Covid-19 : les maisons de quartier de Poitiers au cœur du dispositif d’accueil exceptionnel des enfants


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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 28/04/2020 PAR Clément Bordenave, Julien Privat

 À la Maison de la Gibauderie, une des maisons de quartier de Poitiers, dès le mardi de la première semaine des vacances scolaires il a fallu que les animateurs s’adaptent aux circonstances. Le port du masque est devenu obligatoire pour tout le monde, enfants et adultes. Une situation qui détonne avec celle que les enfants connaissaient jusqu’alors à l’école où ils ne portaient pas de protections. Dans cette maison de quartier, les soignants sont à proximité immédiate du CHU de Poitiers… et peuvent déposer et récupérer leurs enfants dans les meilleures conditions. La maison de la Gibauderie fait partie des quatre maisons de quartier de Poitiers qui accueillent des enfants des personnels soignants, des forces de l’ordre, des pompiers et de la Poste, mobilisés en cette période de crise sanitaire.

Les enfants sont séparés en deux groupes allant pour le premier de la petite à la grande section et pour le second du CP au CM2. Ce mardi, ils étaient une quinzaine à être accueillis, 5 « petits » et 10 « grands ». «  Nous avons la possibilité d’accueillir 18 enfants, 8 en maternelle, et 10 en élémentaire  », précise Fanny Thomas, responsable enfance jeunesse à la maison de la Gibauderie. Des effectifs nettement plus faibles qu’en période habituelle de vacances scolaires qui frôlent la centaine d’enfants accueillis de la maternelle aux adolescents. Ce jour-là, c’est activité peinture gonflante, pour Axelle et Ewan «  Les petits jouent bien le jeu  », selon Emeline et Élodie, animatrices. Elles ont dû mettre en place des systèmes pour permettre une cohabitation sans danger entre les enfants, et cela passe d’abord par une séparation stricte de leurs affaires, «  on évite de trop manipuler les affaires des petits, on a mis en place un système avec des barquettes, différenciées par des gommettes de couleur et par leur nom. Ils ont aussi chacun leur bouteille  ». Malgré des mesures qui modifient le quotidien des enfants, les animatrices veillent au bien-être des jeunes, «  les petits gardent toujours leur masque et ils vont même s’aérer dehors quand il ne pleut pas, mais il a fallu un petit temps d’adaptation, car c’est nouveau pour eux, à l’école il n’y avait pas de masque, mais ils s’y sont faits et parfois plus rapidement que certains adultes   », confie Bruno Faye, président de la maison de quartier de la Gibauderie.

La Maison de la Gibauderie à Poitiers est située tout proche du CHU.

Une toute nouvelle organisation

Bien qu’assurer l’accueil soit une nécessité, l’organisation de la journée des enfants doit surtout répondre à toutes les mesures sanitaires mises en place. Cela passe notamment par une évolution des méthodes du centre, « on a vraiment de nouvelles façons de travailler », confie Fanny Thomas, « les animateurs établissent toujours un programme spécifique, mais on construit nos jeux en fonction des fameux gestes barrières », poursuit-elle. Une fois le jeu fini, les tables et les communs sont méticuleusement désinfectés et cela plusieurs fois par jour. Malheureusement, certaines activités ont dû être tout bonnement abandonnées, «  On ne fait plus de sortie en dehors du centre et on ne fait plus d’atelier cuisine… c’est dommage, mais nécessaire  », déplore Fanny Thomas. Les mêmes précautions sont de rigueur au moment des repas, les enfants doivent occuper une place sur deux et des portions individuelles sont préparées par la cuisine centrale de Poitiers. Mais l’accueil des enfants sur place n’est pas l’unique champ d’action du centre qui propose aussi de nombreuses activités en ligne. 

Mobilisation du personnel sur place et à distance

Tout le personnel de la Gibauderie est mobilisé, même ceux qui sont chez eux, en télétravail. Ils s’occupent des enfants confinés (des plus jeunes aux adolescents) qui ne peuvent pas profiter du centre de loisir, en proposant des activités à distance. Un programme a été établi avec des horaires. Participe qui veut. «  Nous restons connectés pour faire des activités, car cela permet de garder un lien  », explique Fanny Thomas. Les équipes de la Gibauderie vont même plus loin, ils ont édité un livret de jeu spécial intitulé «  Vacances à la maison » pour les enfants qui restent confinés de 3 à 10 ans. Dans ce guide, on peut retrouver une multitude d’activités parmi lesquelles des blind tests, des jeux de société en ligne, des quizz musicaux ainsi que de la lecture. Pour les plus manuels, le guide propose aussi des recettes de cuisine, des ateliers d’arts créatifs, de peintures…, de quoi occuper les jeunes et leurs parents pendant ces vacances (un livret téléchargeable ici). La réaction des animateurs de la maison de la Gibauderie, réjouit Fanny Thomas : « Il y a eu une adaptation de l’équipe pour proposer des choses nouvelles avec des activités différentes de ce que l’on a l’habitude de faire  ».

En plus de l’adaptation qu’exigent les mesures de distanciation sociale et les gestes barrières, les maisons de quartier doivent aussi conjuguer avec les emplois du temps du personnel soignant parfois changeants. Certaines demandes supplémentaires peuvent arriver du jour au lendemain et « il faut une certaine flexibilité », reconnaît Bruno Faye, président de la Maison de la Gibauderie. Pour  se faire, les horaires d’ouverture ont été élargis d’une heure, passant de 7 h 30 à 18 h 30 contre 8h à 18h en temps normal. Pour les demandes d’admission, c’est cependant la mairie de Poitiers qui les centralise. «  Elle dispose comme cela d’une vision générale du taux de remplissage des maisons de quartier et ça va plus vite », explique Bruno Faye, président de la maison de la Gibauderie. Toutefois, les maisons de quartier ont tenu à ce que la gratuité soit appliquée. 

Les maisons de quartier, garantes du lien social

Les maisons de quartier ont un rôle essentiel durant cette pandémie du Covid-19 puisqu’elles soutiennent et garantissent, encore plus que d’habitude, le lien social. « Nous avons fait des maraudes téléphoniques , explique Bruno Faye. Des animateurs et plusieurs bénévoles s’en sont occupés  ». Le but était de recenser les personnes dites « fragiles ». En plus des appels téléphoniques, depuis une semaine, plusieurs bénévoles et animateurs font aussi des rondes sur le terrain en respectant les gestes barrière. Bruno Faye remercie le travail des bénévoles qui représentent 6 équivalents temps plein selon lui. « La maison de quartier participe à la vie du quartier, elle fait le lien entre tous les habitants et elle donne du sens », résume-t-il 

Habituellement, en période de vacances, ce sont, à Poitiers, dix maisons de quartier qui remplissent le rôle de centres de loisirs, seulement quatre ont été mobilisées en temps de Covid-19 : celles de Saint-Éloi, de Beaulieu, de la Gibauderie ainsi qu’à la maison des Trois-Quartiers. D’autres se tenaient d’ailleurs disponibles en cas de saturation de la capacité d’accueil. L’accueil des enfants a d’ailleurs été étendu aux week-ends de 7 h 30 à 18 h 30 par des agents périscolaires de la ville de Poitiers. À l’échelle de la communauté urbaine de Grand Poitiers, soit 39 communes, trois accueils de loisirs ont ouvert leurs portes durant les vacances de printemps pour accueillir les enfants des personnels soignants sur les communes de Sèvres-Anxaumont, Lusignan, et Chauvigny.

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