Aquitains dans les médias : Pierre Cherruau, l’Afrique et Courrier International


DR
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 17/02/2009 PAR Joël AUBERT

Petit, Pierre Cherruau accompagnait son père en reportage. Certains week ends, il assistait à la rédaction de Sud Ouest « à la fabrication du journal ». «J’ai vu mon père travailler. Journaliste à Sud ouest et correspondant du monde de 1972 à 2000 dans le sud ouest, c’était un passionné ! Il m’a transmis cette passion explique Pierre Cherruau. A la mort du ministre du travail de Valéry Giscard d’Estaing, Robert Boulin, Pierre accompagne son père à Libourne. Pourtant, lorsqu’il manifeste le désir de devenir journaliste, son père ne l’encourage guère. « C’est un métier très dur ne cesse-t-il de lui répéter. « Il ne pensait pas que c’était une bonne idée de faire le même métier que son père ».

Départ en Angleterre
Entré à Sciences po Bordeaux, Pierre passe ses vacances en stage à Sud Ouest, à la Nouvelle République. Il est envoyé à Bordeaux, Bayonne, Libourne ou encore la Rochelle. «Pour l’un des mes articles, on m’avait demandé de couvrir un villageois qui dirigeait une fanfare en Charente Maritimese souvient-il. C’était fascinant, toute sa vie tournait autour de cette fanfare. J’avais été touché que cet homme me fasse partager son univers ». Cette expérience se révèla très formatrice. « On peut prendre autant de plaisir à interroger un paysan en Charente Maritime qu’à partir à l’autre bout du monde » remarque Pierre. Il passe ensuite un an en Angleterre, non loin de Birmingham et fais un DEA sur la presse populaire anglaise. A Sciences Po, il s’était orienté dans la section service publique. Il obtient en parallèle une licence de droit. « J’avais envie de voir comment les autres sociétés pensaient. Je n’étais pas mécontent de n’être pas à Londres même. J’étais au cœur de la société » anglaise analyse-t-il.

Années au Nigeria
Il revient en France et intègre le CFJ, le Centre de formation des journalistes. A la place du service militaire, il demande à faire sa coopération, un an ou deux, à l’étranger. On lui propose de partir au Nigeria, dans l’est du pays près de Enugu, la capitale de l’ex-Biafra. « Je faisais de la coopération civile à l’ambassade de France et je donnais des coursse souvient-il. On devait faire des programmes d’infos en français avec des journalistes francophones. Je m‘occupais aussi des relations avec les médias ». Pendant ces années, il fait aussi des piges pour La Croix , Sud ouest ou le Nouvel Economiste. Il couvre l’est du pays et passe beaucoup de temps à Lagos, la capitale économique. En 1997, il sort son premier livre Nena Rastaquouere, sur une femme Nigeriane. «Je voulais écrire sur l’Afrique. J’aime cette phrase d’un écrivain suédois : « Avec les médias, on sait comment les africains meurent mais pas comment ils vivent ».

Courrier International
Pierre décide finalement de rentrer en France et est rapidement embauché à « l’Autre Afrique ». « J’aurais pu rester plus longtemps au Nigeria concède-t-il mais il aurait été très difficile de se réinsérer dans le système français.En revenant, on m’a d’ailleurs collé l’étiquette de spécialiste de l’Afrique ». Quelques mois plus tard, Rinaldo Depagne, responsable de la rubrique Afrique de l’hebdomadaire Courrier international l’invite à déjeuner. « Nous ne nous connaissions pas, il m’explique qu’il veut quitter Courrier international et voudrait que je le remplace. Il avait lu mon livre Nena Rastaquouere, et il lui avait beaucoup plu ». En parallèle, Pierre Cherruau continue à écrire, des polars dont l’histoire se déroule surtout en Afrique de l’Ouest; il part en reportages pour l’Expansion, Médiapart ou Sud Ouest. « Je reviens d’ailleurs de deux semaines de reportage au Congo. Quand je fais des reportages, je ramène de la matière pour mes bouquins. Le polars, c’est un genre assez visuel ». Ecrire demeure une discipline à laquelle il accorde du temps. « J’ai fait un spécial Bordeaux pour Ulysse, le mensuel de Courrier International récemment. Aujourd’hui, on demande beaucoup aux journalistes d’être polyvalents, mais on leur donne pas assez de temps ».

L’ombre du père
Si Pierre écrit de temps en temps pour Sud Ouest, l’Idée de revenir à Bordeaux ou même d’y travailler n’est pas d’actualité. « Je porte le même prénom que mon père, un journaliste très connu. C’est très lourd à porter. Travailler dans une autre région fait que tu n’es pas jugé sur tes origines » explique-t-il. Etre fils de dans sa profession l’a servi et desservi, comme cette fois ou, étudiant à Science po, il obtint une note médiocre pour son mémoire. « Les correcteurs l’ont avoué quelques années plus tard à mon père, ils étaient persuadés qu’il l’avait rédigé à ma place » se rappelle-t-il.

Charlotte Lazimi


Blog de Pierre Cherruau http://voirailleurs.net/


Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
On en parle !
À lire ! SOCIÉTÉ > Nos derniers articles