Assises de l’Origine à Bordeaux: la bataille européenne des AOC aura bien lieu


Dans un marché des produits agricoles de plus en plus internationalisé et dérégulé, la politique de qualité et d'origine est un moyen de permettre à certains agriculteurs de garder leur marges ou même de survivre. Que seraient devenus les producteurs

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 19/05/2009 PAR Vincent Goulet

Une centaine de professionnels a suivi mardi 19 mai les débats des 11° Assises de l’Origine. La matinée a commencé par une première mise en contexte grâce à Lucien Bourgeois, économiste au Conseil Economique et Social, pour qui la crise économique actuelle est aussi une crise de la représentation du monde. « Il faut redonner de la sécurité, de la confiance. Les idées de traçabilité, de coopération et mutualisme, de proximité géographique et culturelle sont porteuses de sens. » Autant de notions que véhiculent les Appelations d’Origines Protégées : elles rassurent le consommateur, garantissent une réelle qualité et assurent aux producteurs de meilleurs revenus.

L’AREPO, un lobby pour les produits de terroirs
Pour promouvoir les produits d’origine contrôlée auprès de l’Europe, la Région Aquitaine a suscité en 2004 la création de l’Association des Régions Européennes des Produits d’Origine, qui comporte aujourd’hui 25 régions, principalement du Sud de l’Europe. Face au puissant lobbying des industries agroalimentaires ou de la grande distribution, l’AREPO a bien du mal à se faire entendre par la Commission européenne. Autre difficulté,« à Bruxelles, le dogme libéral est encore vivace », comme le constate Jean-Luc Duval, président de l’association « Qualité et Origine » et chargé de mission auprès de Michel Barnier, pour le moment encore ministre de l’agriculture. Pour la Commission, la démarche interprofessionnelle est vite suspecte de corporatisme et de vouloir entraver la concurrence. « Pourtant », renchérit Lucien Bourgeois, « c’est dans l’industrie agroalimentaire que l’on trouve le plus de monopoles, pas chez les agriculteurs ».

Une Commission européenne réticente
Le catalan Joan Gene, actuel président de l’AREPO, fait le point sur les propositions de la Commission qui achève ses consultations autour du Livre vert sur la qualité des produits agricoles. Le renforcement de la politique européenne des Indications Géographiques ne semble pas prioritaire. La Commission veut « simplifier les labels » (mais comment ?), éventuellement appuyer les produits à forte notoriété mais ne veut pas s’écarter des règles de libre échange du commerce international. La salle s’échauffe. Des producteurs rappellent que ce n’est pas seulement une question de marge mais de survie. Le président de l’Institut National des Appellations d’Origine, Michel Prugue, estime que « la Commission écoute beaucoup mais décide seule ». Il se demande : « Est-il autorisé en Europe de se protéger ? ». Joan Gene espère que le Parlement européen aura bientôt plus de poids pour infléchir la politique de la Commission, mais pour l’instant, il reconnaît que « le Livre Vert ne va pas être révolutionnaire ».

La grande distribution en embuscade
Autre problème, les propres certifications et cahiers des charges des hypermarchés, « une surenchère insupportable pour le producteur », assure Pierre Lapeyre (asperges des sables des Landes). « C’est un véritable droit d’entrée pour accéder au marché. La grande distibution abuse de sa position de force », continue Jean-Luc Duval. La multiplication des certifications privées ajoutent à la confusion, comme les marques qui s’approprient des noms de territoires (comme les jambons d’Aoste qui n’ont rien à voir avec la vallée d’Aoste) ou encore les labels régionaux (comme les « produits bretons », ce qui n’est pas en soi un gage de qualité).

La question de la santé publique revient finalement dans le débat. Lucien Bourgeois montre un graphique où les pays où il y a le plus d’obèse sont justement ceux qui n’ont aucune politique d’origine. « C’est un problème de relation culturelle avec l’alimentation. Les pays ayant une faible tradition culinaire sont les plus touchés ». Pour rester mince et en bonne santé, mangez et buvez AOC ! A quand le foie gras du Sud-Ouest remboursé par la Sécu ?

Vincent Goulet


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