Claude Bartolone en Béarn devant les lycéens : « Soyons attentifs à vivre ensemble »


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 06/03/2015 PAR Jean-Jacques Nicomette

A l’horizon, les Pyrénées enneigées offrent un spectacle splendide. « Je regarde toujours la tête des gens que je rencontre. Vous avez l’air heureux » confie vendredi Claude Bartolone aux premiers élèves chargés de l’accueillir, près de Pau,  dans les locaux du lycée agricole de Montardon. L’établissement est tonique. Pour la quatrième année consécutive, il vient de remporter un trophée national consacrant la qualité de ses formations.

Le regard qui changeLe député PS David Habib, qui assure depuis janvier la vice-présidence de l’Assemblée nationale, n’est pas étranger à cette venue. Charlotte sur la tête, les officiels commencent par visiter la halle technologique dont dispose l’établissement. Puis on entre vite dans le vif du sujet.

Pour parler par exemple de l’intérêt des voyages à l’étranger qu’effectuent certains élèves, quand ils parviennent à disposer des fonds nécessaires. Telle Audrey, étudiante en BTS aménagement paysager, qui s’est rendue au Cambodge. Ou encore Pauline, partie au Bénin. Chaque fois, la conclusion est la même. On évoque la découverte de cultures différentes, l’ouverture à l’autre, le regard qui change. «Cela m’a fait grandir », confie une jeune fille.

« Combien d’entre vous savent qu’ils peuvent effectuer un service civique à l’étranger ? C’est une piste que l’on peut développer » demande l’un des membres du groupe de réflexion où ont pris place le député UMP Xavier Breton (Ain),  ses collègues PS Jean-Louis Bricout (Aisne), Bernard Lesterlin (Allier) ainsi que Henri Nallet, président de la fondation Jean Jaurès et ancien ministre de l’agriculture. « Souvent, on estime que l’autre, c’est le danger. Rien que d’après ces premiers témoignages, je ne suis pas déçu » commente Claude Bartolone.

Premiers contacts avec les jeunes, dans la halle technologique

« Des haines que l’on n’expliquait pas »Autres jeunes, autre ambiance. Cette fois, on discute avec des bénévoles qui ont choisi de devenir éco-délégués. Pour développer des projets sur le tri sélectif, la collecte de jouets destinés aux Restos du Cœur… Là encore, la même question revient chez le président : « Qu’est-ce que cela vous a apporté ? ». « La solidarité est plus forte entre nous» assurent les élèves.

Mêmes échos avec un dernier groupe, pour discuter du foyer et des multiples activités que les lycéens  y développent : musique, sport, théâtre et l’on n’en passe. Largement de quoi resserrer un peu plus les liens entre des jeunes, internes pour la plupart, et souvent originaires de territoires ruraux où «tout le monde se connait ».

« Ici, c’est comme une famille. Il y a un esprit Montardon » confie un élève. Tandis qu’un de ses voisins évoque une expérience malheureuse vécue dans un autre établissement, implanté en ville celui-là. L’anonymat y prédominait. « Il y avait beaucoup de stéréotypes, et des haines que l’on n’expliquait pas ».

Le président de l’Assemblée nationale retient la remarque. Il note l’importance du rôle joué par les associations dans l’éducation des jeunes. Ce qui ne l’empêche pas d’admettre que la mission devra aussi s’intéresser aux  difficultés  financières dont pâtissent bon nombre d’associations. Car, en ces temps de crise, les aides publiques dont elles disposent se réduisent comme peau de chagrin.

Un service civique obligatoire ? A Mourenx, une centaine de lycéens attendaient les parlementaires

Le temps passe vite à discuter avec les jeunes, même dans ce qui pourrait ressembler au pays des Bisounours. « C’est trop bien ici. Il faut que nous tu amènes aussi dans des endroits qui ont des problèmes » glisse un député au patron de la délégation.

La cité scolaire de Mourenx, qui va les accueillir quelques heures plus tard, n’a pas cette réputation. Mais la centaine d’élèves qui y ont été réunis, en provenance du bassin de Lacq, d’Orthez et d’Oloron, a affuté ses interventions. Et certaines questions font débat. Comme celle qui consiste à savoir si le service civique doit être rendu obligatoire.

« Le sujet nous embarrasse. Je ne crois pas au côté obligatoire » renacle Claude Bartolone. Par contre,  beaucoup s’accordent sur l’intérêt de lui donner une dimension européenne, échanges à l’appui, et de le faire reconnaître dans le parcours scolaire.

« Le racisme n’est pas une opinion mais un délit »Une autre idée, suggérée par un groupe de lycéens, est jugée excellente : un système de tutorat assuré par des élèves de terminale auprès de jeunes qui arrivent en seconde. Pour leur faire découvrir leur établissement, les aider à s’organiser. L’ouverture aux autres, c’est aussi cela.

Les adolescents ont travaillé leur sujet. Divers thèmes suivent en rangs serrés. Une discussion sur l’usage des réseaux sociaux amène ainsi Claude Bartolone à rappeler que liberté va de pair avec responsabilité, et que le racisme « n’est pas une opinion, mais un délit ».

« Ne lâchez rien »Option du baccalauréat bâtie sur un projet écologique, insuffisance de femmes dans les assemblées électives, liens noués avec les entreprises, agro-écologie « qui n’est pas contre la science »… Tout y passe.

Y compris la politique agricole commune et ses contraintes. Un sujet qui va voir Henri Nallet s’enflammer : « C’est la PAC  qui a permis de moderniser l’agriculture française. Transformez-la, modernisez-la, simplifiez-la, mais gardez la ! Et méfiez-vous de ceux qui vous disent autre chose. Ce ne sont pas des paysans. Et ce ne sont pas eux qui paient. »

Quelques minutes plus tôt, le même intervenant a adhéré à une critique formulée sur le grand âge des élus. « Réinventez les formes de représentation ! Ne lâchez rien !» a-t-il martelé. Commentaire amusé du président : « On a bien fait de l’amener ».

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