Covid-19 : pour Aurélien Leroy, responsable régional de Pôle Emploi, il faudra « continuer à s’adapter »


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Publication PUBLIÉ LE 03/04/2020 PAR Romain Béteille

@qui.fr – De récents chiffres de la Dares, la direction des statistiques du ministère du Travail, précise que le nombre d’entrées en formation des demandeurs d’emploi a diminué de 56% la première semaine de confinement par rapport à la même période l’année précédente. Les entrées en contrats aidés, elles, ont baissé de 67% entre la première et la seconde quinzaine de mars. Ce constat est-il le même au niveau régional ? Qu’en-est-il au niveau des recrutements ? 

Aurélien Leroy, directeur de la stratégie et des relations extérieures à Pôle Emploi Nouvelle-Aquitaine – Par rapport à la formation, on a décidé de continuer à assurer la rémunération des demandeurs d’emplois en formation. Pour celles qui peuvent être suivies à distance comme pour le commerce, le numérique, le marketing, la création d’entreprises par exemple, les contenus et les organismes ont pu s’adapter et basculer en formation à distance. Il y a des formations qui, à l’inverse, nécessitent un présentiel, du matériel qu’on ne peut pas avoir chez soi. Certains organismes de formation sont en train de s’adapter mais pour ceux pour qui ce n’est pas possible, les formations seront reportées. Pôle Emploi propose également 150 nouvelles formations à distance gratuites qui sont sur les fonds du PIC sur les métiers du numérique, de la vente et les métiers de bouche.

On a une baisse qui est dans les mêmes proportions que dans les chiffres nationaux, mais c’est le temps que les acteurs s’adaptent. De la même façon, pour les entreprises, on a augmenté notre capacité de réponse par téléphone et en étant plus réactifs envers les entreprises qui nous postent des offres d’emplois, notamment dans les secteurs qui ont des besoins urgents. Pour l’instant, nous sommes prudents sur l’interprétation du mois de mars mais évidemment, il y a eu beaucoup moins d’offres d’emploi sur le mois. On a des recrutements qui sont ciblés sur l’agriculture, notamment dans l’asperge ou le kiwi. On a aussi des exploitants qui nous disent aujourd’hui qu’ils ont des incertitudes sur l’écoulement de leur stock, mais la filière est en train de s’adapter avec de nouveaux réseaux de distribution. On va observer ça en avril pour voir comment les choses évoluent. 

Le secteur du tourisme est préoccupant parce que les recrutements se déroulent traditionnellement dans la période actuelle. Nous aussi de la demande sur le sanitaire et social. Pour ce qui est de la construction, du commerce, de l’hébergement-restauration, on est en repli. Les entreprises n’ont eu d’autre choix que de s’arrêter dans un premier temps, elles vont maintenant adapter leurs besoins en main d’œuvre dans les semaines à venir. C’est trop tôt de citer celles qui sont en train de rebondir, mais il faudra identifier rapidement les secteurs qui auront des besoins urgents mais aussi d’autres qui seront face à des phases difficiles, d’où la mise en place des mesures d’activité partielle pour conserver leurs compétences. On aura un suivi précis des conséquences individuelles de ce chômage partiel sur les demandeurs d’emploi. Sur les inscriptions, on ne perçoit aujourd’hui pas de hausse forte (+20 000 inscriptions la troisième semaine de mars selon la ministre du Travail, Muriel Pénicaud) mais ça fait partie des scénarii possibles, que ce soit sur cette phase transitoire ou sur une phase plus longue. La seule certitude que l’on a, c’est qu’il va falloir que l’on continue à s’adapter.

@qui.fr – Aujourd’hui, l’accueil physique des agences Pôle Emploi est fermé. Le 15 mars dernier, toutefois (date de l’annonce de nouvelles mesures de fonctionnement), l’accueil physique en agence restait possible pour les cas « urgents ». Dans plusieurs régions, notamment l’Île-de-France, des représentants syndicaux ont voté des droits d’alerte pour « danger grave et imminent ». De quelle manière se sont réorganisés les agents dans la région ? Qu’en-est-il aujourd’hui ?

A.L – Traditionnellement, dans la région, nous avons environ 5000 visites par mois dans nos agences et 570 000 demandeurs d’emplois qui s’actualisent chaque mois. On a eu deux défis à relever. Le premier, c’était d’assurer la continuité du service public. On a donc défini les services essentiels à rendre dans cette période. Le deuxième, c’était de pouvoir appliquer les mesures sanitaires et contribuer à l’effort de confinement, à la fois pour les usagers et nos collaborateurs. Ça voulait notamment dire permettre aux usagers de ne plus se déplacer en agences. On a donc dû réorganiser notre délivrance de services de façon à permettre aux demandeurs d’emplois de ne plus avoir à se déplacer.

Il y a eu une évolution du dispositif sanitaire et opérationnel qu’on a mis en œuvre pour suivre les décisions du gouvernement. Les mesures barrière ont été diffusées chez nous dès fin février et ont été renforcées par une mesure de distanciation d’un mètre. Dès le passage au stade 2 de l’épidémie, on a apporté des dispositions complémentaires, notamment dans les zones de propagation rapides que sont le Grand Est et l’Île-de-France. On a pris des mesures en interne pour les salariés pour qu’ils puissent avoir un confinement, notamment ceux qui présentaient un risque sanitaire. On a également pris toutes les mesures pour les parents qui étaient confrontés à la garde d’enfants. Nous avons adapté notre organisation en fonction des différents stades de la crise. Évidemment, quand on est arrivés au stade 3, on a dû se réorganiser pour permettre à nos usagers d’éviter de se déplacer en agences.

Ça voulait dire être en capacité de leur répondre à distance par téléphone, par mail ou via l’espace personnel. On a également contacté tous les demandeurs d’emplois qui avaient l’habitude de venir en agence, notamment pour l’actualisation, pour faire la démarche avec eux à distance. La présence que nous avons en agences est extrêmement réduite et permet essentiellement de traiter les pièces justificatives que l’on reçoit par courrier. Sur certaines agences urbaines, l’habitude d’envoyer ces pièces par courrier est très faible. Cependant, c’est le cas dans certaines zones. Pour le télétravail, on avait déjà souhaité doter le maximum de nos collaborateurs d’ordinateurs portables, c’était plutôt une anticipation du besoin, demain, de travailler dans des lieux différents. 

@qui.fr – Tous les demandeurs d’emploi, y compris ceux arrivant en fin de droit après le 1er mars, ont jusqu’au mercredi 15 avril à minuit pour actualiser leur situation pour permettre aux indemnisés de continuer à percevoir leurs allocations. Pour ceux arrivant en fin de droit, le Gouvernement, parmi les mesures annoncées, a prolongé les droits à l’ARE (Aide Retour à l’Emploi) et à l’ASS (Allocation de Solidarité Spécifique) pendant la période de confinement. Plusieurs syndicats avaient demandé à ce que cette actualisation soit automatique pendant cette même période…

A.L – L’actualisation a en effet lieu depuis le 28 mars. La très grande majorité de demandeurs d’emplois le font de manière dématérialisée. La période d’actualisation se déroule très bien, on est à 60% en Nouvelle-Aquitaine, ce qui est beaucoup plus que d’habitude à la même période. Si on se rend compte qu’il y a un pourcentage, même minime, de demandeurs qui ne s’actualisent pas et qu’on se rapproche de la date de fin, on refera de nouvelles démarches vers eux pour s’assurer qu’il n’y a pas un défaut d’information de leur part. On n’a pas d’alerte pour l’instant sur le dépassement de la période prévue, mais on mobilisera les moyens nécessaires. Il y a effectivement eu une demande pour que cette actualisation soit automatique, ce n’est pas le choix qui a été fait. Il n’y avait pas raison de faire différemment même si nous avons dû mobiliser des moyens différents pour le faire. Pour l’indemnisation, nous n’avons pas de retard en Nouvelle-Aquitaine, le processus se déroule conformément à d’habitude. Le prolongement des droits se fait de façon automatique, sous réserve que vous vous soyez actualisé, mais il n’y aura pas de démarche supplémentaire ou nouvelle à faire de la part des demandeurs d’emplois.

L’info en plus : L’actualisation des demandeurs d’emploi se fait en ligne sur le site pole-emploi.fr, l’application mobile « mon espace » ou par téléphone au 39 49 (questions automatiques). Pour avoir plus de détails sur les nouvelles formations gratuites en ligne, rendez-vous ici.  Enfin, l’organisme a mis à disposition une « foire aux questions » à cette adresse.

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