Congrès de l’UCPF à Bordeaux : la presse à la recherche des hirondelles


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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 21/03/2009 PAR Nicolas César

Le constat est affligeant pour une profession dite « intellectuelle ». « Qu’est devenu le pluralisme dans la presse », s’interroge Yvan Levaï, chroniqueur à France Inter, l’un des ténors de la revue de presse. « Avant même de regarder le JT de 20h de TF1, je sais exactement ce que je vais y trouver et comment cela va être dit, car j’ai déjà entendu ces informations dans la journée à la radio et lu la presse », souligne-t-il. Aujourd’hui, « bon nombre de médias reprennent les informations de leurs confrères, parfois même sans effectuer les vérifications les plus élémentaires », déplore-t-il. Au final, l’information fonctionne en « circuit fermé » et le citoyen, malgré la diversité des médias, ne dispose pas d’une information d’une grande richesse. Cédant aux logiques marketing, aux exigences de rentabilité imposées à des grands groupes de presse cotés en bourse (Dassault et la Socpresse, qui détient le Figaro par exemple), « les directeurs de rédaction donnent de moins en moins le temps aux journalistes de vérifier leurs informations, d’enquêter, ce qui a une incidence sur leur confiance dans les médias », s’inquiète Lorenzo Virgili du Rassemblement des associations de journalistes. Et en France, contrairement à l’étranger, les journaux ne sont plus détenus par des journalistes… Pourtant, « tout ce que demande le lecteur, c’est une information honnête et vérifiée », rappelle Ivan Levaï. 

Peu d’innovation éditoriale dans la presse
« Aujourd’hui, la situation de la presse est un désastre financier », lance Bruno Franceschi, directeur de Sud Ouest. Entre 2001 et 2007, le journal de Jacques Lemoîne a perdu 50 000 lecteurs. « Peut-être n’avons nous pas su évoluer et répondre aux attentes du public », explique-t-il, notant qu’il y a eu « peu d’innovation éditoriale ces dernières années dans la presse ».

Le journalisme doit se réinventer
Mais, cette situation n’est pas figée. Pour preuve, le livre que l’on dit menacé par le numérique se porte bien. Le salon du livre à Paris a connu une affluence en hausse de 20% cette année. Le journalisme est sans aucun doute à un tournant. L’arrivée d’Internet, de la presse gratuit l’oblige à se réinventer. Sortir de la crise passe nécessairement par davantage d’investissements dans la qualité, pour réaliser des enquêtes. A cet égard, Jérôme Bouvier, président de l’Association Journalisme et citoyenneté suggère que chaque journal érige sa propre charte, pour renouveller le contrat de confiance avec le lecteur. Selon lui, « nous devons porter notre fierté d’informer, avoir une culture du doute et reconsidérer l’obtention de la carte de presse, comme celui qui sait chercher l’information et non selon des critères financiers ».

Les hirondelles de la presse
Venu conclure ce débat sur le thème « quelles hirondelles pour un printemps de la presse », Alain Juppé a incité les journalistes « à ne pas céder au pessimisme ambiant. « Le métier n’est pas voué à disparaître. Le développement des médias en direct le rend encore plus indispensable ». Il cite pour exemple ces récents propos sur France culture au sujet de l’opposition du pape au préservatif, pourtant nécesaire pour endiguer le sida en Afrique. « Mes propos ont été mal repris par de nombreux sites sans aucune vérification, sans le moindre doute… », regrette le maire de Bordeaux.

Nicolas César

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