Bordeaux : les métiers ont-ils un genre ?


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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 17/12/2019 PAR Yoan DENECHAU

« Comment, au titre de la performance d’une entreprise, peut-on exclure 50 % de la population mondiale » ? Voici la question que se pose Olivier Constantin, directeur général du Crédit Agricole, alors que la majorité des chefs d’entreprises du monde sont des hommes. C’est ce constat qui justifie l’engouement du dirigeant vis-à-vis de cette conférence au cœur du siège de la banque. Initialement prévu en interne, l’évènement a finalement été ouvert au public, rassemblant ainsi une petite cinquantaine de personnes.

D’après la politologue Marion Paoletti et le psychosociologue Laurent Aupied, les codes « de l’ancien monde » affirment que le genre décide de ce que vous devez devenir, la manière dont vous devez vous comporter, les émotions que vous devez avoir. « Nous sommes dans une société réputée égalitaire, pourtant les métiers sont genrés », souligne Marion Paoletti.

Trois personnes, trois parcours atypiques

Les trois témoins de cette conférence ont, à leur échelle, contribué à enterrer les stéréotypes dans certains corps de métiers. L’alsacienne Annie Sedlegger, 72 ans, était chauffeuse poids-lourd. « Quand j’ai commencé, ça n’existait presque pas les femmes dans un camion. J’ai travaillé une grande partie de ma vie pour le Groupe Giraud. Sur 6500 salariés en France, nous étions dix femmes ». Le même constat est fait pour Stéphanie Delestre, présidente et fondatrice de la plateforme de recherche d’emploi Qapa.fr : « peu de femmes sont cheffes d’entreprise, et encore moins dans des startups. Pour moi, qui ai grandi dans un monde de femmes et accompagné ma tante aux réunions du Mouvement de Libération des Femmes quand j’avais cinq ans, la question était d’être maître de mon destin ».

La volonté de changer les codes, c’est par là que tout commence pour Annie et Stéphanie. Ludovic Dussarps les rejoint. Il était danseur professionnel à l’Opéra National de Bordeaux avant de devenir professeur des écoles. Il admet que sa reconversion dans l’enseignement a surpris une de ses collègues danseuse étoile. « Elle m’a dit, ‘ah mais en fait tu es intelligent’, comme si on ne pouvait être sportif de haut niveau et réfléchir, sourit-il. Jusqu’à mes 32 ans, quand mon premier enfant est né, les gens ne comprenaient pas qu’on puisse être danseur et hétéro ». La reconversion de Ludovic est due au fait qu’il voulait transmettre avec de la bienveillance, à l’opposé du monde de la danse.
Pour Stéphanie Delestre, dont l’entreprise emploie des milliers d’intérimaires chaque jour, « les métiers ont un genre tant qu’ils ne sont pas pénuriques ». Marion Paoletti acquiesce : lorsqu’un secteur manque de salariés, peu importe que les candidats soient des hommes ou des femmes pour peu qu’il y ait des candidat.e.s. « Une femme ou un homme peut faire le métier qu’elle ou il veut tant qu’il l’aime, martèle Annie Sedlegger. Quand j’ai commencé dans le monde du transport, l’employeur m’a répondu ‘j’ai eu une femme, j’ai été déçu, je n’en veux plus’ ». Non sans répartie, elle ajoute, « mais quand vous avez des hommes qui vous déçoivent, vous continuez pourtant de les embaucher » ! Pour l’ancienne chauffeuse poids-lourd, tout est question de volonté et d’abnégation, le genre ne doit pas être un frein dans le monde du travail.

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