Eskola Futura veut former les futurs professeurs de primaire en langue basque


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 03/09/2018 PAR Romain Béteille

Une rentrée singulière

En ce jour de rentrée, un groupe très particulier d’étudiants est retourné sur les bancs de l’école. Il s’agit de onze jeunes issus des Université d’Euskadi et de Navarre, au Pays Basque sud, venus suivre une nouvelle formation spécifiquement dédiée aux étudiants souhaitant passer le concours CRPE (concours de recrutement de professeur des écoles) pour enseigner le basque en école primaire publique. Un cursus qui nécessite à la fois une maîtrise du basque et du français. Baptisé Eskola Futura, il a été mis en place (via des partenariats entre les différentes universités) par l’Eurorégion Nouvelle-Aquitaine Euskadi-Navarre et se décline sous la forme d’une formation linguistique intensive.


Arola Urdangarin, responsable des appels à projets Nouvelle Aquitaine -Euskadi – Navarre pour l’Eurorégion, nous explique les motivations de ce nouveau cursus imaginé en 2016 et dont la première promotion fait sa rentrée cette année, à la fois au sein de l’Université Bordeaux Montaigne et à Biscaye (onze étudiants issus de la région Nouvelle Aquitaine y sont aussi formés). « Dans les écoles primaires du Pays Basque français, on constate un manque de professeurs, l’offre formative en basque dans les écoles publiques n’arrête pas d’augmenter mais on manque de profs pour pourvoir ces postes là. En règle générale, le concours CRPE spécifique à la langue régionale basque offre une quinzaine de postes par an mais il n’y a pas suiffisamment de candidats qui se présente ».

Des effectifs à combler

Cette pénurie de professeurs, dans le public comme dans le privé, n’est en effet pas nouvelle. Le 31 août dernier, avant le mouvement organisé en ce lundi de rentrée devant 36 écoles, environ 300 manifestants (essentiellement des employés et des professeurs) représentants de la fédération des écoles basques ont dénoncé (en se bousculant un peu) le manque de postes en langue basque accordés par l’Education Nationale dans les locaux de l’inspection académique de Pau. Ce mouvement est lui-même une réplique d’une manifestation bien plus importante (qui a mobilisé environ 6000 manifestants) dans les rues de Bayonne en mai. A l’appel de Seaska, la fédération des écoles en langue basque, familles, enfants et enseignants ont battu le pavé, toujours pour dénoncer ce manque d’effectif face à une augmentation du nombre d’élèves (230 élèves supplémentaires étaient attendus à la rentrée dans les écoles en langue basque).

Si Eskola Futura n’est pas une réponse directe de l’Eurorégion à cette problématique puisque la formation ne concerne que les écoles primaires publiques, elle semble en tout cas tenter d’apporter sa pierre à l’édifice. Elle n’a pour cela pas été chercher n’importe quels étudiants, comme le détaille Arola Urdangarin. « On est allés chercher des étudiants ayant fait une licence de Magister en Euskadi à Navarre pour les former en français et les préparer pour pouvoir passer ces concours ». Avant de pouvoir s’y atteler, ils bénéficieront donc d’une formation « sur-mesure », la première année au sein de l’Université Bordeaux Montaigne, la seconde en Master 1 à l’antenne de Pau de l’Ecole Supérieure de Professorat des Ecoles (ESPE). Paul et Sofia font partie de cette première promotion d’élus. Arrivés sur le campus il y a quelques jours à peine,  ils ont tous les deux déjà effectué un stage de deux semaines dans une école primaire, l’un en février dernier et l’autre il y a deux ans. Si Sofia a déjà bénéficié du dispositif Erasmus, c’est en revanche la première fois qu’ils effectuent ce genre de formation intensive dans le but d’intégrer un futur poste d’enseignant au Pays Basque français.


Dans le détail, la formation, qui démarre le 14 septembre, est constitué de 252 heures d’apprentissage de l’écrit et de l’oral, de 144 heures de modules culturels (affaires, tourisme, littérature, civilisation, théâtre, chanson, art, cinéma ou médias), des ateliers de conversation par groupes de cinq et un module spécifiquement dédié à la préparation du concours. Tous les étudiants intégrés au sein d’Eskola Futura ont par ailleurs droit à une indemnité de 600 euros mensuels pendant les vingt mois de la formation, dédiée notamment aux frais de transports, d’hébergement et de nourriture mais couvrant aussi les frais d’inscription et de formation avec un suivi personnalisé au sein des différents établissements. Le concours n’est pas prévu avant la troisième année, mais l’Eurorégion a clairement manifesté son intérêt de renouveler l’expérience si cette dernière venait à porter ses fruits.

L’initiative, coûtant environ 600 000 euros dont 400 000 financés par le biais  de POCTEFA, un fonds spécifique FEDER (attribué dans le cadre de l’Union Européenne), est également très politique et fait partie des partenariats étroits tissés entre la Nouvelle Aquitaine et le Pays Basque. « C’est une formation spécifiquement créée pour ces étudiants. Ils vont avoir un suivi important (…) On a une volonté forte, à la fois politique et institutionnelle, de pérenniser ces formations transfrontalières et la mobilité des étudiants entre les différentes universités ». En attendant la rentrée officielle, les onze étudiants vont bénéficier d’une première remise à niveau et de plusieurs visites culturelles pendant deux semaines comprenant notamment une visite guidée de Bordeaux avec un travail de recherche à fournir, une visite à la Cité du Vin (avec dégustation, évidemment), un atelier de chefs autour du patrimoine régionale ou un petit détour par Lascaux 4 et le musée d’Aquitaine. Une manière plutôt sympathique de se mettre dans le bain.

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