Deux médecins espagnoles pour lutter contre le désert médical dans le Nord Dordogne


Claude-Hélène Yvard
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 15/10/2013 PAR Claude-Hélène Yvard

Plus de médecins généralistes pour un canton de 6 000 habitants, situé à une heure de route de l’hôpital le plus proche. C’est ce que redoutait la commune de Piégut Pluviers, 1 300 habitants. Ce secteur a l’un des taux de densité médicale le plus bas de toute la région Aquitaine. Contrairement aux autres départements de la région, le Lot-et-Garonne et la Dordogne sont particulièrement touchés par le phénomène de désertification médicale. En Dordogne, 50 % des généralistes sont âgés de plus de 50 ans. Les départs à la retraite s’accélèrent et les nouvelles installations ne suffisent pas à enrayer la tendance. Conscients de ce problème majeur, la municipalité de Piégut a planché pendant des mois pour trouver une solution. « Nous avons acquis deux pavillons que nous avons transformé en maison médicale. Notre volonté était de réunir toutes les conditions pour qu’un jeune médecin généraliste puisse s’installer. Il était essentiel aux yeux de toute l’équipe municipale, qui s’est fortement mobilisée sur ce dossier, de garantir l’accès au soin sur notre territoire rural, » explique Didier Vignal, le maire de Piégut. La municipalité a acquis le bien immobilier pour un montant de 210 000 euros, auxquels s’ajoutent les aménagements intérieurs et l’acquisition du matériel. Le médecin n’avait qu’à poser ses valises. « Pour trouver un médecin, on a beaucoup galéré. Nous avons passé plus de 700 annonces, dans la presse professionnelle, par internet… Nous avons eu peu de candidats. Nous avons travaillé en partenariat avec le conseil de l’ordre et la sécurité sociale. »

De bonnes conditions de travailC’est finalement une agence spécialisée qui a mis en relation la mairie et deux jeunes médecins espagnoles. Depuis le 7 octobre, Maria Jose Martin Médina, 33 ans, est le nouveau généraliste du village. Avec ses deux filles de 3 ans scolarisées à l’école de la commune, elle arrive d’Andalousie. Pour s’installer, elle a reçu l’aval du Conseil de l’ordre. « En Espagne, les médecins exercent sous statut salarié. Avec la crise économique, un médecin ne peut pas gagner correctement sa vie. J’ai exercé à Barcelone mais les salaires sont très bas. J’avais envie de changer de vie. L’accueil a été chaleureux. La Dordogne, je ne connaissais pas du tout mais ici ce sont de très bonnes conditions qui m’ont été proposées, » indique t’elle s’exprimant dans un Français quasi parfait.
La commune a mis à sa disposition le cabinet et aussi un logement communal. Elle est exonérée de loyers pendant un an. La première semaine, la jeune femme a reçu sept patients, c’est peu. La deuxième semaine se déroule beaucoup mieux : les patients arrivent peu à peu, mais il faudra du temps pour fidèliser la patientelle. La jeune femme a encore des difficultés avec les aspects administratifs.  Elle est aidée par une secrétaire médicale. Il lui faudra du temps pour se familiariser avec le territoire. Durant les trois premiers mois d’exercice, elle sera exemptée de garde.

Maria Jose Martin Medina devrait être bientôt rejointe par une jeune consœur, maman de deux enfants, déjà scolarisés sur Piégut. « C’est une question de jours, précise Didier Vignal. La municipalité qui a considérablement investi dans ce dossier espère que les deux jeunes femmes resteront. Mais rien ne les y oblige. « Nous voulons croire en cette maison de santé : le carnet de rendez vous du dentiste, originaire des Hautes Alpes et installé depuis un mois, ne désemplit pas. 
Pharmacien de profession et soucieux des questions de santé publique, le maire souhaite voir d’autres projets aboutir sur ce territoire rural : le recours à la télémédecine ou encore la création d’une antenne du SMUR à Nontron, à un quart d’heure de route de Piégut.

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