Cheick Hamidou Ouedraogo ou la passion de l’ovalie


BS - Le Faso.net
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 25/10/2018 PAR Sybille Rousseau

« Fraternité, fair-play et courage ». Tels sont les maîtres mots du rugby pour Cheick Hamidou Ouedraogo, un Burkinabè de 36 ans, tombé amoureux du ballon ovale en 2005.
« A cette époque, se remémore-t-il, les yeux baignés de souvenirs, une coopération* entre le Conseil départemental de Gironde et la Province du Houët prenait un véritable essor pour notre plus grand plaisir. » Dans ce cadre-là, une initiation au rugby avait été proposée. Cheick ne connaissant pas vraiment cette discipline se lança alors dans l’aventure. Depuis, ce sport fait partie de sa vie. « Un sport réel, authentique et propre qui permet de développer un esprit d’équipe, une entente entre chaque joueur », souligne ce passionné. Cette coopération lui permet également de suivre une formation BAFA avec l’association VALT 33 basée à Bordeaux. « Je dois beaucoup à Bruno (Stoltz fondateur et ancien dirigeant NDLR) et à toute son équipe, car aujourd’hui si j’encadre les jeunes de Bobo-Dioulasso c’est véritablement grâce à eux et à leur accompagnement personnalisé ».

Entraînement des enfants d'une école de Bobo

A l’origine de la Fédération nationale de rugby… A l’issue de cette formation d’animateur, Cheick se lance donc dans la constitution d’une équipe de rugby dans sa ville de Bobo-Dioulasso, la capitale économique du Burkina Fasso. « Pour ce faire, je me suis rendu dans les quartiers, j’ai tapé aux portes des copains, et les ai vite et facilement convaincus de me rejoindre sur le terrain ». Ainsi, deux équipes de rugby baptisées « Les Lions de Bobo-Dioulasso » voyaient le jour pour la première fois dans cette ville peuplée d’un demi-million d’âmes. « Grâce à ces deux teams nous avons pu créer un District et, ainsi, du même coup, une fédération ». Modeste, Cheick le reconnaît à demi-mot, il est bel et bien à l’origine de la Fédération nationale de rugby dans son pays !
En 2009, son investissement dans le rugby va prendre une nouvelle tournure grâce à la venue de Laurent Javerzac, ancien joueur de l’US Bergerac et membre actif de l’association girondine « Rugby de Poussière ». Ce dernier le forme à l’encadrement et au management d’équipe. « Une semaine après cette formation, la première école de rugby était érigée dans un quartier de Bobo ! C’était vraiment génial ! Les enfants ont tout de suite adhéré », se souvient Cheick, les yeux brillants d’émotion. Et ce dernier n’a pas souhaité s’arrêter en si bon chemin. Il a créé son association « Rugby à la Base » pour continuer à promouvoir ce sport de valeurs, à encadrer des jeunes en devenir et à former des animateurs.
Aujourd’hui, une vingtaine d’écoles est comptabilisée à Bobo et dans les villages environnants soit un peu plus de 500 petits rugbymen encadrés par 27 animateurs. Un visage brillant de bienveillance, Cheick se dit être un homme « comblé par cette réussite ». Des équipes nationales ont également été constituées. Chez les U18 hommes et femmes, tous les joueurs émanent des écoles de Bobo. Chez les séniors femmes, même situation, en revanche chez les séniors hommes, 60 % des rugbymen ont été formés à Bobo, le reste de l’équipe vient des centres de la capitale Ouagadougou.

Championnat national FASO Rubgy Club face aux Lions de Bobo

« Je suis un pur produit de cette coopération » Depuis mi-octobre, il est de retour en terre girondine pour parfaire ses connaissances en encadrement de jeunes. Ainsi, il s’est rendu à l’école de rugby de Biganos et chez les séniors de Lège Cap Ferret où il a pu animer des entraînements. « Pendant ces quelques jours, je puise, je récolte, j’amasse de nouvelles connaissances dans l’accompagnement et l’encadrement que je vais ramener dans mes bagages à Bobo ». Ce retour en Nouvelle-Aquitaine n’a été possible que grâce à l’opiniâtreté de VALT « qui ne m’a jamais laissé tomber en 10 ans. Je dois beaucoup à VALT et au Conseil départemental car, il faut le reconnaître, je suis un pur produit de cette coopération ! » Si ce troisième ligne centre chausse beaucoup moins les crampons, aujourd’hui, il découvre un autre côté du rugby celui du coaching et de l’organisation, ce qui ne lui déplaît pas. « Mais ce que je remarque c’est qu’au Burkina nous arrivons à maîtriser beaucoup plus nos jeunes qu’en France, alors que dans la plupart des cas l’animateur est seul face à 40 petits ! »
A l’occasion de sa venue en France, Cheick s’est rendu au stade Chaban-Delmas pour le match UBB/USAP le samedi 20 octobre à 19 h 00. Pendant 80 minutes, cet amoureux de l’ovalie a peiné à rester en place tant le bonheur d’être spectateur d’une rencontre française était immense. Malgré un résultat nul 25 partout, Cheick s’est dit « l’homme le plus heureux du monde, car c’était véritablement un rêve d’être présent dans un stade en France et de voir un match sur une belle pelouse ! » La prochaine coupe du monde de rugby se déroulant en France, il espère être invité à une rencontre…

En 1994, le Département de la Gironde fut l’une des premières collectivités françaises à signer un protocole d’accord avec une région du Sud, la Province du Houët au Burkina Faso. Cet accord fut renouvelé en 1997, puis en 2000, 2005 et 2010. Fondée au départ autour de « l’option d’aide aux pays sous-développés et d’actions humanitaires », cette coopération a évolué vers la solidarité.

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
On en parle ! Gironde
À lire ! SOCIÉTÉ > Nos derniers articles