Quand les Universités de Bordeaux et Chicoutimi planchent sur l’éthique et le développement durable…


Aude Lucas
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 21/02/2014 PAR Aude Lucas

Les acteurs du développement durable étaient au cœur des échanges de la séance plénière dédiée à la place de l’éthique appliquée dans la co-construction d’une transition vers un développement durable sur l’ensemble de la planète. Les acteurs sont aujourd’hui considérés, selon Ian Segers et David Tremblay, soit comme des acteurs forts soit comme des acteurs faibles. Figurent parmi les acteurs forts, les êtres humains, les humains contemporains et les pays du Nord ; auxquels on oppose respectivement la nature et les autres êtres vivants, les générations futures et les pays du Sud. 

Un développement durable entre raison et altruismeFace à cette opposition binaire des acteurs, comment «redéfinir collectivement les valeurs adaptées à la complexité d’aujourd’hui et prendre les meilleures décisions ?» La construction d’un «avenir commun sans opposition drastique entre acteurs forts et acteurs faibles» revendiquée par David Tremblay nécessite d’intégrer tous les acteurs et les réflexions – scientifique, technique, citoyenne, éthique – dans la construction de la transition. Dans cette nouvelle ère géologique qu’est l’Anthropocène – caractérisée par l’influence majeure de l’Homme sur l’environnement terrestre – Ian Segers soulève deux points essentiels : d’une part, la nécessaire reconnaissance de l’altérité car «la diversité culturelle cultive la diversité de nos pensées.» D’autre part, l’importance de «donner du sens aux connaissances scientifiques pour les orienter vers une dimension éthique». Comprenons que c’est sur ces éléments éthiques que nous devrions fonder nos actions en faveur d’une démocratie participative.

L’homme, en tant qu’être pensant, supposé conscient de ses responsabilités, a «le devoir d’assurer la pérennité de la vie». C’est sur cette conscience d’une responsabilité envers tout autre être vivant que les deux éco-conseillers fondent le développement durable. Fabienne Brugère, elle, doute de cette vertu et n’oublie pas de faire référence à Adam Smith, pionnier du libéralisme, pour rappeler que «la nature humaine est tout autant altruiste qu’égoïste.»

Une nécessaire transversalitéLes deux éco-conseillers rappellent que depuis les années 70, les concepts de responsabilité sociale des entreprises, d’économie verte, de gouvernance qui gravitent autour du développement durable, adopté lors de la Conférence de Rio en 1992, ont progressivement intégré de nouveaux acteurs : gouvernements, scientifiques, ONG, entreprises et plus récemment les consommateurs. Il s’agit d’étapes vers un «développement durable intégré». Ian Segers qualifie cette expression de pléonasme dû à la «mécompréhension du terme, trop souvent associé à l’environnement» et laissant de côté d’autres dimensions nécessaires à la transversalité du concept. Pour les deux professionnels de la recherche, «l’intégration doit se faire à tous les niveaux, en considérant l’ensemble des dimensions impliquées»; ils proposent ainsi un modèle de développement durable qui n’inclue pas seulement les trois dimensions conventionnelles – l’économique, le social et l’environnemental – mais aussi trois dimensions complémentaires – l’éthique, «comme moyen de se relier aux autres humains et à la nature», l’équité intra et intergénérationnelle et la gouvernance. 

Développer une démocratie participativeLa Chaire, porteuse de la Licence professionnelle «Chargé-e de projets en solidarité internationale et développement durable» mène depuis deux ans une réflexion sur l’enseignement des approches participatives aux acteurs du développement durable. Dans cette perspective qui suppose une responsabilité collective, Fabienne Brugère fait une proposition: que la politique joue son rôle d’impulsion de l’action citoyenne. Parallèlement, Ian Segers, met en garde contre «l’effet démobilisateur de la participation» lorsqu’elle ne confère aucun pouvoir de décision aux citoyens. 

Les échanges, marqués par la pensée philosophique, se sont poursuivis sur l’inertie politique mais aussi citoyenne, liée, selon une auditrice, à la dimension soit-disant future des enjeux du développement durable. Or, les conséquences de nos actes sont déjà perceptibles et malgré la disponibilité et l’accessibilité des technologies qui permettent d’entreprendre et d’évaluer nos actions en faveur de cette transition, Ian Segers déplore la «résistance profonde à {engager cette nécessaire} transition».

(1)Voir Chaire UNESCO Bordeaux et Chaire UNESCO Bordeaux Montaigne
(2)Voir Chaire en éco-conseil de l’UQAC

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
On en parle !
À lire ! SOCIÉTÉ > Nos derniers articles