Sécurité Puissance 2 pour des demi-Fêtes de Bayonne


Photo DR
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 16/07/2016 PAR Felix Dufour

Les chiffres parlent tout seuls. L’an dernier, environ 500 policiers, 180 gendarmes, une compagnie de CRS et 180 agents d’une société privée avaient été mobilisés pendant ces cinq jours et cinq nuits, a comparé le préfet. Cette année, les Fêtes de Bayonne s’entourent d’une sécurité puissance 2. Avec des entrées de véhicules qui ne se feront plus qu’autour de quatre entrées sécurisées, au lieu de sept auparavant. L’expérience dramatique du 14 juillet oblige, pourrait-on penser? Ce serait gommer le nombre de réunions qui ont eu lieu auparavant. Nice a simplement posé la question du maintien ou pas des Fêtes. Dur dilemme qui semble avoir trouvé sa réponse.

Le préfet et le maire savent que les Fêtes de Bayonne font partie de l’ADN de générations de festayres, qu’ils soient d’origine intra muros – Bayonnais – Basques de la Côte ou de l’intérieur et de touristes qui en ont fait leur sanctuaire festif. Mais voilà, le jeudi noir de Nice a changé la donne. Et après l’ingestion – et le chagrin — du drame niçois, les réseaux sociaux, ce nouveau thermomètre des fièvres sociétales, s’emballait: Bayonne dans une quinzaine de jours, serait-il  atteint à son tour par l’épidémie mortelle s’interrogeait une armée d’internautes? De quoi semer le doute, jusqu’au sommet du département qui a fait remonter les interrogations…jusqu’au Ministère de l’Intérieur.

Vanessa a basculé dans l’adolescence avec ses copains et ses copines aux Fêtes de Bayonne. « Dès que j’ai eu connaissance de ce qui s’était passé à Nice j’ai aussitôt pensé aux Fêtes. Un feu d’artifice est une des premières sorties familiales avec les enfants, pendant les vacances. S’attaquer à cela comble d’effroi. Je pense que si ces Fêtes sont maintenues je limiterai les sorties. Et pourtant ce sont nos fêtes. »

Cette gargantuesque Peña Baiona, c’est d’abord l’ouverture depuis le balcon de la mairie au pied duquel les Festayres par dizaines de milliers en « uniforme » rouge et blanc attendent le lancer des clés de la ville, ce sont les rues du Petit et Grand Bayonne prises d’assaut; c’est aussi le lendemain, la Journée des enfants enrichie d’un pique-nique géant. Car Henri Lauqué, le président de la commission extra municipale des Fêtes et le maire de Bayonne, Jean-René Etchegaray enrichissent chaque année ce rendez-vous en ajoutant à la course de vachettes de remarquables animations diurnes destinées aux familles. Exit l’image sacrée de déambulations nocturnes et avinées dédiées aux dieux Bacchus et Dyonisos réunis. Au total, c’est près d’un million de personnes qui se rendent à ces fêtes pendant ces cinq jours, soit les populations de Marseille et de Lille réunies.

Après la douche glacée, le dilemme était redoutable…Que faire alors? Annuler ce rendez-vous qui fait de Bayonne la quatrième ville européenne de rassemblement populaire et qui a réussi jusqu’à présent à les maîtriser? S’il n’est pas dans les gênes de Catherine, la fille de Philippe Seguin de renoncer, la nouvelle sous-préfète du département se serait bien passée de ce cadeau empoisonné pour son arrivée au Pays basque. Il est vrai que le dilemme est compliqué car Nice est un scénario que personne n’aurait imaginé.

Selon certains cafetiers, l’annulation ne pourra empêcher les gens de se rendre à Bayonne et c’est aussi ce qu’ils craignent le plus, des fêtes sauvages qui transformerait la ville en Foire aux jambons sans sécurisation. « On imagine mal le nombre de familles qui ont bloqué leurs réservations pour cette époque, nous dit l’un d’entre eux. On va leur interdire le centre-ville? La solution passerait par une réduction de la voilure et des concentrations populaires comme l’ouverture de ces Fêtes. Ce qui en retirerait une certaine saveur. Pour d’autres, il faut les maintenir et renforcer la sécurité en augmentant ses effectifs, rendre bien visible la présence de CRS ajouter des postes de sécurité et de secours, doubler, voire tripler les rangées de barrières qui interdisaient déjà l’accès des véhicules au centre-ville.

…Le programme, très allégé, l’est tout autant

Prévue à 12 heures ce vendredi au restaurant la Txunga, en bordure du quai de la Nive, la conférence de presse du contenu du programme par le maire et la Commission extramunicipale des Fêtes présidée par Henri Lauqué était reportée, deux heures auparavant, à 17 heures. Il se chuchottait que des problèmes sécuritaires invitaient, on s’en doutait, à des réajustements du programme. En premier lieu, l’ouverture qui dans un premier temps est avancée de 22 h à 19 heure, et dans un second touche à la tradition: il n’y aura pas le traditionnel lancer de clés depuis le balcon, pas plus que la mascleta qui suit. Dans la symbolique: le roi Léon apparaitra sur le balcon…et s’y sentira bien seul. Qui dit Léon, dit les enfants. La somptuseuse journée qui leur était dédiée le lendemain a été également annulée. Il faut dire que la Poterne, entre remparts bayonnais, est un lieu difficilement sécurisable. Un monticule depuis les Allées Paulmy surplombe des allées en contrebas et un vaste espace vert dans lequel se pressent des milliers de familles pour pique-niquer. Très difficile à protéger. « Plus que le risque d’attentats, ce sont des réactions de panique que nous craignons, a souligné le maire Jean-René Etchegara; le départ d’un pétard, courant lors des Fêtes, peut créer des mouvement de panique préjudiciables. » Enfin, si le Feu d’artifice de clôture est maintenu, en revanche la cérémonie rituelle de clôture du départ de Léon depuis le balcon accompagné de l’hymne de la Peña Baiona sera réduit à sa plus simple expresssion.

Voilà ce que seront -ou ne seront pas- les Fêtes de Bayonne épurées en grande partie de leur saveur, de leur culture, de cette fraternité festive qui faisaient le charme du quatrième rendez-vous festif européen, ce lien social aux codes rouge et blanc. Il ne faut pas le dissimuler, le spectre d’un déficit d’affluence et une intense déception accompagneront acteurs et festayres. Qui démontrera qu’il y avait un Bayonne d’avant, fait d’inscouciance et de bonheur éphémère et un Bayonne d’après. Plus grave, qui vous rendent plus vulnérables. Comme ces virus qui viennent altérer des corps nobles et sains. Et les virus semblent s’installer dans le temps.

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
On en parle ! Nouvelle-Aquitaine
À lire ! SOCIÉTÉ > Nos derniers articles