Ciné-débat de La Cimade : contre la « chosification » des migrants.


Hélène Crouzillat et Laetitia Tura
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 21/06/2015 PAR Joséphine Duteuil

La projection du documentaire de Lætitia Tura et Hélène Crouzillat, Prix du Jury documentaire au Festival Regards sur le cinéma du monde de Rouen, est l’occasion pour la Cimade d’engager le débat sur le sort des migrants qui atteignent la France. Les intervenants s’élèvent contre la dureté des conditions de vie des demandeurs d’asile. « Malgré leurs revendications, les réfugiés n’ont pas le droit de travailler. Ils sont prisonniers d’une situation verrouillée »

Une situation perçue comme hypocrite par la Cimade : « Aujourd’hui , on demande à l’étranger de se montrer intégré… sans lui donner les moyens de le faire. Économiquement, nous avons besoin des migrants. On revient toujours à cette image de forteresse assiégée, alors même que nous sommes dans une économie mondialisée. Il est temps de se poser sincèrement la question des échanges ».

Deux projets de loi sont justement en préparation. La loi « Asile » est aujourd’hui en discussion ; le projet « Immigration » lui succédera bientôt. Les espoirs sont forts, même s’il est pour l’instant difficile de prévoir la teneur finale des textes. Les intervenants relèvent cependant un certain paradoxe. « La France a complètement dissocié les questions de l’immigration et de l’asile» On appartient généralement à la première catégorie avant de rejoindre la deuxième. Le fait de trop insister sur cette distinction pourrait s’avérer nocif.

Comme si seuls les réfugiés étaient légitimes. Au delà de cela même, comme s’il était possible – c’est ce que certains discours reflètent – de différencier « bons réfugiés » – généralement des réfugiés politiques, menacés par le régime dans leur pays d’origine – et « faux demandeurs d’asile ». Le glissement est dangereux. Les raisons de demander l’asile (extrême pauvreté ou épidémie, entre autres choses) sont multiples ; est-il vraiment nécessaire d’être persécuté par les autorités politiques de son pays pour être crédible ?

L ‘association dénonce les malentendus qui entourent la question des migrants. Les concepts de « droit du sol » et de « droit du sang » sont par exemple souvent déformés – quand ils ne sont pas tout bonnement instrumentalisés à des fins de communication. « Le droit du sol en tant que tel n’existe pas en France » explique Christiane Restier. Malheureusement, une fois diffusées dans l’opinion, ces idées fausses sont tenaces. « En un sens, c’est normal » concède l’intervenante «Les simplifications proposées dans les médias ou en politique sont bien plus faciles à retenir. Comment voulez-vous expliquer simplement à l’opinion publique des notions excessivement complexes ? »

Les glissements sémantiques qui alimentent le discours n’arrangent rien. Même s’il est compliqué de les éviter, leur impact est souvent dommageable. Il est d’autant plus difficile de prendre conscience des problèmes quand les mots qui les désignent sont de plus en plus abstraits. Quand la prison devient un « lieu de privation de liberté », la compréhension se fait moins immédiate. La compassion aussi.

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