Benjamin Rosoor, celui qui voyait le net comme une radio libre


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 21/09/2015 PAR Romain Béteille

Plus que le travail de journaliste, c’est longtemps celui de la technique qui aura passionné Benjamin Rosoor. Sortant de l’IUT de journalisme de Bordeaux (ancien IJBA) à la fin des années 80, il entame rapidement une carrière de correspondant régional pour RMC, se spécialisant notamment dans le traitement des faits divers. « A cette époque », témoigne-t-il, « il y avait encore une vraie embauche sur les compétences, des rédacteurs en chef qui y croyaient. J’ai toujours été assez technicien. Je savais bidouiller un magnéto, j’ai connu le passage de l’analogique au numérique… ». Sa première vie de journaliste a démarré à 15 ans, lorsqu’il a intégré pour la première fois une radio libre. Témoin des changements du début de l’année 81 avec l’autorisation des radios libres par Mitterrand, il intègre l’équipe de Radio Caroline, en référence à cette station pirate anglaise qui émettait sur un bateau au large du Royaume-Uni, qui aura donné le « Good Morning England » de Richard Curtis en 2009. Dans les murs, l’ambiance est comparable à l’euphorie de l’époque. « C’était carte blanche pour tout le monde, c’était un peu n’importe quoi. J’ai animé ma première émission autour de la musique classique ! », confie l’entrepreneur derrière son bureau ovale. 

La révolution pacifiqueEt puis la révolution est venue, le « nouveau far-west » comme il le surnomme : internet. « On avait besoin d’avoir des gens qui avaient le sens de l’actualité, qui savaient la mettre à jour ». Pour autant, passer de journaliste radio à chef d’entreprise n’a pas été une affaire des plus simples pour cet autodidacte du micro. « Le journalisme ne m’avait pas préparé à ça. Au début, j’étais tout seul, je me suis lancé. Je traitais mon travail comme un sujet de radio. Quand je ne savais pas, j’appelais des gens et je posais des questions ». Web Report, voit le jour en 1999. Naissante, l’entreprise n’embauche un premier salarié qu’un an plus tard. Sa spécialité de départ ? Le contenu éditorial. La presse, à l’aube des années 2000, commence à prendre des journalistes et des professionnels de la radio pour créer des sites web. En 2000, Web Report mue et s’occupe des forums en ligne. Parmi ses clients, le site « Comment ça marche ». « Là encore, c’était comme une émission de radio », affirme Benjamin. 

Un cap à passerMais il déclare aussi ne pas avoir attendu la mutation du numérique pour s’adapter aux changements. « Dans ce métier, l’essentiel, ce ne sont pas les moyens. J’ai toujours refusé que la technique soit un frein. Notre travail sur l’e-réputation consistait simplement à discuter en ligne avec des gens mécontents et tenter de trouver une solution à leur problème. On a pas attendu internet pour ça », lance-t-il. Aujourd’hui, la majorité de ses clients sont des entreprises (CDiscount ou des sociétés d’assurance sont parmi les plus gros) et Web Report embauche 6 salariés. Et la radio, Benjamin l’a définitivement laissée derrière lui. « Maintenant, j’ai passé le cap, je dirige une entreprise ». Une entreprise qui ne s’interdit pas de muter encore. « On a un savoir faire sur la réaction des gens. Ce qu’on aimerait maintenant, c’est être associés à la décision en amont. On est encore souvent dans le curatif ». En 2014, il a créé Transmitio, une seconde société spécialisée dans la transmission de codes secrets le fameux « capital numérique ». 

Un fil entre deux mondesSi ses 10 ans de micro sont derrière lui et qu’internet n’est pour lui qu’un outil de plus, il a quand même participé à mettre en place sa deuxième vie de chef d’entreprise. Un outil qui lui est devenu indispensable, mais qui, selon lui, se cherche une vraie identité. « Avec le web, on ne change pas que de support, on change aussi de modèle économique. On a toujours l’impression que la presse se tâte encore à y aller, c’est encore une des seules industries qui ne possède pas de recherche et de développement éditorial. Il faut trouver ce qu’on vend parce que sur le net, on peut monter des trucs et les abandonner. Et puis le numérique change, mais pas assez et pas assez vite. Il y a encore trop d’autocensure de la part des gens. Ils ne sont pas formés, n’ont pas encore pris les mesures de cet outil, les entreprises sont plus en avance ». Professionnel du management, Benjamin Rosoor n’a jamais oublié ses racines dans les médias, et reste profondément engagé dans les débats de société véhiculés par les médias.

Encore suspendu à ce fil entre deux mondes, le numérique et le réel, le funambule forumeur ne veut quitter ni l’un ni l’autre. Pour lui, le futur des médias sur le net passera forcément par une information qualifiée, ciblée. Partisan de la vraie liberté d’expression, celle qui ne se refuse rien et qui participe à la citoyenneté de chacun, il a sorti en mai dernier un livre numérique, « La Chance Française », des pensées et réflexions qu’il a rédigées lors de temps morts en train. Réponse aux néo-conservateurs, il incite les citoyens à s’exprimer plus librement. Après une réflexion sur l’e-réputation et l’aide à la rédaction d’une charte de comportements sur les réseaux sociaux à destination des hôpitaux, c’est son troisième ouvrage, publié chez Mobilibook. A moins qu’il ne s’agisse peut être de l’esquisse d’une troisième vie… 

  

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