés, peu après, à dix heures moins le quart, pour être précis. Ils n’habitent pas loin. À Smarves au sud-est de Poitiers. « Nous l’avons vu passer plusieurs fois, mais ça faisait un moment qu’il n’était pas venu dans le coin », commente Gérard. Un cycliste passe. « Ah c’est déjà l’échappée, plaisante Raymonde. Nous en voyons passer beaucoup depuis ce matin. Des gens qui reconnaissent l’étape peut-être ». Ils ont prévu le pique-nique, le café, les gâteaux et le parasol et ont trouvé un coin d’ombre car le soleil commence déjà à taper. Il ne leur reste plus qu’à patienter que les coureurs passent.

Les coureurs se sont élancés de Châtelaillon-Plage à 13h25 avant de franchir la  ligne de départ réelle à 13h45. Aux environs de Poitiers, les spectateurs attendent tout en cherchant un peu d’ombre. De plus en plus de personnes essayent de se frayer un chemin pour tenter d’apercevoir les coureurs. À 16 heures, les premières voitures de l’organisation passent. Certaines s’arrêtent pour distribuer des masques. Ils sont obligatoires sur la route du Tour. Puis, la caravane publicitaire se fait entendre au loin. Dans les chars, les jeunes animateurs envoient quelques goodies au public. Les enfants se penchent pour les ramasser. Ils ne repartiront pas les mains vides. Mais certains sont déçus, ils n’ont rien. « Je n’ai pas eu le bob Cochonou », soupire Elio. Puis encore une fois, l’attente. Les gens suivent l’avancée des coureurs sur leur téléphone portable. Un hélicoptère passe au-dessus pour prendre quelques vues de la cité médiévale. 17h30, postée à moins de 10 kilomètres de la ligne d’arrivée. Ça y est le peloton passe en ligne et à vive allure. À peine le temps de distinguer deux ou trois d’entre eux. Finalement, les pronostics étaient bons. Vers 17h45, les cyclistes arrivent  sur l’avenue John Kennedy. Ça s’est donc joué au sprint et c’est l’Australien, Caleb Ewan, qui l’emporte en costaud d’une courte roue. 

Ce 10 septembre, ce sera la 12e étape du Tour de France entre Chauvigny et Sarran avec un passage à Saint-Léonard-de-Noblat, et un hommage à « Poupou » disparu le 13 novembre dernier. Il s’agit de la plus longue étape du Tour 2020 avec 218 kilomètres. La cité médiévale de Chauvigny s’est préparée. Les commerçants ont joué le jeu. Ils ont décoré leur vitrine. Lorsqu’on vient de Poitiers, un vélo géant, avec marqué sur sa roue avant « Vive le Tour », accueille les visiteurs. Les agriculteurs locaux ont également prévu de mettre en avant le terroir local avec une animation visible du ciel. Les communes de Grand Poitiers et de la Vienne traversées par le Tour ont joué le jeu et ont su mettre en avant cet événement. Ce mercredi, il y avait du monde sur le bord de la route pour applaudir et encourager les coureurs. Et ce sera sans doute la même chose ce jeudi. Preuve que le Tour de France est une véritable fête populaire.

Quelques images de la 11e étape du Tour

Sous la Pénétrante de Poitiers, un graph' représentant l'ancien pro Sylvain Chavanel réalisés par Jean Jam et Rebeb.

Sous la Pénétrante de Poitiers, un graph’ représentant l’ancien pro Sylvain Chavanel réalisé par Jean Jam et Rebeb.

 

L'hôtel de ville de Poitiers affiche en grand le passage du Tour de France

 L’hôtel de ville de Poitiers affiche en grand le passage du Tour de France

 Une véritable usine. Le montage de la ligne d'arrivée s'est en à peine plus de trois heures dans la matinée du 9 septembre à Poitiers

Une véritable usine. Le montage de la ligne d’arrivée s’est en à peine plus de trois heures dans la matinée du 9 septembre à Poitiers

 

Passage de la caravane. Petits et grands espèrent ramener quelques souvenirs de cette 11e étape du Tour de France

 Passage de la caravane. Petits et grands espèrent ramener quelques souvenirs de cette 11e étape du Tour de France

 

Route de la Casette. Une route pas très large reliant Biard à Poitiers. Il reste moins de 10 kilomètres aux coureurs avant l'arrivée. Ça sent le sprint...

Route de la Casette. Une route pas très large reliant Biard à Poitiers. Il reste moins de 10 kilomètres aux coureurs avant l’arrivée. Ça sent le sprint…

 

Une fois que les coureurs cyclistes sont passés, on suit la fin de la course sur le téléphone portable. Qui va l'emporter ?

Une fois que les coureurs cyclistes sont passés, on suit la fin de la course sur le téléphone portable. Qui va l’emporter ?

 

Pont Neuf, à Poitiers, une cote qui coupe les jambes. Ici, le dossard 55, le Béarnais, Matthieu Ladagnous, coureur le plus combattif de la 11e étape. Seul échappé, il s'est fait rattraper à moins de 50 km de l'arrivée

Pont Neuf, à Poitiers, une cote qui coupe les jambes. Ici, le dossard 55, le Béarnais, Matthieu Ladagnous, coureur le plus combattif de la 11e étape. Seul échappé, il s’est fait rattraper à moins de 50 km de l’arrivée

 

Lorsqu'on arrive de Poitiers, un vélo géant nous accueille à l'entrée de Chauvigny

Lorsqu’on arrive de Poitiers, un vélo géant nous accueille à l’entrée de Chauvigny

 

A l'entrée du centre-ville de Chauvigny, un totem indiquant les directions des autres villes arrivée ou départ du Tour de France 2020

A l’entrée du centre-ville de Chauvigny, un totem indiquant les directions des autres villes arrivée ou départ du Tour de France 2020

 

Les commerçants de Chauvigny ont joué le jeu et affichent sur leur vitirine leur engouement pour le Tour de France

Les commerçants de Chauvigny ont joué le jeu et affichent sur leur vitirine leur engouement pour le Tour de France

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