Bordeaux se bat pour conserver Santé Navale


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 19/03/2008 PAR Nicolas César

« Non au sabordage de Santé Navale » s’insurge Jean-Claude Cuisinier-Raynal, président de l’Amicale de Santé Navale et d’Outre-Mer à Bordeaux. Ce militaire de carrière, à la retraite, n’a pas l’habitude de sortir des rangs, mais pour lui l’enjeu est crucial. Un livre blanc sur la réorganisation de l’armée suggère de regrouper l’École du service de santé des armées de Bordeaux sur le site de sa consœur lyonnaise. « Lyon a été préféré, car leur école a des infrastructures plus grandes. C’est une logique purement arithmétique » regrette Jean-Claude Cuisinier-Raynal. En effet, l’école lyonnaise peut accueillir 700 élèves, mais n’en reçoit aujourd’hui que 350. A l’inverse, à Bordeaux, la capacité maximale est de 350 places. C’est un « faux problème », dénonce l’Amicale de Santé Navale et d’Outre-Mer. L’association argue qu’en 2011, avec la réforme de la formation, les élèves du service de santé des armées n’auront plus que trois ans d’internat, contre six aujourd’hui. « On n’aura donc plus besoin de 700 places, mais de 350, voire 400 pour les deux écoles » assure Jean-Claude Cuisinier-Raynal. Or, la fermeture de Santé Navale à Bordeaux est programmée pour 2011…

« Une décision à contre-sens de l’évolution de la formation des médecins militaires »

L’Amicale de Santé Navale et d’Outre-Mer invite donc les autorités politiques à reconsidérer ce choix. Surtout, que « cette décision est à contre-sens de l’évolution de la formation des médecins militaires, qui tend de plus en plus vers l’adaptation à des environnements extrêmes, dans le cadre de missions humanitaires. Or, c’était précisément l’objectif de Bordeaux, lorsque l’école s’y est implantée, il y a 120 ans » rappelle Jean-Claude Cuisinier-Raynal. A l’époque, l’Etat avait choisi Bordeaux pour sa situation privilégiée : un port ouvert sur l’extérieur, notamment vers l’Afrique. Une « ouverture » que l’école a cultivée au fil des années, tissant des liens avec l’université de Bordeaux et le centre hospitalier. Ce qui confère aujourd’hui à Bordeaux un statut de place forte en matière de médecine tropicale. « Ce n’est pas un hasard si Médecins du Monde a implanté sa base logistique dans la région et si Pharmaciens sans frontières vient de s’installer à Bordeaux » souligne Jean-Claude Cuisinier-Raynal. « Déménager l’école à Lyon, ce serait donc perdre ce savoir-faire » prévient-il. Ce transfert « arracherait » aussi aux bordelais une partie de leur histoire, invoque Michèle Delaunay députée socialiste et médecin hospitalier. « Santé Navale appartient au patrimoine médical, universitaire militaire et sociétal de notre ville. Elle participe de son image et contribue à son renom, ainsi qu’à la vitalité et à l’originalité de son enseignement médical » rappelle t-elle. Les conséquences d’une fermeture de l’école de Bordeaux seraient également sociales. 80 emplois civils seraient supprimés. Indirectement, 200 emplois seraient menacés si l’on inclut les sous-traitants, les sociétés de gardiennage, d’entretien.

Ce « match » entre Bordeaux et Lyon n’est pas nouveau. En effet, en 1981, Charles Hernu, alors ministre de la défense, avait déplacé l’Ecole du service de santé des armées de Lyon, sur la base aérienne de Bron, dans le but de rassembler les deux écoles. Bordeaux n’avait dû son salut qu’à la pression exercée par son maire, Jacques Chaban-Delmas, auprès des plus hautes instances du gouvernement. Le livre blanc sera prochainement présenté au président de la République avant d’être soumis au Parlement en avril. L’Amicale de la Santé Navale compte désormais sur Alain Juppé (UMP), réélu au premier tour à la mairie de Bordeaux. L’ancien premier ministre estime qu’un départ de Santé Navale serait « inacceptable ». Il a d’ores et déjà écrit au ministre de la Défense pour lui démontrer tout l’intérêt de regrouper, si nécessaire, les deux écoles à Bordeaux.

Nicolas César


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