Fabienne Brugère en appelle à une « politique du soin et de l’accompagnement »


aqui.fr
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 25/11/2013 PAR Lise Gallitre

Mis au point aux Etats-Unis dans les années 1980, le concept philosophique du « care » (le soin en français) constitue, depuis maintenant plusieurs années, l’un des thèmes majeurs de la pensée de Fabienne Brugère. Dans « L’éthique du care » en 2011 et dans « La politique de l’individu » en octobre dernier, elle place l’individu au centre de sa réflexion et conçoit l’Etat comme un ensemble de politiques et de systèmes qui, au-delà de protéger l’individu, l’aiderait à se réaliser. Interrogé par Denis Retaillé sur le renouveau de ses travaux depuis 2008, date à laquelle elle est devenue Présidente du Conseil de développement durable de la Communauté Urbaine de Bordeaux, elle a evoqué un évident changement: « cette responsabilité a beaucoup changé ma conception de la philosophie; ce poste m’a donné un terrain concret, il m’a confrontée à une expérience à la fois économique, sociale et culturelle et de ce fait, la place de l’individu et le rôle nécessaire de l’Etat sont désormais au coeur de ma réflexion ».

« Il faut un Etat social adapté à la société d’aujourd’hui » A l’heure où les questions de la vulnérabilité, de l’isolement et de la solitude sont régulièrement évoquées par les politiques, la philosophie du « prendre soin » chère à Fabienne Brugère fait irruption dans le débat public et conduit à une remise en question du rôle et du devoir de l’Etat. Pour reprendre les mots de cette dernière, « Il faut aujourd’hui penser le rôle de l’Etat autrement, il faut un Etat social adapté à la société d’aujourd’hui; ce renouveau étatique ne doit pas être perçu comme ne s’adressant qu’aux personnes dites en position de vulnérabilité mais bien comme un accompagnement, un soutien à l’égard de ceux et celles qui, bien qu’intégrés socialement, ont besoin de l’autre pour s’accomplir et se réaliser ». Selon elle, « l’horizontalité du lien social » doit être mise en oeuvre et préférée à « la trop fréquente verticalité », afin que tout un chacun ne soit plus confronté aux obstacles de l’individualisme et du « chacun pour soi ». Enfin, interrogée sur d’eventuelles solutions concrètes et immédiates allant contre cette idée d’isolement et de non-accompagnement, Fabienne Brugère a loué le travail associatif qui, à l’échelle locale ou nationale, était « aujourd’hui l’un des moyens les plus efficaces et les plus aptes à créer un bien-être collectif ».

Fabienne Brugère, La politique de l’individu, Editions du Seuil, 2013

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
On en parle ! Gironde
À lire ! SOCIÉTÉ > Nos derniers articles