Béarn : il retrouve les « poilus » oubliés par nos monuments


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 20/12/2016 PAR Jean-Jacques Nicomette

Voici quelques années, le virus de la généalogie a emporté Georges Péron, corps et âme. Cet ancien technicien de TIGF, qui est aujourd’hui en retraite, souhaitait connaitre ses racines familiales. Car, explique-t-il, il avait dû attendre l’âge de 42 ans pour apprendre qu’il était un enfant adopté.

Les Hercule Poirot du vieux papier

Basé aux archives départementales, à Pau, le Centre généalogique des Pyrénées-Atlantiques cherchait justement des bénévoles. Cette association rassemblant près de 350 passionnés fait feu de tout bois.

Par exemple pour retrouver la trace des Béarnais ayant émigré à partir de 1850 en Argentine, afin d’y faire fortune le plus souvent dans l’agriculture et l’élevage. Des Hercule Poirot du document ancien, capables de retrouver dans les registres du port de Bordeaux les noms des bateaux à bord desquels leurs ancêtres sont montés, et le prix qu’ils ont payé pour effectuer la traversée. Des Nestor Burma de la farfouille, rompus pour certains d’entre eux aux arcanes des archives religieuses espagnoles réputées pour leurs labyrinthes, leurs voies sans issue et leurs chausse-trappes.

 Bref, il faut bien le dire, d’aimables fous furieux du vieux papier. Ce qui ne les empêche pas d’utiliser tous les ressorts d’Internet pour faire aboutir leurs recherches. Car, ainsi que l’assure Georges Péron,  80% de ce que l’on peut dénicher se trouve sur la «toile ». Il suffit de savoir chercher, voilà tout.

Sa quête familiale a ainsi amené le retraité à s’intéresser à un grand oncle tué dans l’Aisne en 1916. Un lointain parent sur lequel il a établi une fiche circonstanciée : nom, métier, régiment, date d’incorporation, lieu et cause du décès. Tout cela accompagné d’un extrait d’acte de naissance, de la copie du livret militaire et de la fiche de matricule.

D’autres sources permettent de se renseigner sur le lieu d’inhumation, précise-t-il. « Un site Internet,  « Mémoire des hommes », s’intéresse ainsi à tous les combattants tués depuis les guerres napoléoniennes ».

Par suite d’erreur ou de négligenge

Pourquoi en rester là ? « De fil en aiguille, je me suis intéressé aux 49 « poilus » de Navailles-Angos et je me suis rendu compte que le nom d’un soldat, originaire de la commune et tué au front, ne figurait pas sur le monument aux morts. Je l’ai signalé au maire, qui l’a fait rajouter sur l’édifice ».

Le pli était pris. En s’appuyant sur le livre « Poilus du Béarn » publié par l’association des Amis de Nay et de la Batbielle, le retraité a continué ses recherches. En essayant retrouver la trace des nombreux locaux, morts entre 1914 et 1918, qui se trouvaient dans la même situation.

« A l’époque, les décès étaient innombrables et les erreurs administratives fréquentes. Un nom pouvait ne pas avoir été retranscrit. Après le conflit,  un maire pouvait aussi choisir, pour diverses raisons, de ne pas le faire graver sur un monument. Il a fallu attendre une loi de 2012 pour obliger les communes à citer le nom de chaque soldat mort pour la France ! »

Les maires contactés

Le travail de fourmi et de détective mené par Georges Péron a fini par payer. Pas moins de 120 identités perdues et ne figurant sur aucun marbre de la mémoire collective ont été sorties de l’oubli . Dans la foulée, le généalogiste s’est empressé d’avertir les maires concernés.

Celui de Laroin, modeste commune des environs de Pau, a ainsi appris ces jours derniers que le nom de certains soldats de la commune ne figurait pas sur le monument au pied duquel les écoliers viennent déposer une gerbe de fleurs chaque année.

C’est le cas d’un cocher de 33 ans, Jean-Baptiste Laborde, disparu à Sedd-Ul-Bahr, en Turquie, lors de l’offensive des Dardanelles. Mais aussi celui d’un domestique, Pierre Labat, ayant servi comme artilleur et mort en 1916 à la suite de problèmes cardiaques. Trois autres jeunes nés à Laroin voient pour leur part leur nom figurer sur les monuments aux morts de villages voisins, comme cela arrive souvent.

« Dans les courriers que j’adresse aux communes, j’en suis à la lettre « L » indique le retraité. « Pour le moment, j’ai eu une trentaine de réponses de maires, toutes très chaleureuses. Je pense que beaucoup d’élus rajouté les noms qui manquaient à leurs monuments aux morts » ajoute-t-il. Avant de rappeler qu’une subvention peut être accordée par l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre pour la construction d’un monument aux morts ou la réfection d’une plaque.

Une chose est certaine à ses yeux. « Pour un village, cela doit être une fierté de pouvoir retrouver ainsi l’un des siens ».

Pour en savoir plus :

perongeorges@orange.fr   

ONACVG : http://www.onac-vg.fr/fr/missions/monuments-aux-morts/

Centre généalogique des Pyrénées-Atlantiques : http://cgpa64.free.fr/joomla/index.php

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