« Eloge de la censure: les journalistes doivent-ils tout raconter? »


Ombeline de Fournoux
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 19/10/2013 PAR Ombeline Defournoux

“Un journaliste digne de ce nom tient le scrupule et le souci de la justice pour règles premières », peut on lire dans la Charte du journaliste adoptée en 1918. Celle-ci est née en réaction à la censure et au“bourrage de crâne” selon l’expression d’Albert Londres, qui ont lourdement pesé sur la presse pendant la guerre.  Le pouvoir l’utilisait comme outil de propagande et servait ainsi ses interérêts.

Aujourd’hui, on peut voir une autre forme de puissance qui s’impose aux medias: l’argent, à travers l’actionnariat, le rachat de groupes de presse par des grandes entreprises.  Jeff Bezos, le fondateur du géant américain du commerce en ligne Amazon vient par exemple de racheter le « Washington Post » pour 250 millions de dollars. Cette acquisition permet de redonner de grands moyens au prestigieux quotidien américain qui était en grandes difficultés financières.  “Ne faisons pas de conclusions hâtives sur le pouvoir des actionnaires dans le contenu médiatique. N’oublions pas qu’un journal est une collectivité. Au Monde par exemple, une charte d’éthique et de déontologie permet de protéger la ligne editoriale du journal.”, explique Nathalie Nougayrède, la nouvelle directrice du quotidien français.

“La presse est un Empire sans empereur” s’inquiète Jean-Claude Guillebaud. Selon lui, les médias n’ont plus la possibilité de choisir ce qui est diffusé ou pas. L’appareil médiatique est devenu une grosse machine que plus personne ne contrôle et qui mobilise de nombreux acteurs différents: journalistes, bloggueurs, réseaux sociaux… Le journaliste a donné en exemple la diffusion des images de la pendaison de Saddam Hussein le 31 décembre 2006.  Si de nombreux médias, par éthique, ont refusé sa divulgation, cette video filmée d’un téléphone portable a fait le tour du monde en quelques heures grâce à internet. Jean-Claude Guillebaud appelle d’ailleurs à une refondation radicale du métier de journaliste concurrencé par les bloggueurs et autres communicants.

 Une censure légitime et même nécessaire

L’abstention, le fait de ne pas dire et de ne pas faire peut paraître paradoxal, surtout après avoir lutté pendant des années contre la propagande et la censure. Pourtant, il semblerait qu’elle a toute sa place et est même appréciée. La censure est légitime par exemple dans le cadre de la protection des sources. Il s’agit alors d’un principe de précaution: protéger les personnes qui restent sur le terrain pour éviter les représailles à la suite de reportages par exemple. Cependant, pour Nathalie Nougayrède, la véritable et désirable abstention est celle qui évite de diffuser de façon trop hâtive des informations fausses. Selon elle, il s’agit alors plus d’un souci de justesse, de précision que d’abstention. La directrice du Monde a insisté sur la vérification des informations, travail capital du journalisme sérieux et crédible.

“Je ne pense pas qu’on doit tout dire mais je pense qu’il faut dire tout ce que l’on peut.” a conclu Yves Harté.

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